Trio toulousain formé en 2015, O R S A Y délivre un premier album intitulé 25’25’’25’’’, soit la durée exacte d’une oeuvre concise mais néanmoins savoureuse déclinée sur dix missives à l’efficacité redoutable.

Si les fans de musique actuelle peuvent parfois éprouver un sentiment de "trop-plein" face à des productions qui lorgnent de manière trop ouverte sur celles de leurs prédécesseurs, il ne pourra pas être reproché à O R S A Y de creuser un sillon déjà façonné.

En effet, si les incantations vocales de Jean Chabrel et Emma Klein se rapprochent bien de certains artistes dans un registre pop allant d’une chanson française à la Jean Bart ou La Femme à des horizons plus rock évoquant Diabologum, les instrumentations qui les accompagnent sortent des sentiers battus.

A l’instar de ce m y r r h e rappelant les univers de Forever Pavot ou Breton, il est en effet question de sonorités ouvertement psychédéliques et parfois décalées qui parviennent en permanence à faire cohabiter lumière et humidité, établissant ainsi une forme d’arc-en-ciel qui se régénère perpétuellement.

A l’image de sa pochette, 25’25’’25’’’ s’apparente à un flux continu de liquide qui viendrait épouser des minéraux desséchés. Ou lorsque les opposés s’attirent, se complètent et s’épousent dans une alchimie parfaite. A plusieurs reprises, l’auditeur pourra percevoir quelque chose des tourments audacieux de Jean-Sébastien Nouveau (Les Marquises), que ce soit sur a c i e r ou la rythmique tropicale détonante de p o r c e l a i n e.

Cette accointance s’articule autour de sonorités alternativement coldwave (o b s i d i e n n e) ou s’approchant de la chillwave (l a t e x). L’hétérogénéité des expérimentations sur fond tropico-psychélectronique au service d’un flux vocal mixte hésitant toujours entre chant et débit poétique, tel semble être le credo d’O R S A Y sur ce premier album déjà essentiel.