Si le projet de Victoria Legrand et Alex Scally, capitalisant sur l’héritage d’une scène dream-pop début 90s du label 4AD, de Slowdive et autre Mazzy Star sans vraiment apporter d’eau au moulin du genre, reste à notre avis très largement surestimé, la sortie de Bloom en 2012 avait éveillé un regain d’intérêt pour le duo dans ces pages, grâce à un songwriting plus aiguisé, des atmosphères en clair-obscur joliment travaillées et un apport plus contrasté des rythmiques. Un album qui n’aura pas vraiment donné de suite à la hauteur, même si Once Twice Melody l’an passé comptait ses beaux moments, malheureusement dilués dans un (double) album bien trop long et quelque peu inégal, qui avait au moins le mérite de se présenter en 4 chapitres pour faciliter la digestion.

Et si Beach House, finalement, c’était mieux en format réduit ? C’est ce que l’on se dit en tout cas en découvrant le chouette EP qui nous occupe ici, soit 5 morceaux seulement qui là encore ne changeront pas le cours de l’indie pop versant rêveuse mais évitent de ronronner en enchaînant les contrepieds, du massif et saturé American Daughter batterie et guitare électrique en avant à la ballade acoustique Devil’s Pool aux accents western (qui évoque plus que jamais Mazzy Star mais croisé pourquoi pas avec un Other Lives sous lexomil), de la synth-pop planante Enya-esque mais désarmante de candeur d’Holiday House au shoegaze feutré de Black Magic dont les guitares tourbillonnantes auraient été remplacées par des choeurs. A mi-chemin de la neurasthénie cotonneuse des débuts et des derniers albums avec leur chant plus affirmé et leur production densifiée, Become réunit des chutes de Once Twice Melody mais laissées de côté de toute évidence pour leur inadéquation avec l’atmosphère de l’album plutôt que pour une supposée infériorité. Pour preuve, l’EP apparaît au final bien plus réussi, culminant sur son morceau-titre aux arrangements piloérectiles sur lequel la mélodie vocale de Victoria Legrand, posée comme jamais, brille d’une sérénité trop souvent déjouée ailleurs par une tendance aux comptines acidulées.

Sans croire à un "tournant" dans la carrière du groupe, espérons que cette sortie idéale de concision donne au moins le ton d’un long-format futur...