Hé bien il y a deux solutions. Soit, intrigués, vous continuez à vous y intéresser, et allez jeter un coup d’oreille, soit vous êtes allergiques à un des éléments ci-dessus et vous êtes partis en fuyant. Parce que c’est vrai, le ukulele a eu mauvaise presse par chez nous depuis les déboires plus que médiocres d’un abominable Golden Julian enfiévré. Mais pensez-donc à ce qu’un Daniel Johnston pouvait faire en en jouant faux, par exemple, et vous verrez que cette guitare de poche n’a pas que des défauts. En ce qui concerne les autres raisons, sachez que les influences de Sophie ne sont pas trop envahissantes dans sa musique et qu’il n’y a pas de mal à tout faire soi-même, non ?

Aujourd’hui, nous allons donc plonger dans le monde fabuleux de l’Amour, de la Vie et du Ukulele (non non, ne fuyez pas, puisqu’on vous dit qu’il n’y a pas de danses hawaïennes par ici...)

D’ailleurs, l’album de Sophie ne contient pas que du ukulele, loin de là. Bon, OK, vu son titre, la première chanson, si (et on en entend un peu partout, mais il y a même de la guitare électrique sur Not Worth The Pieces, alors...) Mais le reste, entièrement joué et arrangé par la jeune anglaise, est bien plus proche d’un album de folk classique doté d’une voix bien particulière que d’un disque anecdotique de mini-gratte. On pense très souvent à Hafdis Huld, dont le disque nous avait également enchanté par ses sonorités originales, mais on est surtout trompés par une fausse simplicité qui s’estompe écoute après écoute pour laisser transparaître des trésors de mélodies attachantes et terriblement addictives (The Knitting Song, Who will buy me, extraordinaire de détachement avec son chant folk et son petit xylophone, le violoncelle mélancolique de Wave Goodbye, ou encore You Are My Favourite et son génialissime riff de ukulele).

Pour un premier disque autoproduit "à Sophieland" (tiens donc), ce mélange de naïveté candide et de grande rigueur est bluffant, et il n’y a pas une des dix chansons qui ne soit une réussite. Pour les anglophones confirmés et amateurs de belles paroles, chaque morceau est un concentré de justesse, d’humour acide ou de mélancolie extrêmement bien rendue (When New Year comes around est particulièrement poignante et bien sentie malgré ses petites flûtes guillerettes, et I just can’t stop myself fait preuve d’un second degré inattendu...)

Bref, il n’y a quand même pas grand chose à jeter sur cet incroyable petit disque rafraîchissant qui deviendra grand dans votre coeur à force d’écoutes et deviendra peut-être bien votre compagnon idéal pour les chaudes journées qui s’annoncent.

Cerise sur le gâteau (ou peut-être devrait-on parler ici de corde sur le ukulele ?), et ce n’est pas tous les jours qu’on peut proposer cela, vous pourrez l’écouter intégralement sur le site officiel de Sophie Madeleine pour vous faire un avis avant de l’acheter au prix que vous désirez.

Alors, hein, qu’est-ce que vous attendez ?