Maps - We Can Create
A l’heure où la pop anglaise, jadis ouverte aux quatre vents, commence à se refermer sur l’héritage de son passé pour mieux nourrir son ego-trip, l’anglais James Chapman, épaulé par le génial Valgeir Sigurðsson, opte en catimini pour la dérive des continents.
1. So Low, So High
2. You Don’t Know Her Name
3. Elouise
4. It Will Find You
5. Glory Verse
6. Liquid Sugar
7. To The Sky
8. Back + Forth
9. Lost My Soul
10. Don’t Fear
11. When You Leave
Alors que certains défendent encore l’idée d’une pop basée uniquement sur le songwriting, la mélodie et où tout le reste serait superflu (entre la médiocrité du dernier Shins et l’excellence du dernier Spoon, on aura pourtant vu cette année dans quelle mesure une grande production peut faire la différence), et que d’autres (ou les mêmes parfois) ne jurent plus que par une certaine tendance distanciée, maniériste et/ou grandiloquente qui aura, paraît-il, marqué l’année (encore excusable à ce stade chez les jeunes pousses de Menomena ou les vibrants Arcade Fire, elle aura pourtant vu passer son lot de ratages flagrants, à commencer par le dernier Sunset Rubdown), d’autres encore ont heureusement compris ce que la pop pouvait (devait ?) être en 2007, après 15 ans d’héritage de Massive Attack et du label Warp, de Radiohead ou My Bloody Valentine : un espace ouvert où le son prolonge la chanson tout naturellement, sans ostentation, lui donne une autre ampleur, une autre dimension. Où l’électro, au même titre qu’une instrumentation plus classique, sert à créer plus qu’une atmosphère, un véritable entrelac mélodique, bien loin donc du simple habillage de production.
James Chapman est ce ceux-là, et c’est sans doute la raison pour laquelle ce jeune anglais originaire de Northampton a fait appel, pour produire le premier album de son projet Maps, à un sculpteur de grands espaces et de cathédrales sonores comme la musique en connait peu.
Valgeir Sigurðsson, déjà croisé au côté de Múm le temps de leur chef-d’oeuvre Finally We Are No One , collaborateur privilégié de Björk depuis une petite dizaine d’années, producteur du superbe The Letting Go de Bonnie ’Prince’ Billy en 2006 et auteur de l’un des secrets les mieux gardées de l’année écoulée, le fantastique Ekvílibríum (sur lequel chantent Will Oldham, justement, et Dawn McCarthy de Faun Fables, déjà présente sur The Letting Go ) n’est ainsi pas étranger à la direction qu’a pris cet album en apesanteur, tout en profondeur de champ.
Sous l’impulsion des deux hommes, Maps apparaît donc comme un croisement réussi entre la pop atmosphérique des Doves, première sans doute à avoir su tracer un pont entre la tradition mélodique anglaise et les grands espaces électro islandais, le lyrisme presque féérique d’Ooberman (beaucoup de piano également chez Maps), le psychédélisme onirique de Caribou, et bien sûr My Bloody Valentine mais avec des nappes de programmations électro, de claviers analogiques, d’orgue et de petites percussions cristallines en lieu et place des guitares... qui lorgnent quant à elles sur les vibratos intenses de Sigur Rós.
Pour faire court, on pourrait également faire de Maps un "équivalent" pop et anglais du Boy In Static de Newborn (premier album dont on ne dira jamais assez à quel point il est indispensable à tout fan de Kevin Shields, des Cocteau Twins et The Notwist qui se respecte), notamment pour les merveilleux arrangements de cordes qui s’entremêlent à l’ensemble, au côté de ces cuivres "nordiques" particulièrement atmosphériques chers à Valgeir Sigurðsson, tandis que les sonorités de certains beats et autres programmations rappellent immanquablement la limpidité évanescente du 100th Window de Massive Attack.
Il fallait oser, avec un pannel d’influences aussi évident, intituler son album We Can Create ... mais c’est peut-être, justement, parce que ces influences, aussi assumées soient-elles, ne font pas pour autant partie de ces références pesantes que les post-modernes ont plaisir à citer pour faire oublier leur manque d’inspiration et de personnalité. Elles ont été, au contraire, parfaitement digérées par James Chapman (et Valgeir Sigurðsson), et incorporées à sa (leur ?) musique le plus naturellement du monde pour donner ces chansons enchanteresses ou parfois plus douloureuses, uniques en leur genre mais qu’il nous semble pourtant avoir toujours connues, telles l’amour au premier regard, cette expérience vieille comme le monde mais jamais deux fois identique dont nous parle l’album comme tant d’autres avant lui mais d’une façon encore renouvelée, toute personnelle.
Gageons donc qu’à l’heure où les dernières frontières tomberont, Maps sera en première ligne pour continuer de définir les contours de la pop de demain.
Pour découvrir Maps plus amplement, rendez-vous sur myspace où vous pourrez également écouter le magnifique inédit In Chemistry et la jolie reprise de Stay Another Day (du groupe... East 17, eh oui), également offerte au téléchargement gratuit via cette e-card du label Mute à l’occasion des fêtes de Noël. Il vous suffit pour cela de vous inscrire sur la mailing list de Maps.
Fans des Spacemen 3, Spiritualized et autres My Bloody Valentine mais aussi de Massive Attack ? Déçus par les derniers opus des Doves et de Boy In Static ? Réjouissez-vous, il ne vous reste plus que deux mois à patienter avant le retour de Maps. Enregistré dans ses studios Contino Rooms par Tim Holmes de Death In Vegas, lequel prend la suite de (...)
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