Ces trois dernières années, Ben Rath s’est montré particulièrement productif. Ainsi, plus d’une douzaine d’albums sont à mettre à l’actif du Mancunien, entre autoproductions et réalisations défendues par des labels tels que Sound In Silence ou Cathedral Transmissions.

Avec Black Heart Music, le Britannique franchit un cap, que ce soit dans l’aspect expérimental des odyssées sonores qu’il répand dans les écoutilles de l’auditeur ou sur un plan plus symbolique, puisque cette sortie fait partie du prestigieux catalogue d’Eilean Rec.

Ce disque fait écho à un EP produit par l’artiste il y a quelques années sous l’alias Slow Heart Music. Ses compositions sont toujours cardiaques et downtempo, mais elles revêtent, à l’instar du titre de l’album, un caractère plus sombre.

Les instruments tels que les guitares, claviers et pianos répondent à des manipulations à base de samples et field recordings. Aussi ambiguës que cette pochette hésitant entre tectonique des plaques et brume citadine, les dix compositions lorgnent vers un dark ambient dont chacun des éléments prend le temps de se lover dans les sédiments d’une surface granuleuse.

A l’instar des huit minutes de Hidden Contract, l’évolution des compositions de Ben Rath se fait de manière évidente, tel un afflux sanguin transitant dans les veines d’un corps sain. Tout est à sa place, de manière évidente, mais cela n’empêche pas la magie d’opérer (Reasonable Doubt et ses accords de guitare minimalistes mais renversants) tout en permettant quelques effets de surprise bienvenus (Hesitation et ses claviers soudains) au milieu de cette atmosphère ambient et minérale.