Nick Cave & The Bad Seeds - Push The Sky Away
Après avoir composé avec l’aide de son fidèle compère Warren Ellis quelques très belles BO pour leur compatriote John Hillcoat (lequel doit également à l’Australien les scénarios de The Proposition et Des hommes sans loi ) mais également les scores tout aussi remarquables de L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford et de son propre roman La mort de Bunny Munro sorti en audiobook, on espérait autre chose de Nick Cave qu’une énième resucée de rock déglingué-mais-pas-trop. Et ça tombe bien puisque avec Push The Sky Away, première sortie de son label Bad Seed Ltd., l’auteur de Murder Ballads ressort les chœurs et les violons pour nous offrir peut-être bien son disque le plus introspectif et caressant depuis quinze ans.
1. We No Who U R
2. Wide Lovely Eyes
3. Water’s Edge
4. Jubilee Street
5. Mermaids
6. We Real Cool
7. Finishing Jubilee Street
8. Higgs Boson Blues
9. Push The Sky Away
Terme souvent galvaudé, la notion d’album de la maturité prend pourtant tout son sens ici. Finies les redites bien troussées façon Abattoir Blues ou carrément décevantes à l’image du poussif Dig, Lazarus, Dig !!! ou des deux Grinderman plus efficaces mais tout aussi vite oubliés, Nick Cave a décidé qu’il n’avait plus rien à prouver aux aficionados de son garage-blues psychotique et peut enfin se contenter d’écrire de belles chansons finement orchestrées, entre deux retours de flamme baignés d’une tension plus feutrée (Wide Lovely Eyes, We Real Cool).
Des ballades donc, romantiques et sensuelles - à l’aune de cette cover sépia prise dans la propre chambre du chanteur et dévoilant avec autant d’élégance que de retenue la féminité de sa compagne le mannequin Susie Bick - mais pas dans la veine classique de The Lyre Of Orpheus qui suintait l’américana et le gospel par tous les pores. Car si Nick Cave a retenu quelque chose de son expérience cinématographique c’est avant tout cet art de la progression dramatique, maîtrisé comme rarement sur Jubilee Street dont les cordes élégiaques et les chœurs rédempteurs (réminiscents du Gainsbourg de la grande époque et de son Cargo Culte) sur fond du violon lancinant d’Ellis au second plan émergent par touches subtiles au gré des fluctuations de tempo, garants d’un lyrisme jamais envahissant.
La recette fonctionne tout aussi joliment sur We No Who U R, premier single et morceau d’ouverture de l’album dont les discrets mais néanmoins délicieux arrangements subliment les quelques boucles minimalistes qui servent de trame à un titre hanté par la voix de l’Australien, à mi-chemin entre pudeur et nonchalance sur un refrain dont les paroles menaçantes contrastent avec tant de délicatesse. Mais si l’on rajoutera volontiers à ces quelques sommets le très dépouillé Push The Sky Away qui conclue l’album de la plus belle des manières et finit de le rapprocher des complaintes à nu de The Boatman’s Call, il convient de ne pas réduire à sa dimension intimiste ce quinzième opus de haute volée, qui nous gratifie tout de même de quelques sursauts plus névrosés à l’instar de l’intense Water’s Edge ou du final électrique d’un Higgs Boson Blues pétri de spiritualité et d’angoisses métaphysiques.
Désormais seul rescapé de la formation originelle, avec le vétéran Barry Adamson de retour à la guitare et au piano sur la tournée – Mick Harvey ayant quitté le groupe en 2009 – Nick Cave joue ainsi au parfait équilibriste en proposant un album chargé en émotions qui ne sombre jamais pour autant dans le maniérisme ou la facilité. Du grand art.
En écoute chez The Guardian ou Télérama, Push The Sky Away sort officiellement le 18 février. Nick Cave & The Bad Seeds seront en concert lundi soir au Trianon (Paris).
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