Eels - Eels Time !
Toutes les bonnes choses ont une fin. Fan de Eels depuis son premier album, un Beautiful Freak aussi efficace qu’immédiat, glacialement séduit par le sommet Electro-Shock Blues, accompagné par l’agréable Daisies of the Galaxy et transporté par un Souljacker plus brut avant d’observer un léger mais certain déclin avec les très bons Shootenanny , Blinking Lights & Other Revelations et un Hombre Lobo révalué à la hausse avec le temps (peut-être du fait de la moindre qualité de ses successeurs), cela fait bien longtemps qu’un disque de Eels n’a pas réellement emballé votre serviteur. Onze ans, pour tout dire, et un Wonderful, Glorious qui n’avait pas la grâce des débuts mais emportait toutefois la mise grâce à des compositions efficaces et une énergie retrouvée.
1. Time
2. We Won’t See Her Like Again
3. Goldy
4. Sweet Smile
5. Haunted Hero
6. If I’m Gonna Go Anywhere
7. And You Run
8. Lay With The Lambs
9. Song For You Know Who
10. I Can’t Believe It’s True
11. On The Bridge
12. Let’s Be Lucky
Le problème, c’est que depuis Hombre Lobo en 2009, Eels a sorti la bagatelle de huit albums. Avec de belles surprises (Wonderful, Glorious, donc, et The Deconstruction), des disques sympathiques (Earth to Dora et Tomorrow Morning), mais aussi des albums sans intérêt majeur sur lesquels l’Américain se pastiche lui-même (The Cautionary Tales of Mark Oliver Everett, End Times) et même un désastre absolu avec le récent Extreme Witchcraft sorti en 2022 et pourtant alléchant au moment du teasing qui en faisait, production de John Parish aidant, le successeur de Souljacker. Un Souljacker bien poussif, alors.
Et donc, ce Eels Time ! sort en 2024, après une opération à coeur ouvert qui l’a sauvé d’une probable crise cardiaque - E n’aura pas manqué de soulever l’ironie du destin : c’est probablement l’arrêt cardiaque de son père, le physicien Hugh Everett, et la surveillance rapprochée dont il a fait l’objet, qui lui a sauvé la vie - et l’artiste justifie ce disque par le fait que "le fluide de la créativité circule toujours".
Soit. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, disions-nous en introduction. Il faut se rendre à l’évidence. Plus jamais Eels ne sortira de chefs-d’oeuvre du calibre des quatre premiers disques. Cela sonne comme une évidence mais, pour un fan devant l’éternel, il aura fallu près de dix albums ronronnants pour l’admettre.
Mais alors, Eels Time ! est-il un mauvais disque ? Assurément, non. Il est même bien plus honorable que son horrible prédécesseur et se classe (presque) au niveau d’un Earth To Dora. Il est donc un tout petit peu mieux qu’insignifiant. Certes, on y trouve de chouettes morceaux comme Sweet Smile, Time ou And You Run, mais n’a-t-on pas entendu cette rythmique, cette ligne de guitare, ces ruptures et intonations vocales des dizaines de fois dans le répertoire de Eels ?
Finalement, une petite brochette de titres comportant une (fine) once d’audace permet de sortir Eels Time ! de la monotonie, qu’il s’agisse d’un We Won’t See Her Like Again difficile à classer (et en ce sens intéressant) entre la ballade et le single mélancolique, un Goldy dynamique qui constituerait une version tout à fait honorable de Souljacker produite par le sexagénaire qu’il est, s’offrant même le luxe de rappeler Sparklehorse dans les choeurs, et If I’m Gonna Go Anywhere qui ressuscite une dose de mystère, comme le faisait Eels sur son dernier (vrai) bon album, The Deconstruction.
Bref, Eels Time ! est un disque acceptable et honorable, à l’inverse d’Extreme Witchcraft, mais aurait-il généré un intérêt quelconque s’il avait été produit par un anonyme ? La réponse est contenue dans la question. Après son opération chirurgicale, Mark Oliver Everett est en vie, et c’est une excellente nouvelle tant le personnage est attachant et a déjà eu son lot de malheurs pour plusieurs vies. La (grande) dose de génie qu’il distillait sur chacune de ses sorties est, elle, absente depuis bien longtemps.
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