Cloud Cult - The Seeker
Comment débuter pour évoquer le nouvel album de Cloud Cult ? C’est qu’il y aurait bien des choses à dire sur The Seeker et il conviendra donc de procéder par ordre pour évoquer le dixième disque de la formation menée par Craig Minowa.
1. Being Born (Living in Awe)
2. To the Great Unknown
3. These are the Days to Remember
4. Come Home
5. No Hell
6. Everything You Thought You Had
7. The Time Machine Invention
8. Mene Mene Tekel Upharsin
9. Three Storms Before You Learn to Float
10. You Never Were Alone
11. Through the Ages
Relativement peu connu en Europe, Cloud Cult paye probablement sa congruence sur le plan écologique. Les sorties physiques sont imprimées sur du papier recyclé à l’aide d’une encre vegan, mais c’est surtout l’absence de grandes tournées – prendre l’avion étant exclu – qui nuit probablement à la popularité du combo.
Pour défendre The Seeker, les Américains ne font pas d’entorse à leurs principes et la tournée hivernale ne passera que par six états. Quand d’autres artistes auraient choisi de surfer sur le relatif succès des excellents Aurora Borealis (2004) et The Meaning Of 8 (2007), eux ont choisi de poursuivre leur chemin sans que cette petite notoriété ne modifie en rien leur conception de la chose musicale. Sans céder aux sirènes de la facilité, Cloud Cult n’a pas non plus radicalisé son propos pour effectuer un quelconque bras d’honneur à une industrie musicale envers laquelle on les imagine volontiers critiques.
Mais pour être tout à fait honnêtes dans la rédaction de cet avis, il faut bien avouer que depuis le début de la décennie, quelque chose s’était brisé avec Cloud Cult. Light Chasers (2010) puis Love (2013), sans être catastrophiques loin de là, n’avaient pas la même légèreté que leurs prédécesseurs.
Le panneau est dressé, et il permet de justifier en quelques mots pourquoi nous n’évoquons les Américains qu’aujourd’hui, avec plus de onze mois de retard sur la date de sortie du disque. Le manque de visibilité fait que nous l’avons découvert tardivement, ce qui n’est sans doute pas déconnecté du fait qu’ils avaient levé le pied sur leurs dernières sorties.
Mais nous l’avons dit, la magie opère de nouveau sur The Seeker. Alors quoi ? Comment l’expliquer ? Et si, justement, cela ne s’expliquait pas. Car la magie et la légèreté ne peuvent répondre à des critères objectifs. The Seeker fonctionne là où le diptyque précédent voyait le groupe marquer le pas, fait tout à fait acceptable et compréhensible après deux décennies de labeur.
Ce mélange de pop, de folk-rock et de baroque ne dépareille finalement pas des constructions précédemment repérées au sein du groupe, mais à aucun moment l’on ne sombre dans l’ennui ou l’excès d’emphase (bien que Come Home, malgré de délicats arrangements de cordes, s’approche parfois de la limite). Au contraire, The Seeker est un disque transcendant où se côtoient des aspects différents au sein d’un même titre pour mieux converger à son issue. Tel est le cas d’un Chromatica où se mêlent des nappes presque enfantines rappelant parfois le Eels de Daisies of the Galaxy et un souffle grave évoquant des formations plus bruitistes et qui plane comme un voile opaque sur un titre qu’il hante.
Une dimension plus granuleuse, presque glaciale, émerge également ici et là (You Never Were Alone), l’exemple le plus frappant étant probablement la première partie d’un No Hell qui évoque alors les premiers Sin Fang avant d’évoluer vers quelque chose qui se rapprocherait davantage du Funeral d’Arcade Fire.
Chœurs, arrangements de cordes, nappes fluides, souffle opaque. Les éléments semblent à la fois contradictoires et complémentaires. Il n’y a pas de règle, pas de recette sur ce disque. Que ce soit sur le plan musical ou commercial. La présence de Josh Radnor aka Ted Mosby de How I Met Your Mother sur un trailer du disque est en ce sens un agréable retour d’ascenseur pour l’utilisation de You Were Born, titre paru sur Light Chasers, dans un épisode de la saison 7 de la série.
Il est toujours agréable de voir des formations auxquelles on tient – et comment ne pas s’attacher au couple Minowa qui avait perdu sa fille en 2002 et a longtemps utilisé son art comme outil cathartique d’une manière toujours congruente avec de louables valeurs ? – revenir en grande forme après avoir légèrement marqué le pas. Tel est le cas ici et The Seeker fera probablement date dans la carrière de Cloud Cult.
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