Le streaming du jour #1169 : Sébastien Schuller - ’Heat Wave’
Sébastien Schuller n’est pas un homme pressé. Alors qu’il avait laissé quatre ans s’écouler entre Happiness et le parfait Evenfall, il lui en a fallu cinq pour accoucher de Heat Wave, disque sorti la semaine dernière. L’attente en valait-elle la peine ?
D’emblée, il va être difficile de cacher notre sympathie pour Sébastien Schuller. Nous avions ainsi interviewé l’artiste en 2009, peu de temps après la sortie de son chef-d’œuvre Evenfall par ailleurs classé à l’époque en cinquième place de notre classement annuel. Après cinq ans de mutisme, notre seuil d’exigence avait atteint son paroxysme. C’est nécessairement le cas lorsque l’on a de l’affection et de l’estime pour un artiste et son œuvre.
Ce seuil était-il trop élevé ? Probablement. En effet, si Heat Wave est indéniablement un bon album, il n’atteint pas les sommets de majesté d’Evenfall. Il n’est pas aisé de définir précisément les raisons pour lesquelles la magie opère ici moins que par le passé. Pris séparément, chacun des morceaux est efficace, les meilleurs d’entre eux renouant avec l’allégresse et la beauté à laquelle le Francilien nous a habitués tandis que les moins réussis contiennent néanmoins des éléments intéressants. On déplorera toutefois la présence accrue, surtout en début de disque, de synthés très ancrés dans les années 80, à l’instar de Regrets, Cold War ou encore Endless Summer, ce dernier titre constituant une vraie déception tant son chant élégant et sa rythmique galopante auraient pu en faire un morceau efficace et addictif sans ces accents rétro trop prononcés.
Totalement assumée par Sébastien Schuller, la démarche visant à réaliser un disque plus pop atteint ses limites lorsque l’artiste lorgne trop près de la coldwave, à l’instar de Memory - Les Halles ou Black Light. Pas désagréables, ces titres font néanmoins pâle figure à côté des sommets qui les entoure.
Nightlife, leur prédécesseur qui fut le premier morceau de ce disque à avoir été composé (il l’a été en 2010), en constitue assurément l’une des plus grandes réussites en mêlant pistes variées et vocalises en arrière-plan de telle manière que s’en dégage une mélancolie d’une rare intensité, pour autant jamais surjouée. As We Sleep In A Japanese Garden, leur successeur, est pour sa part époustouflant de beauté et a le mérite de raviver l’attention de l’auditeur qui, au vu de l’enchaînement précédent, aurait légitimement tendance à faiblir.
D’autres grands moments balisent le parcours de l’auditeur sur ce disque, du lumineux Silent inaugural au syncopé Desillusion tout en clarté. Au final, Heat Wave est assurément un bon album dont les passages à vide sont néanmoins rédhibitoires pour que l’on puisse le considérer autrement que comme un faire-valoir pour Evenfall. Quant au chemin qu’il empruntera pour son prochain album, l’artiste dispose déjà d’une base de nouveaux morceaux contemplatifs mais reconnaît l’ "envie de faire des morceaux club, de ne pas descendre en dessous d’un certain tempo". Au vu des forces en puissance sur ce disque, espérons qu’il privilégie la première direction...
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