2021 - l’équipe IRM fait (enfin) son bilan
Seule une partie de l’équipe ayant eu le loisir de partager ses préférences musicales de 2021, c’était l’occasion de tenter un premier bilan commun en 8 ans. Face à cet exercice toujours difficile et même probablement un peu plus chaque année de par la disparité et le nombre de nos écoutes, nous avons choisi une formule plus égalitaire : 30 albums classés par ordre alphabétique, 5 par rédacteur pour un maximum de diversité et surtout, parce que les vrais coups de coeur de chacun vaudront toujours mieux qu’un consensus mou. Entre deux albums déjà mis en avant dans nos tops mensuels ou via les sélections d’Elnorton et Rabbit précédemment publiées, vous y découvrirez ainsi une douzaine d’avis inédits et peut-être même quelques pépites passées entre les mailles du filet...
Les 30 albums 2021 de la rédaction d’IRM (alphabétique)
/A\ - /A\
Dans une chronique déjà presque ancestrale, leoluce avait tout dit sur cet album magistral, donc je ne peux qu’ajouter quelques impressions personnelles et insignifiantes pour expliquer pourquoi il est selon moi le meilleur album de l’année. En fait, en lieu et place d’impressions, il y a une flamme, une flamme qui brûle dans mon cœur d’ado perpétuel, une flamme pour Émilie Zoé, la plus éminente rockeuse de l’empire helvétique. Déjà autrice d’un album superbe en 2018, The Very Start, elle poursuit ici son œuvre noire et sensible, toujours accompagnée de son batteur simple et perspicace, Nicolas Pittet. Mais ce qui rend cet album et ce nouveau projet uniques, c’est le contraste offert par la voix rugueuse de Franz Treichler (The Young Gods), dont le timbre nasal et rocailleux répond parfaitement au souffle suave et flûté de la chanteuse. Le trio s’est idéalement trouvé pour produire ces atmosphères hantées captivantes, cet indie rock à la fois solide et aérien, ces chansons évidentes et efficaces. Un album tout simplement incontournable.
(Le Crapaud)
Ad Nauseam - Imperative Imperceptible Impulse
S’il ne fallait garder qu’un seul album de death metal pour l’année 2021, ce serait pour moi sans conteste celui-ci. 6 ans après l’immense Nihil Quam Vacuitas Ordinatum Est, les rejetons italiens de Gorguts continuent à partager la couche d’Ulcerate et d’Imperial Triumphant en s’imposant en techniciens de sous la surface, de la catégorie de l’aliénation du riff au service de l’ambiance et non de l’égo. Les notes, les frappes, la vitesse, les dissonances, les quelques arpèges et accords bien placés (notamment ceux qui viennent conclure le méfait durant 4 longues minutes en final de l’excellent Human Interface To No God) ne sont pas là pour impressionner mais pour conduire d’abord à la nausée, puis ensuite à l’addiction. Le trio impose sa règle des trois I pour narrer le tumulte des abysses avec un son nettement plus ample et plus brutal, inconfortable et douloureux. 6 années supplémentaires, ce serait beaucoup trop long pour apaiser la blessure...
(Riton)
Aries Death Cult - GAEA
"Ils avaient déjà envoyé du lourd en milieu d’année avec The Lunarians mais Aries Death Cult, duo composé d’Eddie Palmer de Cloudwarmer et de Konejo, a composé l’un des chefs-d’oeuvre de l’année écoulée avec GAEA. Plus encore que son prédécesseur, ce disque mêle habilement les univers des deux artistes, là où le premier portait peut-être un peu plus le sceau de l’Américain. Trip-hop onirique basé sur des samples mélancoliques savamment déformés, ou plutôt transformés voire métamorphosés, et des beats délicieux, GAEA admet également de nombreux samples vocaux et ne laisse, au cours de cette hypnotique bande originale imaginaire, que peu d’espaces de respiration sans jamais apparaître surchargé. Tout est cisaillé et manipulé avec précision, les basses, discrètes mais essentielles, augmentent une tension permanente, si bien qu’après plus d’une heure d’écoute - qui compose encore d’aussi longs albums sans céder à l’écueil du remplissage ? - il faudra se retenir pour ne pas le réécouter, encore et encore. Fabuleux."
(Elnorton)
Armand Hammer & The Alchemist - Haram
Je ne vais pas faire semblant d’avoir « compris » cet immense album de Billy Woods et Elucid parce que, franchement, je ne connais pas la plupart des références utilisées par le duo et beaucoup de métaphores me dépassent complètement, sans parler d’à quel point ma propre expérience de vie est radicalement différente de la leur. Je ne vais pas faire semblant mais, à chaque couplet, j’ai l’impression de me prendre un camion de plein fouet dans la gueule ! Je ne vais pas faire semblant tout simplement car eux ne font pas semblant ! Depuis bientôt 10 ans et History Will Absolve Me (ça ne nous rajeunit pas), chaque année, consciencieusement, Billy Woods et/ou Elucid sortent une bombe, une bande-son massive, sombre et mutante chaque fois profilée pour escorter nos interrogations angoissantes sur l’humanité, les injustices, les interdits, le pouvoir et la façon dont il est (mal) exercé. Haram ne déroge pas à la règle et l’excellent travail de The Alchemist à la production transforme l’album en une unité sonore frontale et sans compromis de 40 minutes. Alc fait son truc (c’est-à-dire faire 14 des meilleurs beats de l’année, je dis « beats », mais son travail va bien plus loin, il est fait de discrétion, de textures, de filtres, de calques, d’inserts, de génie quoi) tandis que Billy Woods et Elucid rappent. C’est le rap qui est au centre, The Alchemist l’a bien compris, il les a laissés parler et c’est magnifique.
(Spoutnik)
Babelfishh - Coma Worthy
"Rescapé de la grande période du label anglais Decorative Stamp de James P. Honey et Jamesreindeer, c’est un petit évènement que de retrouver le Washingtonien Scott Huber, après quelques années aux sorties plus espacées, avec un chef-d’œuvre absolu de rap lo-fi sans concession dopé à la noise, à l’indus et aux productions de Sixtoo et d’Odd Nosdam chez Anticon il y a 15 ou 20 ans mais également au punk hardcore (Hollow Badges) ou même au black metal pure souche (Sangre Negra). Quelque part entre les flows de conscience abrasifs et désespérés du Sole de Live From Rome (No More Thanksgiving), les cordes plombées des compères A Band of Buriers (The Worst Thing Imaginable, Wednesday Foodbank), le noise rap de Techno Animal (Writhe in the Ailments) et tout ce que la musique bruitiste peut mêler d’urgent, de névrotique et de décharné, Coma Worthy offre ainsi une digne suite, 8 ans après, à l’apocalyptique et libertaire Howl Bender avec un petit quelque chose en plus, peut-être dans sa construction ou sa progression, qui le rend particulièrement addictif et propice aux écoutes répétées, en dépit de son inconfort assumé à faire passer Dälek pour un descendant du daisy age."
(Rabbit)
BIG|BRAVE - Vital
"Avec Vital, BIG|BRAVE demeure insaisissable : lourd et léger à la fois, compact et filandreux, clair et obscur. Une nouvelle fois, on sait qu’il faudra multiplier les écoutes sans pour autant être tout à fait sûr d’en faire le tour. La simplicité n’est qu’apparente et une fois qu’on égratigne la surface, on tombe sur une nouvelle surface qu’il faudra aussi égratigner et continuer ainsi jusqu’à ne jamais atteindre le cœur. Il y a beaucoup d’impalpable là-dedans. De prime abord, celui-ci (le premier enregistré avec Tasy Hudso à la batterie) apparaît un poil plus frontal que l’immense A Gaze Among Them (2019) mais ce n’est qu’une perception fugace. Le silence est imposant, les strates de guitares, féroces et par-dessus, la voix de Robin Wattie batifole et hypnotise : habitée, déchirante, elle mène par le bout du nez. L’écrin qui la cerne, tout en tension, offre de multiples embranchements derrière le minimalisme affiché et c’est encore une chute vers un sol qui se dérobe sans cesse. On rentre dans le disque sans jamais en sortir vraiment."
(leoluce)
Blockhead - Space Werewolves Will Be The End Of Us All
"James Anthony Simon souffle le chaud et le froid et, après une décennie passée à alterner les très bons albums (Funeral Balloons) et les sorties plus anecdotiques, le voilà qui renouait avec ses fulgurances du début du siècle, quelques semaines avant de partager auprès d’Aesop Rock un Garbology moins indispensable bien que correct. Space Werewolves Will Be the End of Us All est probablement la plus grande réussite de l’artiste depuis le sommet The Music Scene en 2009, et l’on se délecte de ce foisonnement de samples lumineux, rythmés, allusifs et remplis de vie tout simplement, qui confortent Blockhead dans un statut de figure majeure de l’abstract hip-hop, dans un registre finalement proche de celui de RJD2 mais avec un ton plus décalé et parfois quasi-autoparodique mais suffisamment de sérieux et de finesse pour que l’élégance et l’envoûtement finissent toujours par l’emporter."
(Elnorton)
CAPRA - In Transmission
"Capra, c’est le metal hardcore et chaotique comme on lui demande de se tenir. Des riffs puissants et complexes, souvent déchirants, des arrangements alambiqués, des structures labyrinthiques, quelques blasts quand il faut, et surtout, une voix, omniprésente, vénère, déter, éraillée et cette voix, cette fois est féminine. Le quatuor, venu de Lafayette en Louisiane, charpenté par un batteur décontracté mais perspicace et un guitariste très concentré et virtuose, a d’abord tourné avec un chanteur barbu dont la voix, il faut le reconnaître, pouvait être confondue avec d’autres, en particulier avec celle d’un groupe dont ils semblent très admiratifs (au point de les imiter souvent) : Converge. Avec l’arrivée de la chanteuse Crow Lotus au micro, Capra a trouvé son identité et sa différence. On espère les voir prochainement dans un lieu étroit et lugubre pour mieux vibrer au son de leurs beuglantes agressives et sentir avec eux la moiteur torride de leur Louisiane originelle."
(Le Crapaud)
Nick Cave & Warren Ellis - Carnage
"Après avoir passé une bonne partie de l’année à écouter quasi-compulsivement les derniers albums de Nick Cave, je n’avais, sans doute refroidi par quelques critiques, pas accordé la moindre écoute sérieuse à ce Carnage. A tort. Si cet opus est, peut-être, un poil plus inégal que l’excellent Ghosteen, et ce malgré sa durée moindre, il n’en possède pas moins de jolies fulgurances (Hand of God, Old Time, White Elephant ou Shattered Ground) qui, sur un album composé de huit titres pour une durée de quarante minutes, en représentent au moins la moitié du contenu. Le reste étant tout à fait acceptable, nous bénéficions ici d’une jolie collection, cohérente qui plus est, de ballades envoûtantes aux confins de l’ambient vaporeuse et d’un rock plus musclé, dans le plus pur style de Nick Cave et Warren Ellis dont l’influence est décidément croissante au point que l’Australien s’affranchisse de ses Bad Seeds pour faire apparaître le nom de son acolyte au moment de signer cet album. Ceux qui ont apprécié Ghosteen et Skeleton Tree apprécieront Carnage à sa juste valeur, celle d’un disque habité et chargé d’ambiances intimistes et de bonnes idées musicales, alors que ceux qui se sont arrêtés au sommet Push The Sky Away laisseront vraisemblablement passer ce nouveau train."
(Elnorton)
Cloudwarmer - The Covidians Sharpen Their Teeth
"Eddie Palmer et Brett Zehner continuent à sortir des disques de manière frénétique, sans lésiner sur la longueur puisque celui-ci s’étend sur plus d’une heure. Les ex The Fucked Up Beat ajoutent donc un chef-d’œuvre à une discographie qui, de The Climate Detectives Study Nostalgia And Terror In The Dreams of Middle America à The Happening At Groom Lake, n’en manque pas alors que le projet n’a débuté que trois années plus tôt.
Sur ce nouvel opus, les amateurs de manipulations à base de boucles synthétiques à tendance Lynchienne, jazzy ou trip-hop, d’arrangements de cordes, cuivres dynamiques et effets divers sur des beats tranchants seront ravis. Le duo américain ne se refuse pas le plaisir de multiplier les contrepieds dans une atmosphère à la fois hantée façon DJ Shadow de l’époque Endtroducing... voire Psyence Fiction (avec James Lavelle) et accessible à la manière, nous l’avons déjà évoqué au sujet de Cloudwarmer, d’un Funki Porcini. Les éléments s’imbriquent, se superposent, fusionnent et se séparent à la vitesse de la lumière, le groove des instrumentations, la production globale et le travail sur les parties vocales samplées contribuant à accélérer la perception du temps - un temps dont il est évidemment question sur ce disque qui aborde en toile de fond le changement climatique et la crise sanitaire, choisissant de joindre à la contestation l’ironie."
(Elnorton)
Evidence - Unlearning Vol. 1
Unlearning Vol. 1, c’est 14 titres et pas un raté ; tout ça en 40 minutes oscillant calmement entre boom-bap abstrait et traditionnel. Pas de barres gaspillées, pas de productions hors de propos, pas de fioritures, Evidence plaque son flow calme et régulier sur son hip-hop semi-minimaliste. Avec les Dilated Peoples ou en solo, le rappeur/producteur californien enchaîne donc les sans faute et les invités de qualité sont là, notons ici The Alchemist, Nottz, Animoss, Mr. Green, V Don ou encore Daringer à la production et Boldy James, Conway The Machine, Fly Anakin ou Navy Blue au micro. Certainement l’album que j’ai le plus écouté l’année dernière et même encore maintenant il tourne et fonctionne particulièrement bien, surtout quand le soleil pointe le bout de son nez.
(Spoutnik)
Fawn Limbs - Darwin Falls
Parler d’expérience concernant Darwin Falls ne serait qu’euphémisme à tous les niveaux : pour l’auditeur, qui bien assis sur son fessier n’était évidemment pas prêt... pour le trio américano-finnois, qui non content d’être exemplaire depuis 2018 et l’EP Thrum se complait dans le surpassement et les mutations. Du grind épileptique survitaminé de Harm Remissions (qui trônait fièrement à la seconde place de notre top metal 2019) et de l’arythmie maladive de Sleep Vessels ne reste presque qu’une volonté évidente d’annihiler le conduit, dans une démarche plus nuancée et narrative. Plus chaotique et bruitiste que jamais, ce dernier long format fait surtout la part belle aux ambiances, celles d’un western post-apocalyptique façon Meshuggah meets Morricone, ponctué par un récit d’outre-tombe offert par le batteur Lee Fischer (et par une armada d’instrumentistes ’’classiques’’ invités) dans lequel la brute a terrassé le bon et s’en vante au truand.
(Riton)
Fire ! - Defeat
Après plus de 12 ans et 5 albums à explorer les méandres du free jazz, Fire ! est revenu cette année avec une œuvre chaude et boisée. En ouvrant et en fermant cet album par deux morceaux où il embouche la flûte, le saxophoniste Mats Gustafsson enrichit la palette de son trio avec des volutes aériennes, débordantes de souffles et traversées de cris cathartiques. Ces deux morceaux dépouillés encadrent les autres titres où le trio, comme à son habitude, partage la scène avec des invités qui imprègnent l’album d’une certaine sonorité. Ici, c’est le trompettiste Goran Kajfes et le tromboniste Mats Aleklint qui accentuent la tonalité orientale du disque. Si on préfère la version Dolby Surround du groupe, avec toute la clique du Fire ! Orchestra, on sera tout de même satisfait de retrouver ici les boucles lancinantes de la basse et le rythme chaloupé de la batterie sur de longues plages où improvisent les cuivres, où les soli décollent et se déchirent, sur un matelas de mousse confortable et régulier. A la fois brûlant et apaisant.
(Le Crapaud)
Masayoshi Fujita - Bird Ambience
"Impressionné comme jamais par ce nouvel opus du Japonais, on en vient à se demander ce qui a vraiment changé, au fond, sur Bird Ambience par rapport aux déjà superbes Apologues (2015) et Book of Life (2018). Serait-ce donc un surcroît d’ambition narrative dans les constructions de ces 12 titres qui donne à cet album, pourtant toujours aussi mélodique et apaisant, un aspect plus labyrinthique ? Davantage de retenue dans le lyrisme par la disparition soudaine de ces cordes cinématographiques qui venaient parfois étoffer les harmonies du vibraphone, comme toujours central dans l’œuvre du musicien ? Un regain d’expérimentation qui s’insinue discrètement dans des compositions pourtant encore plus sereines qu’à l’accoutumée ? A moins qu’il ne s’agisse de cette sensation d’entendre les percussions se fondre peu à peu dans les nappes de synthés éthérées pour laisser place sur certains morceaux tels que Nord Ambient ou Fabric à de véritables méditations célestes d’une grâce invraisemblable ? On n’en percera peut-être jamais totalement le mystère mais le fait est que Masayoshi Fujita vient de sortir son plus beau disque."
(Rabbit)
J’Entre Par Tes Yeux - J’Entre Par Tes Yeux
"Quel drôle de truc ! Tout à la fois drastiquement minimaliste et complètement enveloppant. C’est vraiment froid, très énigmatique, franchement industriel et cérébral mais ça s’emberlificote aux neurones pour ne plus les lâcher. L’électronique fait jeu égal avec la voix, l’une répond à l’autre ou les deux s’amoncellent et ça construit des enclaves hirsutes que l’on pourrait croire en charpie si tout n’y était pas si millimétré. Ne pas se fier pourtant au catadioptre géométrique de la pochette car à l’intérieur, rien n’est droit. Ça crisse et ça gronde, ça infrabasse et ça psalmodie, c’est volontiers renfrogné et le duo n’arrondit jamais les angles : clairement, il n’y a rien d’aimable et pourtant, encore plus clairement, on aime.
Les morceaux agissent comme des genres de mantras organico-synthétiques qui, du cerveau, se diffusent aux pieds et en les écoutant, on a souvent envie de danser. C’est complètement obsédant et bruitiste, ça touche autant à la techno qu’à l’ambient, à la noise qu’au synth-punk et tutti quanti sans être jamais complètement dedans. C’est bien sûr compliqué à circonscrire, complètement pelé mais aussi très racé. J’Entre Par Tes Yeux n’appartient qu’à lui, il fait penser à tout un tas de trucs mais à rien de particulier et on construit une relation très étrange avec le disque et sa musique. Il faut dire aussi qu’il réunit Alice Dourlen et Julien Louvet et que ce que l’on entend leur ressemble entièrement. Qui d’autre pour sortir un truc pareil qui s’assume complètement, à la fois jusqu’au-boutiste et surprenant ? Bref, on n’est pas vraiment étonné d’être étonné."
(leoluce)
Ka - A Martyr’s Reward
Après Grief Pedigree, The Night’s Gambit, 1200 B.C., Days With Dr. Yen Lo, Honor Killed The Samurai, Orpheus vs the Sirens et Descendants of Cain, arrive A Martyr’s Reward et avec lui, Ka plonge encore plus profondément dans l’intime, le mystique et le sublime. Habitué à nous conter des histoires le long d’albums aux concepts centraux forts et marqués, le rappeur/producteur new-yorkais nous raconte ici la sienne d’histoire dans le décor violent du New-York des années 90. Ça n’est pas nouveau puisque Ka transpire la rue et d’une certaine façon, il en est son visage le plus glacial et brutal. Pour faire simple, le style monolithique de Ka emmerde ou fascine, ses albums endorment ou hypnotisent. Celui-ci ne déroge pas à la règle, même si, à la manière d’ Orpheus vs The Sirens, le package me paraît moins obtus, A Martyr’s Reward grâce à une production plus texturée sonne finalement comme l’opus le plus « facile » d’accès de la discographie du bonhomme. Encore un grand Ka !
(Spoutnik)
L’Envoûtante - Espoir Féroce
Quand d’aucuns prétendent voir de la sociologie dans les propos naïfs et confus d’un rappeur de variété française, d’autres, comme ici, préfèrent tendre l’oreille ailleurs, vers une marge qui explore des formes musicales mixtes, aventureuses, et qui n’hésite pas à dire les choses clairement. Cela nous a fait tomber sur cet album. Deuxième de ce duo palois, Espoir Féroce est un hymne aux victoires sociales, arrachées par une lutte acharnée contre un ennemi explicitement nommé (le capitalisme, l’idéologie libérale, le patriarcat) et contre ses propres plis (Désirs Bourgeois). Dès le premier titre, Sachez ça d’emblée, les choses sont claires : “je sais pas me battre, mais je sais me cacher”, c’est l’alternative non viriliste d’un garçon sauvage qui réfléchit aux modalités de la bagarre quand il s’agit de la faire sans mobiliser les armes de l’adversaire. Avec sa voix androgyne et son phrasé à la Casey, le rap de Bruno Viougeas passe d’un constat désenchanté du délabrement du monde à des prescriptions revigorantes (Dans ton festif, Recréer le lien), il émeut et insuffle en même temps l’espoir. A ses côtés, le batteur Sébastien Tillous attise le feu. L’acoustique profonde de son instrument appuie, comme un John Bonham du Béarn, les mots balancés du be-boy. Les instrus sont lourdes, rock, parfois trip-hop, avec toujours un beat massif et des vrombissements puissants. Un album qui galvanise, à se mettre dans les oreilles pour aller en manif !
(Le Crapaud)
Luggage - Happiness
"Le truc s’appelle Happiness et dès les premières notes, on saisit le sens de l’humour très particulier de Luggage. On comprend aussi qu’il est calé sous la peau pour un petit bout de temps. Très court, très triste et très beau. Il s’éloigne, comme à chaque fois, du précédent tout en conservant les grands traits principaux : répétition, angles droits, sècheresse, voix mi-chantée mi-parlée, attributs noise et revêches dans une ossature essentiellement post même si tout cela ne veut plus rien dire et surtout, une volée de flèches neurasthéniques en plein cœur.
Grande économie d’effets pour impact maximum donc : qu’il s’agisse de la scansion fatiguée de Michael Vallera, de sa guitare hérissée, des ondes tracassées de la basse (Michael John Grant) ou de la frappe sèche de la batterie (Luca Cimarusti), tout s’accorde pour incurver la course des idées vers une zone aux contours mal définis où le patraque montre une belle énergie et la vitalité est salement exténuée. Et toujours ce goût prononcé pour la mélodie charbonneuse qui affleure par tous les pores de ce petit bout de plastique calciné.
Happiness, c’est du Luggage désossé, toujours plus proche de l’épure alors que le son s’est paradoxalement épaissi. Un disque qui rompt avec les précédents tout en restant exactement sur le même chemin anguleux, lent et répétitif.
C’est court, c’est grand, c’est beau."
(leoluce)
Mach-Hommy - Balens Cho (Hot Candles)
En 2021, après avoir signé la paix avec ses anciens potes de Griselda et sorti avec eux le brillant Pray for Haiti très influencé par Westside Gunn, Mach-Hommy et son visage masqué sont revenus avec un album surprise, court, introspectif, plus urgent et personnel, ce sublime Balens Cho (Hot Candles). Avec deux sorties de cette qualité la même année, difficile de ne pas faire la comparaison : la toile de fond reste la même, Haïti, mais là où Pray For Haiti s’arrêtait, Balens Cho prend la suite et délivre un message hip-hop complémentaire dans un format différent. Là où Pray for Haiti dénonçait, Balens Cho tente de construire. Avec des paysages sonores beaucoup plus élégants et jazzy, avec un flow plus apaisé, plus de délicatesse et de calme, cette deuxième sortie estampillée 2021 est une petite merveille qui, tout en restant cohérente avec son passé, transforme le personnage du emcee du New-Jersey pour le faire apparaître sous un nouveau jour. Quel chemin Mach-Hommy prendra-t-il dans le futur ? 2022 nous le dira peut-être.
(Spoutnik)
Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp - We’re OK. But we’re lost anyway.
"We’re OK. But we’re lost anyway., nouvel album de l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp dans sa version quasi-XXL est un enchantement. Il se situe dans l’exacte lignée de son prédécesseur, l’inusable Sauvage Formes, tout en correspondant pile-poil à son titre et en insufflant donc une forme de fatalisme fatigué qui correspond bien à notre monde nouveau de plus en plus faisandé.
On y trouve pas mal de paradoxes qui exacerbent les traits originels de l’Orchestre, appuyant sur son côté foisonnant tout en mettant bien en avant ses atours ténus : c’est recroquevillé mais ample, ils sont nombreux mais sonnent comme s’ils ne l’étaient pas et si on les reconnait immédiatement, on se rend compte qu’il y a encore beaucoup de voies nouvelles à explorer.
Ce qui frappe d’emblée, c’est l’arrière-plan infiniment travaillé et ciselé, le charivari percussif, les cordes élégantes, les chœurs et les cuivres qui insufflent une force incroyable aux divers morceaux. Le Puissant Marcel Duchamp compte douze membres (et quelques renforts) qui jamais ne se marchent sur les pieds : le nombre n’est pas dévolu à la puissance, il l’est à la nuance et même si l’espace qui lui est laissé est forcément restreint, le silence s’invite souvent dans l’équation (jusqu’à lui dédier un titre superbe en fin d’album), décuplant la force de chaque instrument. Le marimba tintinnabule follement, la contrebasse résonne gravement, les cordes extirpent des larmes amères, les cuivres, des sanglots, la guitare se fait discrète mais n’en reste pas moins déterminante et la voix, plus que jamais, transporte : encore une fois, un enchantement."
(leoluce)
Parallel Action - Parallel Action
"Ce premier long format du musicien électronique londonien Jude Greenaway sous son nouvel alias Parallel Action lui permet au passage d’inaugurer le label C7NEMA100 dédié aux soundtracks imaginaires hybrides et mélangeurs. Et autant dire d’emblée que ce LP en est un beau, revisitant l’héritage du son de Bristol dès l’inaugural Waiting On You marchant sur les traces du Massive Attack d’Unfinished Sympathy, le crescendo d’intensité et l’affliction du chant aidant. De l’abstract hip-hop équilibriste de Rawk au rap féminin urbain et ténébreux de Connect The Dots, du future jazz virtuose et texturé d’un Colours & Chords lorgnant sur l’inimitable Funki Porcini au trip-hop orchestré d’Always Future en passant par le dubstep évocateur et insidieux de 10/10, le hip-hop irradié aux drums organiques de The Racket ou la tension lourde de Blazing, le musicien épaulé de plusieurs rappeurs et vocalistes réinsuffle de la vibration instrumentale et des atmosphère intrigantes dans un genre aujourd’hui trop délaissé ou devenu à tort synonyme d’easy listening pour bobos, privilégiant les instrumentaux pour inventer le chaînon manquant entre DJ Shadow, Monk & Canatella ou Red Snapper et les productions capiteuses des Heliocentrics ou du Hidden Orchestra. Merveilleux."
(Rabbit / choix : Riton)
Pays P. - Ça v aller
"Il y a d’abord ce nom énigmatique : Pays P. Comme tronqué. "Pays P." ? Il manque quelque chose, non ? Puis le titre de l’album : Ça v aller . Non, mais ça va pas du tout en fait ! Il manque vraiment un truc. Le graphiste était bourré ? Il faut écouter…
C’est par un gros larsen que ça s’ouvre, comme tout bon disque de noise rock. Ça part sur un groove sec à la Shellac. L’arpège gras d’une guitare saturée. La batterie est lourde, confine au stoner. Quand arrive la voix d’une femme désabusée, une voix caverneuse et désincarnée. Les premiers mots sont balancés, déclamés et d’emblée ils interpellent. C’est un verbe à tiroirs aux double-fonds troués. Labyrinthiques, sibyllins, aventureux, les 7 titres de ce deuxième album du trio parisien font retentir la voix d’une Brigitte Fontaine du XXIeme siècle, ou d’un Léo Ferré sans barbe. Cet album, si mystérieux d’aspect, chez moi tourne en boucle et offre à chaque écoute un peu plus de profondeur torturée. A dévorer sans attendre !"
(Le Crapaud)
Prefuse 73 - The Failing Institute of Drums & Other Percussion
"4e volet d’une série de sorties thématiques, The Failing Institute of Drums & Other Percussion est jusqu’ici le plus typique de ce à quoi nous a habitués depuis maintenant près d’un quart de siècle le touche-à-tout Guillermo Scott Herren sous l’alias Prefuse 73. C’est aussi le meilleur, et peut-être bien sa plus belle réussite sous ce patronyme, en tout cas la plus enthousiasmante depuis les deux premiers albums du projet, Vocal Studies + Uprock Narratives et One Word Extinguisher. Le musicien s’y est en effet adjoint les services de deux batteurs et percussionnistes qui apportent à ses constructions rythmiques une sensation de liberté flirtant avec le jazz et l’improvisation, et surtout une qualité organique voire boisée épousant à merveille les textures ambient et les mélodies cristallines de ces vignettes électronica/hip-hop plus rêveuses et bucoliques que jamais. Pas un hasard s’il y est question à plusieurs reprises, et même par field recordings interposés, de s’échapper avec les oiseaux, un exercice auquel l’Américain se prêtait brillamment via l’ambient-folk impressionniste de son regretté projet Savath & Savalas, dont il parviendrait presque ici à égaler les sommets."
(Rabbit)
R.A.P. Ferreira - The Light Emitting Diamond Cutter Scriptures
Depuis deux ans et après avoir eu un temps le blaze de Scallops Hotel, Milo se fait dorénavant appeler R.A.P. Ferreira (Rory Allen Philip Ferreira de son vrai nom), mais c’est à peu près la seule chose qui ait changé chez lui. Le rappeur/producteur de Nashville navigue toujours avec autant de grâce dans un hip-hop jazzy, éthéré et poétique dont, je crois, il est le seul représentant actuel, du moins de ce niveau. Depuis qu’il est R.A.P. Ferreira, il y a eu le merveilleux Purple Moonlight Pages en 2020, l’excellent hommage à Bob Kaufman, Bob’s Son, début 2021, puis donc l’extraordinaire The Light Emitting Diamond Cutter Scriptures ; là non plus rien n’a changé même au niveau des superlatifs. Onirique et organique, The Light Emitting Diamond Cutter Scriptures serpente entouré de références croisées et de bribes de sons offertes par une petite dizaine de producteurs différents (tous très confidentiels) qui se succèdent sans que l’homogénéité de l’album n’en souffre. Au contraire, chaque piste est un petit monde en miniature où le flow percutant et discret de Rory glisse d’une barre à l’autre, sans effort. Chaque mot est nécessaire. Il ne les gaspille pas. Chaque ligne est une gymnastique, toute en muscle, sans graisse, pleine de grâce, de légèreté et de profondeur, que demander de plus ?
(Spoutnik)
C. Reider & Christophe Petchanatz - Ghost Factory
"Après le Comeladien Rainbow de Nuit, recueil de ballades nomades enregistrées avec David Fenech et faisant la part belle aux mélodies acoustiques de bric et de broc et aux harmonies joliment déglinguées à grand renfort d’instruments atypiques aux sonorités bringuebalantes et de field recordings du quotidien, on retrouve ici Christophe Petchanatz aka Klimperei sous une facette qu’on lui connait moins, celle de l’expérimentation ambient hypnotique et inquiétante. En compagnie de C. Reider, le Lyonnais anime sur Ghost Factory une poignée d’ectoplasmes des plus fascinants, faits d’instruments bitcrushés et de phasers mouvants (deux qualificatifs qui siéraient d’ailleurs tout à fait à la pochette du disque), de beats sourds et de drones organiques, de pads cristallins et de field recordings manipulés, ballet de fréquences intrigantes voire anxiogènes mais jamais pesantes qui culmine sur le magnétique Apocalypse Of Absence."
(Rabbit)
Rorcal / Earthflesh - Witch Coven
"Deux petits titres et puis s’en va. Enfin, chacun frise néanmoins le quart-d’heure. Et chaque seconde manifeste un sacré poids. D’un côté, le doom toujours très très black, tellurique et encore plus caractéristique de Rorcal, de l’autre, l’indus-noise (qui peut aussi être très ambient voire lumineuse mais ce n’est pas ce côté-là qui est exploité ici) d’Earthflesh et au centre Witch Coven, soit une trentaine de minutes de pure terreur découlant d’une parfaite symbiose. Il faut dire aussi que Bruno Silvestre Favez aka Earthflesh fut longtemps bassiste de Rorcal et que ces deux-là se connaissent par cœur. L’habillage bruitiste de l’un s’emboîte parfaitement aux strates féroces et malaisantes de l’autre, l’amalgame se révèle tout à la fois menaçant et claustrophobe. On déguste certes mais on passe surtout un très bon moment : après l’ouverture quasi-liturgique d’Altars of Nothingness, place à l’abrasivité, à la violence et au grand malaise. La première plage est sans doute un brin plus rampante que la seconde mais au fond, tout ça finit toujours en grosse bagarre. Ça blastbeate généreusement, ça drone aux entournures, ça crie et ça racle, ça nuance pas mal aussi - c’est là tout l’apport d’Earthflesh - jusqu’à atteindre une densité sidérante. Définitif."
(leoluce / choix : Riton)
Tenshun & Bonzo - Hypnagogic Drauma
"La paire révélée par le label IHAA dont ils s’affranchissent désormais échappe décidément rarement à nos bilans. Avec Hypnagogic Drauma, la "formule" reste en apparence inchangée : deux faces, un titre d’une vingtaine de minutes pour l’Américain Tenshun qui ouvre le bal et pareil de l’autre côté du miroir pour son compère ukrainien. Déluges de drums triturés et distordus comme au temps des raves underground 90s ou du Richard D James de Come to Daddy, Hypnagogic voit le premier trouver l’équilibre parfait entre son passif harsh-noiseux aux effets psyché-saturés et son intérêt relativement récent pour un beatmaking épileptique et déstructuré, le tout en mode 100% névrotique et mâtiné de quelques samples inquiétants, histoire de faire le lien avec le cauchemar éveillé qui va suivre. Car Bonzo, fidèle à lui-même, continue de véhiculer sur Drauma son obsession cathartique pour un cinéma bis horrifique et flippant, ses drums downtempo lourds et menaçants vrillés de drones ténébreux sous-tendant une utilisation des samples comme matière première pour façonner des atmosphères hantées dont la tension va crescendo et nous happe pour ne plus nous lâcher. L’un comme l’autre signent ici deux de leurs meilleurs titres sans jamais flirter avec la redite, gageure pour une œuvre aussi cohérente qui n’en finit plus de nous captiver."
(Rabbit)
Thirdface - Do It With A Smile
Fais-le avec un sourire... une injection prise au pied de la lettre dès les premières secondes d’écoute de ce premier album des Nashvilliens : le sourire du coreux prêt à en découdre au milieu du pit mais pas que... le sourire ravi, aussi, de la découverte intelligente, d’un groupe qui non content de respecter la stricte parité dans le line-up, développe un punk hardcore bien haut du front, grisant et énergique. Au côté grind/powerviolence qui respecte comme il faut la recette du start & stop (J’y vais, j’y vais pas, j’y vais... j’y vais !) et des montagnes russes de la violence, doublé d’un groove évident (cette basse !), vient s’ajouter la fougue impertinente façon Trash Talk avec une énergie plus rock, noisy qui façonne l’originalité de son son dans de nombreux et courts interludes ramassés agissant en belles micro-siestes efficaces. La baffe !
(Riton)
Martina Topley Bird - Forever I Wait
"Jolie surprise que ce Forever I Wait. Certes, la native de Bristol avait déjà réalisé, sans parler de ses collaborations avec Tricky, Gorillaz ou Massive Attack, de subtils albums en solo (à commencer par le premier, Quixotic, il y a déjà presque vingt ans), mais rien n’avait jamais atteint les hauteurs de ce nouveau disque, hanté - on le comprendra aisément au regard des épreuves traversées récemment par la chanteuse - dans ses instrumentations comme dans la voix de la Britannique, au spleen néanmoins mélodieux et sublimé par des arrangements supervisés, pour certains, par Robert Del Naja aka 3D de Massive Attack. Le trip-hop de Martina Topley-Bird, sans se renier, n’a pas pris une ride et, à l’instar du sommet Free, ne se soucie pas des contraintes, évoluant, ou plutôt survolant, un univers lourd d’une manière gracile. Incontournable."
(Elnorton)
YC-CY - Every Time I Close My Eyes
Le nouveau YC-CY est aussi pelé que sa pochette. C’est un long cri murmuré et inaudible, ses morceaux sont en mouvement mais encore plus immobiles. La violence est partout mais elle n’est plus jamais frontale. Et Every Time I Close My Eyes se situe dans l’exacte continuité de (l’immense) Béton Brut qui voyait déjà YC-CY abandonner petit à petit ses oripeaux hérissés au profit de quelque chose de beaucoup plus ténu et larvé (mais pas moins contondant). C’est tangentiellement technoïde, vaguement dansant, tout le temps poisseux et pas net et ça suinte de larmes chlorydriques par tous les pores de sa nouvelle peau. L’animal n’arrête pas de muer mais reste drastiquement dangereux. Et se montre de plus en plus hypnotique, à l’image de ce chant psalmodié, proche de l’incantation sépulcrale qui rebondit dans la tête une fois capté. Ça grouille de sons indéterminés - je ne suis pas sûr de bien reconnaître la guitare (mais j’identifie très bien les bong lugubres de la basse) - et ça recouvre l’espace d’une enveloppe grise et délavée une fois expulsé des enceintes. C’est extrêmement douloureux, excessivement glauque mais encore plus sûrement sidérant et beau. Rien d’autre ne ressemble à Every Time I Close My Eyes et YC-CY. Quoi de mieux pour la fin ?
Vertigineux.
(leoluce)
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