Troisième album solo pour le bassiste/violoncelliste de Tupolev, qui déambule, contemple, médite et vibre avec les astres au gré de ces 8 instrumentaux nébuleux dont les tâtonnements graciles et poétiques offrent au post-rock et à l’ambient un terrain de jeu inédit.

Également croisé au sein de port-royal, le Viennois, Ukrainien d’origine, partage en effet avec le combo italien un goût certain pour les échappées cosmiques, l’emphase en moins. En témoigne ce fabuleux Serza, qui fait honneur à l’ambition chère à son propre label Valeot Records d’explorer toujours plus avant les tenants et aboutissants du post-rock des origines, ces contrées mouvantes qui le voyaient entrer en friction avec le foisonnement vaporeux de l’électronica, la grâce épurée de l’ambient acoustique et la liberté du jazz à l’époque des Talk Talk, Labradford, Bark Psychosis et autres Gastr Del Sol.

C’était avant que les recettes électriques et dramaturgiques de Mogwai et GY !BE ne fassent des petits et n’enterrent le genre sous des montagnes de suiveurs sans talent, une tendance à laquelle Valeot continue heureusement d’échapper grâce à ce genre de disques où lyrisme feutré et télescopages aventureux font bon ménage. Épaulé notamment par Martin Siewert (Trapist) aux guitares et au mastering, ses compères de Tupolev Peter Holy (piano), Lukas Scholler (électronique) et David Schweighart (batterie), ou encore Giulio Aldinucci - auteur l’an dernier de l’excellent Tarsia chez Nomadic Kids Republic - le temps d’un Different aux radiations synthétiques pénétrantes, Serza œuvre ainsi en dehors de tout repère sensoriel et de toute idée préconçue, explorant non plus les points de convergence entre mélodie et atonalité, groove et déconstruction comme avec le jazzy Towers Of Sparks de Tupolev il y a deux ans mais bien ces zones de frottement tectonique aux confins de l’abstraction texturée et d’une instrumentation plus classique, de l’apesanteur et de la gravité, du silence et de la saturation, du rêve et de l’introspection :