Deux ans après Drawing Monsterz et alors que résonne encore sa participation de décembre dernier à l’ultime enregistrement du regretté Warcloud/The Holocaust dont on parlait là, on retrouve 7’Rinth avec un Bent Wooden Architecture confirmant la tendance du MC/producteur new-yorkais à un rap un peu plus chiadé, un peu moins lo-fi, inventif et plombé que ce à quoi il nous avait habitués dans la deuxième moitié des années 2010, avec le même Stray Louis au mix/mastering que sur l’opus précédent. Pour autant, l’auteur du merveilleux The Shinjukan Spiral (cf. #20 ici) n’a toujours rien perdu de sa personnalité, l’album s’ouvrant d’ailleurs via German Orchards, Forward (avec le fidèle compère Menes The Pharaoh en guest) sur le genre de mélopée féminine samplée dont la mélancolie évoque comme souvent chez lui les bandes originales de vieux films japonais, un esprit que l’on retrouvera plus loin sur The Door Shatters avec le même intervenant au micro.

En parlant de fidèles, l’ex Ichiban Hashface, désormais actif sous le pseudo de Big Oso est également de la partie, traînant son flow neurasthénique dès le second titre Multi-Colored Garde dont les textures et samples ravivent un temps la période susmentionnée. Si par la suite quelques morceaux soulful un peu moins singuliers (Hop Around The Globe, Oak Tree Spirit In My Palm) dilueront par moments l’atmosphère au profit de l’efficacité, même certains des tracks les plus dynamiques de l’album en termes de beatmaking tels que le sommet Initiation of Man ou le touchant I’m The se parent d’atours plus spleenétiques comme autant d’éléments récurrents chez le "zen student" du 7 Arm’d Labyrinth féru de culture nippone, de soundtracks italiens des 60s (Try Explain What I See, Stream River Ocean) et autres sonorités vintage, qu’il s’agisse de piano gondolé, de choeurs affligés ou encore de claviers baroques à l’onirisme presque enfantin (A Genius with Crayons).

Quant au sens du tragique malmené aux effets de la SP-404 des O’ The Earth, Windmill Mirror (avec ces cascades de beats caractéristiques de l’Américain) ou de l’instru final Ferris Wheel Night Sounds (même si ce dernier donne quelque peu dans la facilité pour les amateurs de folk 70s avec sa boucle pitchée on ne peut plus évidente du classique Hey, Who Really Cares ? signé Linda Perhacs), il ne pourra que ravir les fans de ce rappeur à contre-courant des tendances aussi bien mainstream qu’indépendantes et donc d’autant plus précieux en 2025... et qu’importe si ce Bent Wooden Architecture demeure légèrement en retrait de ses meilleures sorties.