Antigua y Barbuda - Try Future
Goûtez le futur, il y a de vrais morceaux de zombie dedans, nous disent ces Espagnols qui marient Black Sab’ et Genghis Tron sur fond d’angoisse carpenterienne.
1. Intro
2. Try Future
3. Cave Dweller
4. Zombie Burial
5. Embers
6. Traitor
7. Science Parade
8. The Next World Master Will Carry My Blood
Dès l’intro (astucieusement baptisée Intro, c’est pratique, on ne risque pas de se perdre dans le disque), une référence est clairement posée : ce tapis électronique vaguement menaçant, c’est du pur Genghis Tron. On ne s’étonnera donc pas de retrouver au mixage de cet album Kurt Ballou (Converge), déjà aux manettes des deux albums de Genghis.
Une fois passée la minute (et demie) nécessaire de M. Tron, BAM ! Passage à tabac direct avec un Try Future qui, pour le coup, cogne à l’ancienne. Ça tatanne méchant, et on n’est pas au bout de ses surprises. Car après une courte mise en bouche (lèvres éclatées, une incisive qui balance), s’élève une voix de fausset dans la plus pure tradition heavy old school. On comprend tout à coup pourquoi les Espagnols citent Black Sabbath en référence. Et que je te vocalise, et que je t’harmonise... sans complexe et avec une jolie hargne qui pointe dans les fins de phrases. Sur près de six minutes, le morceau part dans des breaks insensés sans perdre un atome de son énergie, grâce notamment à un batteur omniprésent, le genre de mec qu’on voudrait bien voir en vrai pour pouvoir compter ses bras. Véritable arsenal à lui tout seul, il fait la mitrailleuse aussi bien que le mortier de 120.
Les notes électro-genghistroniques reviennent en fin de parcours, dosées avec goût, mais avec toujours la petite touche kitschounette qui va bien (à un moment on a l’impression que le portable d’un des musiciens a sonné pendant l’enregistrement, mais comme ce trille revient par la suite et qu’il est mixé très en avant, on se dit que c’est voulu).
C’est ce mélange goûteux, ancien/moderne, presque kitsch/presque dans le coup, qui donne au premier album d’Antigua & Barbuda sa saveur bien particulière et qui le distingue de la masse des hurleurs velus. Joli coup d’essai pour le tout jeune label français The Flying Elephant Records.
Cave Dweller permet aux Espagnols de se démarquer plus nettement des hordes électro-mongoles et de se livrer aux sains plaisirs de la baston sans trop se poser de questions. Bam, bam, bam, vous connaissez la chanson et vous en redemanderez tant que vos cervicales tiendront le coup.
Retour en terre digitale avec Zombie Burial et son ambient glaciale qui nous transporte en pleine angoisse carpenterienne ou dans un giallo cotonneux. La guitare finit par se creuser un passage façon brise-glace, mais l’humeur reste marécageuse, après tout on parle d’enterrement zombie (bel oxymore soit dit en passant).
Et d’enchaîner - la fluidité des enchaînements est un des points forts de cet album - sur la magnifique intro dissonante de l’impérial Embers qui, à la manière de Tombs tout récemment, emprunte au black metal sans pour autant se conformer à tous ses codes et nous entraîne dans un cauchemar aux détours abrupts.
Un peu brouillon, Traitor succède difficilement à ce grand moment de métal délétère. Germàn donne du gosier et tout le monde envoie du bois, mais l’ensemble ne décolle véritablement qu’après quasiment deux minutes, au moment du premier break, quand le tempo ralentit et que les guitares harmonisent superbement. Survient alors une montée presque emo, à la Envy, mais l’effet ne dure que quelques secondes, à croire que nos Ibères s’ennuient vite (pas étonnant s’ils écoutent Envy, diront les mauvaises langues). On repart de riffs en breaks comme s’il fallait absolument zapper pour échapper à la routine. Mais par manque de structure sans doute, l’effet ne joue pas à plein : on finit par picorer dans le morceau les passages qui nous plaisent sans forcément prêter la même attention à tout.
Science Parade renoue avec les salles obscures, rien de plus cinématographique que le synthé chargé d’angoisse qui nous accueille. On se prend à tendre l’oreille, guettant le hurlement de la victime expiatoire, mais celui-ci ne viendra pas, on ne sample pas chez Antigua y Barbuda, on suggère. Des choeurs discordants surgissent, on imagine la procession des pénitents allant au sacrifice, mais c’est la guitare qui nous transperce, et la voix de Germàn qui lance le rituel après trois bonnes minutes d’entrée en matière. Rien à dire, ces gars-là savent ménager leurs effets.
On conclut dans la joie avec The Next World Master Will Carry My Blood et sa punkitude guillerette, presque hispanisante dans son refrain entêtant, mais on cherche peut-être de l’hispanité là où il n’y en a pas nécessairement. Ce n’est pas le meilleur morceau de l’album, mais ça permet de se finir en pogo et si ça ne suffit pas à votre bonheur, vous n’avez plus qu’à échanger vos Docs contre des Birkenstock.
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