Toy Fight - Peplum
Annoncé comme mort-né il y a près de trois ans dans une interview publiée ici-même, Toy Fight revient avec Peplum, un véritable premier album inespéré qui les voit revisiter la pop sous toutes ses formes. Ou comment la simple approche ludique de la musique peut accoucher d’un chef-d’oeuvre.
1. Where The Avalanches Are
2. Your Own Fireworks
3. Minute Song
4. David Simonetta présente
5. Tiffany
6. Bob II
7. Lisa’s Box
8. The If Song
9. Maxime Chamoux présente
10. High Noon
11. Les Indes Noires
12. A Drum Drum Boy
13. Sébastien Broca présente
14. Trucmuche (The Punch Line)
15. Golden Make Up
16. The Soldier
On ne remerciera jamais assez Christof Ellinghaus, patron du label City Slang, de s’être penché sur le cas Toy Fight, un beau jour de 2006 alors que les membres du groupe avaient choisi de mettre en parenthèse leur aventure commune pour se consacrer à d’autres projets parallèles. Anagram Dances, leur premier disque autoproduit de pop bricolée sorti cette année-là, ne devait rester qu’un album testament, censé sceller l’amitié née sur les bancs de prépa entre les trois membres originels : Sébastien Broca, Maxime Chamoux et David Simonetta. C’était sans compter sur la persuasion du label berlinois qui sut déceler en nos trois protagonistes un potentiel de songwriters de génie, capable de redorer le blason d’une pop française jamais réellement souveraine sur ses terres, souvent cantonnée à la confidentialité (Fugu), associée à tort à la sacro-sainte variété (Les Innocents) voire carrément honnie (Phoenix).
Toy Fight, c’est d’abord une écriture à six mains, agrégation des talents de compositeurs du trio originel nourri d’influences diverses et variées, mais cimentée sur Peplum par l’apport d’une section rythmique imparable (Jean à la batterie et Bertrand à la basse) et des choeurs de Mina Tindle. Réuni en studio pendant près d’ un an, ce petit monde va s’attacher à faire grandir les chansons embryonnaires d’ Anagram Dances, à leur donner une épaisseur nouvelle en les parant d’arrangements savants dont la finalité est toute entière tournée vers un idéal pop. Sur Peplum c’est l’amour de la mélodie qui est au centre des débats, une chanson lui est même consacrée avec l’inaugural When The Avalanches Are qui, enluminé de cordes, réussit à répondre positivement à la propre interrogation qu’elle se pose, à savoir une chanson a-t-elle les capacités de changer une vie ? Tout le reste de Peplum sera une formidable démonstration de cette problématique de départ, étalant une fascinante palette d’influences, faisant passer la pop de Toy Fight dans l’âge adulte sans se départir de la naïveté qui faisait l’originalité d’ Anagram Dances, qui peut être considéré à posteriori comme l’ébauche d’un travail précis et méticuleux de remise à plat de l’idiome pop, le tout exécuté avec une intelligence rare. De ce premier essai, seules Tiffany et The Soldier vont au final échapper à toute métamorphose, leur beauté nue se suffisant à elle-même.
Sur Peplum tout est incroyablement pensé, de la construction mélodique au moindre petit arrangement, rien n’est superflu et vient apporter sa pierre à l’édifice de morceaux qui paraissent d’une richesse infinie, tout en ne dépassant généralement pas les trois minutes réglementaires du format pop. Peplum fait la part belle à l’alliage parfait entre concentration (Your Own Fireworks, Trucmuche) et recherche d’espace (Lisa’s Box, Les Indes Noires), entre expression radieuse (The If Song) et sombre introspection (A Drum Drum Boy). Cette alchimie-là tient du miracle, elle préserve la sensibilité de chacun, tout en se fondant dans un socle commun construit autour d’un équilibre fragile. Un équilibre personnifié par Golden Make Up, peut être le plus beau morceau du disque, celui qui synthétise le mieux la somme des influences de ses auteurs entre mélodie aux charmes latins, rythmique cold-wave et final épique à la Sufjan Stevens.
Les trois coups de tom basse du génial single High Noon nous avaient mis la puce à l’oreille au début du printemps : Toy Fight s’est également transformé en une formidable machine à tubes, transformant la mélodie de poche de Minute Song en une chanson à fredonner naïvement, véritable remède anti-crise. Mais c’est sans nul doute la chanson Bob qui a subi le traitement le plus radical, se muant en tube à la rythmique irrésistiblement funky citant Motown et marotte Spoonienne.
Sur ce dernier Maxime Chamoux annonce la mise en abîme de la création musicale en entonnant un « In very few years, there will be no more hits / Just covers of covers and covers of hits. » On a envie de rajouter : ...and Toy Fight’s hits.
Au sein d’une année 2008 plutôt morose sur tous les plans, aucun album n’a véritablement réussi à réunir tous mes suffrages. Et puis il y a eu No Age pour sauver la face, dernier spasme d’un rock’n’roll de plus en plus mourant mais qui arrive toujours à ressurgir au moment où on s’y attend le moins (The Make-Up dans les années 90, At The Drive In au début (...)
On les avait laissés en fin d’année 2006 sur une interview pour de rire mais pas que, à la fin de laquelle le groupe laissait planer le doute quand à son avenir, les différents membres souhaitant se consacrer à d’autres projets musicaux (The Limes, (Please) Don’t Blame Mexico) ou non. C’était sans compter sur la perspicacité du label berlinois City Slang (...)
Avant de se démultiplier en pluie d’étoiles répondant aux doux noms de (Please) Don’t Blame Mexico ou The Limes et qui on l’espère ne fileront pas de sitôt, le collectif Toy Fight, alors encore un groupe, enregistrait Anagram Dances et s’apprêtait sans le savoir à nous faire rêver à un match France-Angleterre équitable sur le terrain de la pop bricolée, (...)
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