2024 à la loupe : 24 EPs (+ bonus)

24 EPs commentés et mis en avant mais un total de 50 mentionnés et classés (dont une trentaine déjà chroniqués dans l’année), il n’en fallait pas moins pour rendre justice au format court, qui décidément ne reçoit pas assez d’amour de la part de nos confrères.

Très peu de reviews d’EPs en effet sur la Toile comme ailleurs, c’est à se demander si les enregistrements de moins de 25 minutes sont pris au sérieux, ou si la profusion des sorties, déjà ingérable côté albums, effraie les chroniqueurs voire même les auditeurs. L’occasion peut-être de revoir votre position sur le sujet, tant les disques de cette sélection n’ont rien à envier à leurs grands frères en termes d’inspiration et d’immersion.



1. pm - Univers-îles

"Décrit par Patrick Masson comme un disque d’errances nocturnes qui lui aurait permis de redécouvrir une forme de liberté musicalement parlant, Univers​-​​̂îles en compte 8 (d’îlots musicaux) comme autant de micro-univers suffisamment indépendants pour exister par et pour eux-mêmes mais trouvant dans le même temps une redoutable cohérence dans leurs textures instables héritées du sound design. Du ballet d’interférences de l’introductif A new soul for an old man dont les éclats de saturation contrastent avec la délicatesse d’un dark ambient électronique presque introspectif, jusqu’aux 7 minutes d’un morceau-titre au magnétisme drone psyché et aérien, on voyage en tête étrangère au gré des déambulations mentales de pm, plus ou moins polyrythmiques et déstructurées (Observed with a naked eye, Super terre), minimalistes et insidieuses (Photeca Versus, inX and outX) ou martiales et anxiogènes (Iris conversation)."



2. Djane Ki & Innocent But Guilty - Remote Exploration

"2024 venait à peine de démarrer que l’on avait déjà droit à une suite au superbe Transmutation de juin 2023. Un peu plus conséquente en termes de durée avec pas loin de 20 minutes au compteur, cette nouvelle collaboration du patron de Foolish Records avec la beatmaker Djane Ki en profite pour se faire plus immersive et prospective avec une rythmique d’abord feutrée, presque jazzy à la Funki Porcini sur la première moitié du magnétique Last Night aux nappes narcotiques, avant de durcir le ton en bifurquant vers le genre d’IDM futuriste aux accents techno-indus que l’on connaît à Vanessa Jeantrelle en solo (cf. notamment l’album Random Sweepings chroniqué dans nos pages l’an passé)."



Hors classement : Kiasmos - Flown

Les trois morceaux de Flown ont depuis été inclus sur II, que l’on retrouvera dans mon bilan albums.





3. Stefano Guzzetti & Ian Hawgood - Here

L’Italien Stefano Guzzetti a joliment papillonné cette année, entre sorties au piano solo, électroniques, orchestrales ou même dream-pop (cf. la page Bandcamp de son label 2020 Editions). Pour ma part, j’ai surtout eu un gros coup de coeur pour cet EP à quatre mains avec le patron de l’écurie ambient Home Normal, Ian Hawgood (Observatories, Slow Reels), où les deux musiciens s’étaient déjà croisés en 2016 via la mini-compil 050316 mais sur des morceaux différents. Cette fois, on a donc droit à une collaboration en bonne et due forme : le premier au piano bien sûr, le second aux manipulations sur bandes et tous deux aux nappes électroniques pour 5 miniatures classical ambient de toute beauté, d’une grâce à tomber par terre et jamais ronronnantes, aussi bien du fait de l’émotion dégagée par ces compositions au lyrisme délicat (January, Kyoto) mais aussi des contrastes de production, constant foisonnement d’arrangements évanescents, d’harmonies scintillantes et de distorsions oniriques (Scar, Now). Un bijou !



4. SCVTTERBRVIN - Blunt Raps 2

"Sur Blunt Raps II, suite d’un EP d’il y a dix ans tout juste, le désormais New-Yorkais originaire de San Diego sous-traite encore, dans un format 100% identique - 6 titres, 6 producteurs différents dont lui-même sous l’alias historique d’Infinity Gauntlet -, avec la même modestie sur le papier mais, dans les faits, en pleine stratosphère si tant est que l’on puisse ainsi qualifier ce hip-hop du caveau raccord avec l’écorché clope au bec de sa cover. Des samples insidieux à souhait d’orchestrations ciné (A Rock and A Hard Place, Pacific Highlander) y côtoient d’étranges comptines psyché aux sonorités gondolées (More Blunt Rapping), et de boucles entêtantes (Antique Clocks) en boom bap poétique aux mélodies rétro (le superbe Hard Boiled produit par ses soins), le MC/producteur pour l’essentiel cantonné au micro retrouve sa verve menaçante et un brin hallucinée, un rap particulièrement habité sur le fantomatique Goose Gossage."



Hors classement : Defrag - Lost Skies

Superbe EP, mais dont 6 titres sur 8 faisaient déjà partie de l’album Lost Worlds, compilant les trois derniers courts-formats de l’Américain.





5. Kingbastard - JAM

"Sur JAM, Kingbastard renoue d’emblée avec une certaine dimension hypnotique délaissée depuis quelques sorties, que la rondeur des beats empêche toutefois d’être qualifiée de techno. Avec JAM (A) en effet, échantillonnages vocaux et volées de scratches extraterrestres à l’appui, le projet s’abreuve d’influences hip-hop, imaginant un espèce de croisement entre Mouse on Mars et Madlib, les échafaudages vertigineux de field recordings, d’effets narcotiques et de textures ambient ajoutant à l’ensemble une véritable profondeur de champ tandis que le morceau d’abord abstrait, à force d’évolution presque imperceptible, en arrive à céder à l’onirisme d’une mélodie synthétique du plus bel effet. Quant à JAM (B), sa géométrie polyrythmique finira là aussi par prendre vie avec une certaine spontanéité, mais davantage à l’image des machines angoissées d’Autechre."



6. Cassie Kinoshi’s seed. - gratitude

"Nominée au Mercury Prize il y a quelques années, la saxophoniste et arrangeuse Cassie Kinoshi est partie d’une commission du London’s Southbank Centre pour donner naissance à ce nouvel EP de jazz moderne aussi luxuriant qu’aventureux. Accompagnée par un ensemble à géométrie variable d’une vingtaine de musiciens (dont une turntabliste), la Britannique lorgne autant ici sur la musique contemporaine (sun through my window) que sur le classical ambient (interlude ii) ou même plus discrètement la musique électronique, avec une ferveur et un lyrisme proprement désarmants."



7. AJ Suede & Wolftone - Permafrost Discoveries

"Autant être clair d’emblée, Permafrost Discoveries n’est pas là pour caresser dans le sens du poil les adeptes du rap-jeu, même s’il sait leur lâcher un os ici ou là (comme avec la trap atypique, uptempo et colorée, de Limited Edition, ou le boom bap aux atmosphères insidieuses de Funhouse Mirror). Par ailleurs plutôt avare en beats si ce n’est de manière presque effacée (Off Track Betting, Doctor Evol) ou pour mieux s’éloigner des canons du hip-hop ricain (cf. Prove Me Wrong et son trip-hop à la Tricky magnifié par les refrains capiteux de The Maya Experience, ou les déstructurés et planants No Loss et Grimace), l’EP est un écrin pour le flow halluciné d’AJ Suede et son intensité feutrée, mais aussi un petit bijou pour ses seuls instrumentaux hypnotiques et intrigants comme on aime, à la croisée d’un plunderphonics bien rétro (Square Root of Two, Lost My Bag) et d’un sampling psyché presque ambient aux loops malmenées à coups d’effets drogués (Rent’s Dew)."



8. Autotel - Love Story

"Pour son premier court format, le Chilien Autotel a choisi l’excellente structure électronique floridienne EC Underground. Au programme de ce Love Story mastérisé par notre virtuose de l’IDM Frank Riggio, de belles vibes atypiques entre dub-ambient aux mélodies impressionnistes (Basement Chill), motorik/kosmische musik fébrile et hypnotique (Barato), classical ambient aux élans lumineux (Gotto Midi) et incursions jazzy sur lit de drums déstructurés. Et la techno dans tout ça ? Eh bien on la retrouve, discrète, dans les interstices de ces métissages aussi libertaires qu’abstraits à l’image des vagues entremêlées de la cover, et plus particulièrement sur Saike, capable d’évoquer le versant électronique de Tortoise avec son piano/guitare à la fois méditatif, solennel et décontracté."



9. Jim Noir - Random Electrics

"Un EP 100% instrumental et à dominante électronique, influence fortement présente chez Jim Noir depuis les tout débuts, Air et le label Warp ayant à plus d’une reprise été cités dans nos chroniques et ce dès Tower of Love. Ici toutefois, le Britannique verse plus frontalement dans l’electronica, cf. notamment Brian Leyland’s Hits Of The DX11 et ses circonvolutions cristallines et oniriques dignes de Plaid, l’IDM glitch et concassée d’un A Blues E évoquant rien de moins que Boards of Canada, l’ambient stellaire de Goodnight Jim ou même l’espèce de dub acid de l’introductif Traintrack Tom. Quant à l’immense Strangerdust, il s’inscrit dans la continuité dA.M Jazz avec son groove stratosphérique à la Moon Safari et ses basses rondes que magnifient des arrangements plus sombres et inquiétants à la manière des cuivres d’un John Barry."



10. Dug Yuck & Reindeer - YAK GASP

Dans la foulée du très chouette mais bien trop court Ditch Hold, l’Américain Dug Yuck connu à une époque sous l’alias Filkoe176 s’associait à nouveau à jamesreindeer entendu sur l’EP susnommé pour une version alternative de leur crépusculaire Stag Pants de 2022 (cf. #5 ici). Comme pour ce dernier, le Britannique fondateur de feu Decorative Stamp laisse essentiellement le micro à Dug Yuck (hormis le temps d’un verset sur hobo stew) et se cantonne aux instrus, encore un cran plus avant dans l’anti-rap lo-fi, froid et neurasthénique au point, souvent, de mettre les beats de côté au profit de rythmiques à base de bruits samplés (yak one), de nappes dronesques et pesantes (mule buck, wool burn) ou d’instruments saturés (grunts). Désossé à l’extrême, noisy, à peine rappé (on est plutôt à la frontière du spoken word, même sur des morceaux plus ouvertement hip-hop comme be still ou chew bear, hobo stew faisant là encore figure d’exception), YAK GASP se révèle d’une paradoxale intensité, plutôt habité vocalement sous ses allures désincarnées, et nous fait regretter l’époque où un label comme Anticon se foutait bien des canons esthétiques du rap et des goûts étriqués du grand public en la matière.



11. John Thomas Remington - Pavements

Sommet du label classical ambient Moderna cette année, ces 5 morceaux, composés par le Norvégien John Thomas Remington comme autant de cocons pour conjurer le chaos urbain lors d’un séjour à Londres, convoquent tout ce que l’introspection néo-classique au piano compte de plus émouvant et empathique dans son lyrisme retenu, à commencer par les univers des maîtres japonais Ryuichi Sakamoto et Joe Hisaishi. À ce titre, le spleen romantique d’Avenues, évoquant les mélodies tardives de l’auteur trop tôt disparu dAsync, ainsi que le court mais poignant At the End of the Day laissent rapidement une trace indélébile sur les coeurs fragiles, de même que le réconfortant Eavesdropping dans une veine plus candide et chaleureuse.



12. Seefeel - Squared Roots / Everything Squared

Qui hormis Seefeel pour revenir 7 ans après la renaissance néo-krautrock de leur 4e album homonyme expérimental et noisy afin de rejouer intégralement sur scène, toutes basses et mélodies vocales en avant, leur premier opus shoegaze/dub sorti 25 ans plus tôt... puis se faire oublier 6 années de plus et se réinventer une nouvelle fois, doublement même, via cette paire d’EPs electronica/ambient ? Impossible de départager l’étrange Everything Squared, riche en vocalises éthérées, pulsations massives et textures contrastées, et un Squared Roots peut-être encore plus onirique, aux abstractions scintillantes et syncopées, sorte de rencontre entre le glitch-hop somatique d’un Teebs et les grosses distos synthétiques du Tim Hecker dernière période. Vous l’aurez compris, ce dernier a tout de même ma préférence d’une courte tête, symbolisant on ne peut mieux l’esprit aventureux voire avant-gardiste de cet immense groupe dont les travaux les plus ambient ont toujours été ceux qui m’ont le plus fortement fasciné, à commencer par Succour en 1995.



13. rand - III

Retour au format court pour les Berlinois Jan Gerdes et Frank Bogdanowitz (aka Dr.Nojoke) après l’immense Peripherie de 2022. Le duo, que l’on rêve héritier de Sakamoto et Alva Noto mais qui malheureusement ne bénéficie pas jusqu’ici de la même aura auprès d’une presse musicale aux abonnés absents, renoue avec son electronica sombre voire ici presque gothique aux entournures mais en abandonnant piano et influences modern classical ou jazz minimal pour privilégier pulsations hypnotiques, glitchs et nappes électroniques microtonales sur Imtoso et Metabole, avant de finalement remettre le jeu de Gerdes au centre des débats mais au synthé cette fois sur un Pan Tau plus étrange et luxuriant encore, avec ses polyrythmies de bric et de broc au feeling presque tribal, ses ondulations insidieuses et cette mélodie d’une autre dimension évoquant une sorte de clavecin d’outre-rêve. Fascinant !



14. Cut Beetlez x Rizzi Konway - Remedial Rhapsody

On avait découvert la paire de producteurs finlandais via l’incroyable mini-album Monkeyman de l’ancien compère de MF Doom, Kurious - aka mon EP favori de l’an dernier. Cette année les a vus remettre le couvert à plusieurs reprises (cf. notamment la liste bonus en bas d’article), toujours dans un format un peu hybride entre EP et LP, la palme à ce Remedial Rhapsody atmosphérique et singulier où l’on retrouve ces scratches subliminaux et autres influences jazz d’une autre dimension, des samples hachés volontairement bancals et volontiers déphasés tout en retombant miraculeusement sur leurs pattes (Who What Where & Why, Russian Roulette, Own Way), mais dans une veine beaucoup plus feutrée cette fois, aux sonorités étouffées au cutoff, comme jouées depuis une bulle narcotique coupée de la réalité. Quant au flow sous anti-dépresseurs du rappeur de Chicago, il complète le tableau de ce hip-hop étrange et drogué qui imprime durablement sa marque.



15. Latchwork - this​.​array

Révélé par Schematic via l’album Bald Mountain Breaks en 2023, Jonathan Fielder aka Latchwork prépare déjà la suite, The Tuft, pour l’an prochain, un nouveau long-format dont this.array compile les chutes. Autant vous dire que l’ex UTOPILO a prévu de nous régaler car ces 6 morceaux d’IDM aux beats concassés et aux atmosphères tantôt oniriques (Red, Crop Top), urgentes (Feed Dogs) ou dystopiques (Rotten Vernon), teintés ici et là de sonorités acid très 90s (Batch Hit, Verde), sont déjà de haute volée avec leurs rythmiques virtuoses au groove destructuré et devraient ravir les aficionados du Warp de la grande époque ou du premier album Brownout des patrons du label floridien, les indépassables Phoenecia.



16. NAHreally & The Expert - FLIP

On vous a déjà dit tout le bien que l’on pensait de BLIP, assurément l’un des sommets hip-hop de cette année 2024, à la fois lyrique, inventif et décontracté. Sorte d’EP bonus mêlant remixes, nouveaux morceaux et inédits des sessions de l’album, FLIP persiste et signe dans le cool aérien (Accumulation), le "hip-pop" au sampling suranné (Neapolitan, Have Faith) et le rétrofuturisme élégant et funky (Sports !), The Expert restant au diapason avec des relectures épurées de Breaking Down In Real Time et Brainstorm With Showers mettant la pédale douce sur les effets psyché, ou surtout un Pressure Point aux arrangements samplés de musique de chambre du plus bel effet, qui gagne à la fois en efficacité rythmique et en vibrations baroques à la poésie décalée. Edan, sors de ces corps !



17. Mark Van Hoen - Insight

"Du haut de ses quatre titres seulement (dont un morceau homonyme déjà connu, tiré de l’onirique Plan For A Miracle avec ses motifs stellaires aux harmonies extatiques), l’EP Insight lâché dans la foulée en avril met encore la barre un chouia plus haut : plus immersif avec Visible Singing, comptine d’outre-rêve aux textures vertigineuses mêlant field recordings et synthés, plus de sentiment avec l’ascensionnel Evig Tak au lyrisme discret mais désarmant, plus accaparant avec le contemplatif Theme From The Present digne d’un Brian Eno en grande forme ou de ses meilleurs héritiers, la réussite est totale et se suffit à elle-même, un micro-univers à la fois cohérent et riche en chemins de traverse déroulé avec un brio épuré de toute démonstration en l’espace de 17 petites minutes."



18. Pile - Hot Air Balloon

Toujours aussi inspirés, les Bostoniens transcendent ici l’intensité luxurieusement arrangée du beau All Fiction de 2023 en s’éloignant encore un peu plus, passé l’introductif Scaling Walls typique de leur lyrisme clair-obscur suant l’urgence et le spleen écorché, du noise rock et du post-hardcore au profit d’influences insoupçonnées. Le slow burner The Birds Attacked My Hot Air Balloon démarre ainsi comme une ballade ourlée de synthés à la Radiohead ou The Smile (avec lesquels le trio partage une fascination avouée pour Aphex Twin) avant de gagner en puissance sur la fin, puis sur Only For A Reminder les arpeggiators prennent le dessus pour 4 minutes 30 stellaires et fortes en contrastes. Même dans une configuration instrumentale classique, Rick Maguire (guitare, synthés et chant), Kris Kuss (batterie) et Alex Molini (basse, synthés) ne sont jamais exactement où on les attend, en témoignent les faux-plats constants du fébrile Exits Blocked ou surtout You Get To Decide, oscillant entre pop enluminée et embardées orageuses plus déstructurées, le maître-mot chez Pile demeurant l’atmosphère, ce qui suffit à détacher le groupe de la meute des néo-indie-rockeurs pseudo-mélangeurs et constamment dans la grandiloquence et l’efficacité tape-à-l’oeil qui trustent une fois encore les bilans de fin d’année en ce moment.



19. Glass Beams - Mahal

"Sur ce second EP du trio melbournien qui cultive le mystère avec des photos de presse et des concerts masqués, on ressent les influences du leader Rajan Silva, né d’un père indien émigré en Australie dans les 70s et fasciné dès l’enfance par les musiques mélangeant codes occidentaux et sonorités orientales. Ainsi, le sitar est roi mais dans un cadre psyché-jazz aux beats trip-hop bien cadencés, qui n’est pas évoquer pour ses atmosphères à la fois cosmiques et enfumées les géniaux Britanniques The Heliocentrics, sur Snake Oil notamment. De choeurs capiteux sur le morceau-titre en basses très blaxploitation et nappes oniriques sur Orb ou autre guitare saharienne sur Black Sand, il y a toujours un élément ou deux pour éviter à ces compos une éventuelle routine world et surtout, une vraie tension pour en transcender la joliesse."



20. Jérôme Chassagnard - Timeless Travelers

"On l’écoute depuis le tout début de l’année avec une fascination jamais démentie, c’est dire si cette nouvelle réalisation de l’ex Ab Ovo met encore la barre très haut en termes d’électronique au feeling orchestral, entre IDM cristalline (I), ambient d’éternité au piano épuré (II) et autres fantasmagories à synthés, organiques et angoissées (IV). Magnifique."



21. 10th Letter - Virgo Sun Scorpio Moon

"Plus orientée jazz comme c’est le cas d’une sortie sur deux pour 10th Letter, cette collection de 9 vignettes vite expédiées n’en est pas moins passionnante, alternant courants de conscience mystiques sur des atmosphères presque ambient (VS1, SM1), fulgurances jazz cristallines et psyché aux beats syncopés (VS2, VS3), courts instrus cotonneux aux allures de rêves éveillés (VS5, SM4) et morceaux abstract aux cuivres toujours présents mais aux rythmiques plus en avant (VS4, SM3). Au côté du saxo, de la basse et du clavier Moog, le vibraphone a plus que jamais la part belle, l’Américain jouant lui-même de tous les instruments... et s’il est toujours question d’inconnu, celui des astres en particulier, on est ici en terrain un peu plus familier qu’avec un Ultraviolence par exemple, celui d’un Sun Ra donc tout sauf balisé pour autant."



22. Boxguts X 7th Galaxy - Global Scalding

"C’est toujours un plaisir de retrouver le flow carnassier de Boxguts, surtout quand il se déniche un nouveau beatmaker à la hauteur de sa personnalité au micro, cf. sur ce nouvel EP le Canadien Andrew Young aka 7th Galaxy, actif mine de rien depuis une quinzaine d’années dans l’underground de Toronto. Il faut en effet avoir un minimum de bagage et d’inspiration pour passer après Jakprogresso, Scvtterbrvin, Will Taubin ou encore Il Brutto, soit quelques-uns des producteurs récurrents de l’Américain les plus appréciés dans ces colonnes, et clairement 7th Galaxy ne démérite pas dans ce genre de boom bap funeste et malsain au minimalisme percutant, des scratches de corback du morceau-titre Global Scalding aux choeurs féminins morriconiens de Razor Laser en passant par les cascades de clavier très Portishead des débuts sur Reign Storm ou les basses rampantes du sommet Machete Tongue."



23. Theis Thaws - Fifteen Days

"Vivant désormais en France, Tricky s’est associé à un beatmaker parisien, Mike Theis, fusionnant avec lui sous le nom Theis Thaws pour accoucher de ces morceaux particulièrement froids et décharnés, parfois à la limite de l’EBM (Fly To Ceiling), de la techno (The Machine) ou au contraire de l’ambient (le languissant et joliment neurasthénique Today Is OK, probablement le titre le plus proche ici du trip-hop 90s sombre et ascétique de l’auteur de Pre-Millennium Tension). C’est court, épuré, sans débordement émo ni nostalgie en dépit d’un ADN bien ancré dans un certain underground dark et minimaliste des années 80 aujourd’hui revisité à toutes les sauces hédonistes par des copycats sans âme, et même la construction de l’EP, qui dépasse pourtant tout juste les 20 minutes, retrouve son lot d’ambition avec notamment l’instru drum’n’bass Monday qui vient en rehausser à mi-parcours la dimension atmosphérique et immersive. Un vrai retour en forme !"



24. Matthew Halsall - Bright Sparkling Light

Trompettiste fondateur du label Gondwana classé en bonne place ici cette année et ancien collaborateur de Mr. Scruff notamment, Matthew Halsall offre avec ces trois longs titres un complément à l’album An Ever Changing View de l’an passé, dans cette même veine toute en légèreté qu’on lui connaît : celle d’un jazz poétique et aérien aux arrangements bucoliques et aux percussions luxuriantes, véritable ballet de cuivres, de harpe, de flûte et d’idiophones sur fond de basse au groove rondelet, dans une atmosphère de spiritualité à la Pharoah Sanders.



- Bonus - 24 EPs de plus :

Lord Karu Villain & Cut Beetlez - Memoirs of a Villain
Psykoxxx - Incantation
Pjusk - Skoddeheim
Linus Alberg - Signs from Outer Space
KRM & KMRU - Otherness
n0stradamvs - prim0 0ccvpanti
Hochzeitskapelle - We Dance
Slawowycz - Dark
Sagana Squale - Interruption !
Chris Weeks - Induction
DM Stith - Flowers & Monks
Jak Tripper - Exile
OvO​ & Rotadefero - Split
Sameer Ahmad - Ras El Hanout
Lee Scott - There is a Reason for Everything (Live in The Living Room)
Taylor Deupree - Ash
Armand Hammer & Kenny Segal - Doves
keinseier - Particles
Fatboi Sharif & Duncecap - Psychedelics Wrote The Bible
r.roo - over the garden wall
Lia Pikus - Ritual
Nouvelles Lectures Cosmopolites - Botanical Series Vol. 1 : Alba Spina
Adrian Younge, Ali Shaheed Muhammad & VA - Jazz Is Dead 021
ECID - Post Euphoria 4 : Same Team