Calc - Dance Of The Nerve
Elliott Smith n’écrira plus jamais de nouvelles chansons, Calc gagne haut la main le concours de la pire pochette de l’année, et en toute sincérité je ne suis pas le chroniqueur rêvé ... et pourtant.
1. Bad Actor
2. Cooking Blood
3. Old Enemies
4. Algebrasong
5. Avalon By Night
6. Hide & Sick
7. Swing Gang
8. Orion & Helios
9. Set Sail
10. Rubber Dolls
On est nombreux en France, du 10 au 30, à se dire que les fins de mois sont difficiles. Et les bordelais de Calc avec ce 6ème album ont probablement tout sauf des stratégies mercantiles. On ne remuera pas le couteau dans la plaie qu’est la pochette et on ne les remerciera jamais assez eux et leur label Vicious Circle de nous avoir mis en écoute des extraits de l’intégralité de l’album. Car au final, investir quelques copecs dans cet album n’était absolument pas nécessaire pour vivre mais indispensable pour se reprendre un sacré paquet d’émotions qu’on aurait pu voir disparaitre à la mort d’Elliott Smith. Et que serait la vie sans ces frissons ?
Comme je le disais en introduction, je suis plutôt mal placé pour parler de Calc. Entre un concert auquel j’ai assisté il y a 4 ans en première partie de Venus et Tindersticks qui m’avait laissé totalement indifférent et une discographie conséquente à laquelle je n’ai du coup pas prêté attention, je ne découvre finalement le songwriting de Julien Pras qu’aujourd’hui. Je peux même avouer ici combien je chéris les albums d’Elliott Smith. Et pourtant, il ne faudra pas compter sur moi pour dire qu’il a eu le temps de faire l’album parfait. Certes du génie il y en a avec quelques morceaux d’une beauté incommensurable (Son Of Sam, Waltz #2), et c’est un peu ça qu’on retrouve dans le Dance Of The Nerve de Calc. Voilà pourquoi j’ai décidé de ne pas rater l’occasion d’en parler sans regret et avec force.
Comprenez bien que dès la première écoute, vous allez tomber sur 2 morceaux impeccables et immédiats : Bad Actor et Algebrasong. J’entends encore mon fils râler tellement ces titres tournent en boucle à la maison. La bande FM est bien connue pour ses méthodes de matraquage mais quand la pop est aussi belle, je ne me gêne pas pour en faire autant à domicile. Du coup, la deuxième salve sera envoyée avec le Grandaddyesque Avalon By Night suivi d’un Hide & Sick qui se révèle lui aussi de toute beauté. Et comme de nos jours les gamins ont la tête dure, la petite pointe d’énergie de Cooking Blood mariée au doux psychédélisme de Orion & Helios devrait suffire à ramener les enfants, qui auraient grandi jusqu’à aujourd’hui bien trop loin des Beatles et des Boo Radleys, à la raison. Le reste, c’est de la routine, de la très bonne routine toujours merveilleusement arrangée par le producteur Xavier Boyer (Tahiti 80, Axe Riverboy) accompagné de Pedro Resende et qui se révèlera au fil du temps, même si c’est déjà fait entre-nous soit dit avec Set Sail. La justesse de cet album tient également dans le nombre de morceaux, 10 au total. Suffisamment pour qu’on appelle ça un album, pas assez pour que j’en fasse moins de 3 fois le tour par jour depuis son achat.
Il reste tout de même de nombreuses questions auxquelles je ne sais répondre. Comment alors que la formation bordelaise fête ses 10 ans de carrière, est-il possible de sortir un album baigné d’une si fraiche et si douce mélancolie ? Où se trouve la source qui fait ruisseler tant d’arpèges magnifiques et de mélodies cajoleuses ? En questionnant à la volée Julien Pras, il évoquait tout d’abord un groupe “toujours trés soudé” avec “une envie toujours intacte de faire des chansons et de les jouer ensemble”. L’amitié serait donc source de fraicheur. Et tant qu’à parler de source, on aurait pu espérer percer le secret de Calc, mais la réponse fut claire : “les influences peuvent aller de Don Caballero à Duran Duran, alors la "source" n’est pas vraiment localisable ...” et de rajouter “je découvre ou redécouvre un morceau qui me bouleverse, et j’ai envie de recréer cette atmosphère. d’autres fois c’est plus simple, j’ai juste envie d’enregistrer un truc”.
La recette reste donc inconnue à ce jour, mais le résultat lui a un goût de succès à exporter d’urgence. En effet, alors qu’ils feront les 1ères parties des impeccables The Coral cet hiver, on pourrait à juste titre leur souhaiter le même succès que leurs confrères britanniques. Anglais et Américains nous gratifient à longueur d’année de groupes qui ont le don de nous charmer, le moment est venu avec ce Dance Of The Nerve de leur offrir un album qui leur plaira à coup sûr. Eux aussi ont le droit de rêver.
Si vous n’êtes pas tombés sous le charme (quel dommage pour vous) du Dance Of The Nerve de Calc (lire notre chronique), rassurez-vous, il n’est pas trop tard. Plus de dix ans que l’on croise Julien Pras et ses compères au sein de la formation bordelaise ou au travers de leur side project Pull, et voilà que nous revient le songwriter en solo. A (...)
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