Plus encore que pour la qualité d’un catalogue que l’on a déjà largement évoqué dans ces pages, c’est sans nul doute pour le défrichage scénique de son festival Riddim Collision que les lyonnais amateurs de dub métissé, d’électro noisy ou de hip-hop déviant apprécient tant leur label Jarring Effects.
Et s’il n’y a pas à proprement parler de collision transgenre au programme des festivités implantées cette année au Marché de Gros (rue Vuillerme, Lyon 2ème), de belles soirées "à thème" sont néanmoins annoncées du 1er au 3 octobre sur le site dédié à cette 11ème édition, parallèlement aux spectacles vivants et aux conférences qui débuteront dès l’ouverture le 28 septembre :
une Noise Experimental Party le 1er avec les maîtres finlandais de l’électro minimale Pan Sonic, particulièrement rares sur scène, Orka qui accueillera dans ses rangs Yann Tiersen comme aux Transmusicales de Rennes en décembre dernier, le pionnier de l’expérimentation mécanique Pierre Bastien (collaborateur notamment dans les années 70 de Robert Wyatt ou Pascal Comelade) et enfin le duo Von Magnet auteur chez Jarring Effects l’an dernier du ténébreux et troublant Ni Prédateur Ni Proie, album inégal mais prenant aux atmosphères cinématiques teintées d’influences latines ou arabisantes.
une Riddim Dub Collision le lendemain avec du live sur la scène 1 que l’on vous conseille ne serait-ce que pour la drum’n’bass efficace et le dub subtilement luxuriant des héros locaux d’High Tone, et un sound system en parallèle sur la scène 2.
et enfin une Electronics vs. Hip-Hop Night particulièrement attendue en clôture le 3, où le combat sera mené à distance avec d’un côté sur la scène 2 les abstractions groovesques du californien k-the-i ??? (impressionnant chez Big Dada l’an dernier avec son futur classique de l’électro/hip-hop Yesterday, Today & Tomorrow ), les évocations urbaines tendues et inquiétantes du new-yorkais Oddateee débarqué chez Jarring Effects en début d’année avec l’édition française d’ Halfway Homeless, deuxième opus parrainé par Dälek en personne, le rap féroce de Bleubird déjà croisé chez Sole et dont on peut télécharger gratuitement quelques EPs ici, le post-grime menaçant du sud-africain Ben Sharpa ou encore les frenchies champions du monde de beatbox Under Kontrol. De l’autre néanmoins il sera difficile de passer à côté de Stefan Betke aka Pole, génie allemand de l’électronica impressionniste et du dub minimal dont on chroniquait en 2007 le superbe Steingarten, entouré notamment des anglais Si-Begg (fondateur emblématique de la Noodles Foundation), Bogdan Raczynski (connu pour sa collaboration avec Björk sur le morceau Who Is It extrait de Medúlla ) et Harmonic 313, décevant sur album cette année chez Warp mais qu’on attend au tournant sur scène.
Pour le reste, avec un pass 3 jours à 30 euros et des préventes à 15 euros par soirée, Jarring Effects reste fidèle à sa ligne de conduite : du plaisir et de belles découvertes à la portée de tous.