Gotye - Making Mirrors
Six mois sans écrire la moindre chronique ça peut faire long, mais cinq ans sans le moindre album de Gotye, ça l’est encore plus ! L’occasion avec la sortie de Making Mirrors de reprendre goût à l’écriture et de se poser en fan désormais confirmé du petit génie belge expatrié aux antipodes.
1. Making Mirrors
2. Easy Way Out
3. Somebody That I Used To Know (feat. Kimbra)
4. Eyes Wide Open
5. Smoke and Mirrors
6. I Feel Better
7. In Your Light
8. State of the Art
9. Don’t Worry, We’ll Be Watching You
10. Giving Me A Chance
11. Save Me
12. Bronte
Mais commençons par un premier rectificatif. Si les Australiens ont bien dû attendre cinq piges pour avoir des nouvelles de celui qui obtient un succès fou là-bas, c’est seulement en 2008 que nous avions pu découvrir en France le gargantuesque Like Drawing Blood et élire, avec l’aide des membres de notre forum, Hearts A Mess comme étant le meilleur single de cette année là. C’est donc avec une vraie impatience et une certaine exigence que j’appréhendais la sortie de ce nouvel opus. Et maintenant que c’est chose faite, c’est en véritable fan, revêtant mon plus beau costume de prophète, que l’envie me prend de répandre la bonne nouvelle. Making Mirrors est la réussite que l’on osait à peine espérer. Car si son prédécesseur faisait l’étalage d’un large savoir-faire aussi époustouflant que difficile à digérer d’une seule traite, ce nouvel album reprend le flambeau en alliant cette fois éclectisme et harmonie. Bien sûr chaque morceau possède sa propre identité, des univers bien distincts au sein desquels on reconnaît les multiples couleurs de la palette artistique de Gotye, mais il faut bien avouer que ce coup-ci le tout s’enchaîne dans un fondu méticuleusement travaillé. Alors oui on pourra à nouveau crier que notre artisan pluridisciplinaire a encore mis la barre haute avec son single Somebody That I Used To Know, qui recueillera sûrement quelques faveurs lorsque viendra l’heure du bilan de l’année en cours, et pour lequel la néo-zélandaise Kimbra effectue une apparition remarquée.
Mais ce qui retient mon attention cette fois, c’est bien l’agencement de cet album qui fera passer la plus simple des créations pour la plus juste des options choisies. Passons l’enchaînement redoutable des trois premières pistes délicieusement imbriquées et prenons en guise d’illustration de ce propos ne serait-ce que le morceau Don’t Worry, We’ll Be Watching You, presque étonnement basique, avec ces deux lignes de percussions et de basses pour unique accompagnement du chant d’un Gotye quasiment endormi. Pris à part, pas de quoi exciter les foules, mais placez-le après un State Of The Art exubérant, avec ces multiples effets de voix à ne pas mettre entre toutes les oreilles (bien que potentiellement très addictives avec le temps malgré l’indigestion ressentie lors de la découverte), et vous obtiendrez de quoi ré-oxygéner un album qui en a parfois bien besoin et accapare notre attention avec une étonnante facilité jusqu’au fin mot de l’histoire.
Et c’est là que Gotye a franchi un cap supplémentaire depuis le précédent album, trouvant le juste équilibre entre démesure et légèreté, capable de donner dans le groove le plus dément (I Feel Better, In Your Light) comme dans la délicatesse d’un moment de rêverie susurré à l’oreille (Giving Me A Chance, Bronte).
Avec Like Drawing Blood, Gotye avait frappé un grand coup, éblouissant ses auditeurs par ces multiples coups d’éclats totalement dépareillés. Quelques années de labeur plus tard, c’est avec la même personnalité artistique que notre amateur de samples pratiquement allergique aux riffs de guitares revient avec ses percussions lunaires, ses prouesses vocales et une sensualité exacerbée, pour nous présenter la concrétisation de son savoir-faire au sein d’un album qui, cette fois, prend réellement vie en tant que tel et s’accompagne de clips qui le mettent délicieusement en scène. L’Australie n’a pas fini d’idolâtrer son enfant adoptif chéri. Et moi non plus.
L’album est en libre écoute intégrale :
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