Ipecac Recordings a eu dix ans le 1er avril. Pour fêter cela, ses créateurs, le gymnaste vocal multicartes et compositeur Mike Patton et Greg Werckman, ancien manager du mythique label punk Alternative Tentacles, ont annoncé... qu’ils ne feraient rien du tout. "On n’a pas prévu de grande fiesta, on n’a pas d’édition spéciale à vous offrir offrir ou à vous vendre. On veut juste dire merci à tout le monde", peut-on lire en substance sur le site Ipecac.com.
On profitera malgré tout de l’occasion pour mesurer le chemin parcouru en dix ans. Fini le petit slogan provocateur "Making People Sick Since 1999" (le label doit son nom à une racine aux redoutables propriétés émétiques), bien loin le temps où Ipecac servait essentiellement à diffuser les productions de Patton (le premier Fantômas fut l’album inaugural du label) et de ses amis, Melvins en tête.
Ipecac est aujourd’hui un label au catalogue diversifié, dont la cohérence tient plus à un réseau d’amitiés qu’à des considérations stylistiques. Au fil des sorties récentes et à venir défilent le post-métal d’Isis, le hip-hop noisy et oppressant de Dälek, le jazzcore des Italiens Zu, l’électro-lounge alcoolisée de Tipsy, ou encore le rock expé fourre-tout du batteur de Hella Zach Hill.
Sans auto-célébration, sans esbroufe, Ipecac continue son travail de fond au service d’artistes à l’attrait commercial limité mais souvent passionnants. Faute de grande fiesta, cela mérite bien le dépôt d’une petite gerbe.