Le streaming du jour #1841 : Annabel (Lee) - ’The Cleansing’
Baptisé ainsi en référence au dernier poème d’Edgar Allan Poe, le duo Annabel Lee continue de s’éloigner de l’univers plus feutré de l’EP Wallflowers initial pour s’aventurer vers des territoires plus subtils et obscurs.
Obsédant. Tel pourrait être résumé le second long-format des Londoniens après un By The Sea... And Other Solitary Places défendu en 2015 par Ninja Tunes. Le Acquiescence initial évoque d’emblée l’univers de Portishead dans un registre épuré où quelques cordes, percussions cristallines, field recordings animaliers et même vents se succèdent et s’entremêlent en arrière-plan d’un spoken word troublant de nonchalance assuré par Sheila Ellis.
La première moitié de disque se veut plus claire, bien qu’une tristesse y soit latente en permanence. Seul Move With Me convoque une (relative) luminosité assurée par des arpèges de guitare au sein desquels la voix de l’artiste semble trouver un refuge salvateur. Paris, Room 14 et ses faux-airs de bossanova ramènent un trouble épuré qui se maintient jusqu’à un Scarlet One dominé par d’élégants accords dignes de Nick Drake que survole la voix de Sheila Ellis.
Plus désespérée, la deuxième partie de disque débute avec les boucles de piano austères de The Cleansing, véritable sommet d’opacité. Le Felt Mountain de Goldfrapp sonnait déjà comme une référence potentielle sur quelques-uns des titres précédents, mais Far ôte les derniers doutes qui pouvaient demeurer tant le chant de Sheila Ellis, oscillant entre retenue étriquée et lyrisme envoûtant, rappelle celui de sa compatriote. D’ailleurs, si le duo n’avait pas sorti quelques titres épars dès 2009 sous ce pseudonyme, nous pourrions les soupçonner de l’avoir (également) retenu en hommage au Annabel de Goldfrapp paru sur Tales of Us.
Les nappes synthétiques étirées de See Her revêtent un aspect cinématographique et sont domptées par un chant soudainement sec, tandis que le Autumn Requiem final rappelle de nouveau le chef-d’oeuvre initial de Goldfrapp en raison d’oscillations de nappes de cordes soutenant un chant alternativement lugubre ou scintillant. S’il ne respire pas la joie de vivre, The Cleansing revêt néanmoins une dimension lumineuse évidente. Même les âmes les plus torturées brillent parfois de l’intérieur...
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