Jeepster - What If All The Rebels Died ?

Enregistré au fond des bois, le rock racé de Jeepster file droit devant sans craindre le strabisme, un oeil braqué vers l’avenir, l’autre sur le rétroviseur à la recherche du passé.

1. A Day In The Dark
2. Don’t Go Too Far
3. Ex Oh
4. Write The End First
5. Sweet
6. You Can’t Stop
7. Ditches
8. Be Good In Your Neighborhood
9. Fiction Fiction
10. What If All The Rebels Died ?

date de sortie : 22-06-2009 Label : Distile Records

What If All The Rebels Died ? est de ces albums dont on se dit à la première écoute qu’il n’apporte rien de nouveau. Trop référencé, trop attendu, trop déjà-vu. Mais, bizarrement, on y revient. Une fois, deux fois puis, sans s’en rendre compte, souvent. Fortement ancré dans les 70’s, Jeepster invite à la fois les fantômes de quelques grands aînés – Led Zeppelin en tête – mais également des esprits plus contemporains – The Walkmen ou Modest Mouse – dans leur sabbat aussi éclectique qu’électrique. La musique du trio est sensible, parfois intense, toujours élégante.

Qui se cache derrière Jeepster ? Les quelques digressions expérimentales qui parcourent le premier morceau de ce What If All The Rebels Died ? rappellent que deux membres de feu O ! The Joy – auteur l’an passé d’un très sinueux Zen Mode à la fois math-rock et progressif, sorti lui aussi sur Distile qui décidément ne cesse de surprendre – composent la section rythmique du groupe, Justin Goings à la batterie et Kyle Marcelli à la basse élastique. Les deux acolytes s’enferment quelques semaines durant dans un chalet perdu au milieu des bois près du lac Tahoe en compagnie de Jonah Wells, chanteur/guitariste originaire de Nevada City. De cet isolement, naissent dix titres qui tentent de jeter un pont intéressant entre les 70’s et aujourd’hui. Dix titres où se mêlent touches psychédéliques discrètes mais bien présentes, riffs tour à tour secs et pachydermiques, lignes de basses au groove efficace, breaks multiples et inventifs, claviers prolixes juste ce qu’il faut et chant exalté.

Derrière une production très homogène, on trouve dans cet album de multiples variations bienvenues qui poussent à poursuivre l’écoute. Quel rapport entre le très pop et tranquille A Day In The Dark en ouverture, You Can’t Stop et ses quelques mots répétés à l’envie, son introduction digne des Who, sa basse en avant tout du long et ses riffs ciselés, ce Ex Oh, court mais intense, à la mélodie accrocheuse, ou encore What If All The Rebels Died ? qui donne son titre à l’album et qui en résume toutes les réussites en quatre petites minutes à peine ? Et si on aimerait parfois un peu plus de folie, que certains morceaux par trop langoureux montrent un peu plus leurs crocs (Be Good In Your Neighborhood et son rythme psychotrope), il y a tout de même dans ce disque assez d’urgence, de concision – les dix titres s’enchaînent rapidement et tout est dit en moins d’une demi-heure – et de variété pour qu’au final on y revienne.

Alors oui, bien sûr, Jeepster n’invente rien, mais il serait dommage de passer à côté de sa musique tendue et fiévreuse sous prétexte qu’on l’a déjà rencontrée à maintes reprises. D’autant plus que le groupe possède une vraie singularité, toujours fidèle à ses racines, certes, mais sans pour autant tomber dans le piège de l’exercice de style. Avec ses mélodies simples mais efficaces, son sens du groove et de la concision et son approche finalement très contemporaine, What If All The Rebels Died ? possède suffisamment d’atouts pour convaincre.

Sur la pochette, le trio, tout sourire, balade ses chiens sous un visuel qui n’est pas sans rappeler les grandes heures du psychédélisme San-Franciscain. Le passé, encore.

La vieille classe !


La page Myspace de Jeepster.

Chroniques - 05.07.2009 par leoluce