Du trip-hop à l’ancienne. Voilà comment nous pourrions résumer en quelques mots, et de manière extrêmement concise, le son déployé par The Grus sur ces dix plages.

Deuxième long format des Russes après un Nest publié l’année précédente, Harvest est de ces disques qui puisent leur inspiration dans les origines d’un mouvement. Le son de Bristol en l’occurrence. Impossible de ne pas penser à Alpha (I Want Jesus To Walk With Me, When The Sun Is Going Down) voire Morcheeba (Across The Stars) à l’écoute de cet univers où la voix grave d’Alexandra Zhuravleva répand son spleen sur des instrumentations le plus souvent concoctées par Simon Gendor qui peuvent néanmoins être dominées par le piano de la dame (Golden Ground).

La rythmique est essentiellement downtempo. La mélancolie bien présente et les nappes de synthé nous renvoient directement vers les plus belles heures des années 90, quand émergeaient ces sonorités correspondant alors plus à une nécessité qu’à une pose ou une recette.

Le trip-hop n’est plus véritablement à la mode et le restaurer comme le font les Tveritains découle là aussi d’un élan vital. Le duo précise d’ailleurs que "pour nous, la musique n’est pas un moyen d’accéder à la popularité et au succès. C’est une thérapie, un anti-douleur, une dose de morphine. Nous ne nous considérons pas comme des créateurs. Nous essayons juste de transmettre des signaux via l’univers de nos chansons. Nous sommes juste un instrument".

Juste un instrument ? Peut-être, mais encore s’agit-il de le faire sonner de manière adaptée. Sans révolution artistique et en jouant sur un registre mineur, The Grus parvient en tout cas à produire une partition majuscule.