Trois ans après un premier album homonyme unanimement salué par la critique, Alvvays s’attaque à un second Everest : celui du disque de la confirmation. Avec Antisocialites, les Canadiens n’avancent pas masqués. Ils affirment d’emblée la volonté de ne pas brosser l’auditeur dans le sens du poil.

Pour autant, les mélodies solaires continuent de s’enchaîner sur les dix titres qui composent cette nouvelle galette. Dès les premières mesures synthétiques du In Undertow inaugural dont les synthés en arrière-plan à la moitié du morceau ont tôt fait de raviver le spectre du Beautiful Freak de Eels, le ton est donné et les missives sautillantes s’enchaînent, atteignant dans ce domaine leur apogée sur un Hey explicite.

Molly Rankin et ses acolytes délivrent de nouveaux hymnes surf-pop lorgnant sur les univers de Best Coast ou Tennis. Malgré un soupçon de nonchalance, la Canadienne dont les intonations vocales rappellent parfois Alison Goldfrapp (Dreams Tonite) déploie une paradoxale verve. A vrai dire, elle n’a pas vraiment le choix si elle souhaite que son propos soit audible tant les instruments qui l’accompagnent, sans jamais être bruitistes, occupent tout l’espace.

Alvvays emprunte néanmoins un léger virage vers une synth-pop lumineuse, s’affirmant comme le yang d’un courant dont le yin serait Camp Claude. Not My Baby, véritable single en puissance placé au milieu du disque, fait en ce sens office de classique instantané avec ses arpèges teintés de réverb’ sur lesquels Molly Rankin place une voix aux effets dévastateurs.

Après avoir suscité les espoirs d’un nombre conséquent d’amateurs de surf-pop, Alvvays ne se renie donc nullement avec Antisocialites, que ce soit sur le fond ou au niveau de l’inspiration. L’amorce de quelque chose de légèrement différent apparaît et cette causticité émergente pourrait accoucher de nouvelles pérégrinations passionnantes pour les Canadiens.