Toujours basé à Berlin, Jacob Faurholt nous revient avec une poignée de pop songs dépouillées aux allures d’hommage à ses romances adolescentes. L’amour geek n’est pas forcément le plus beau pour tout le monde mais il suffit que la voix d’écorché du Danois soit de la partie sur fond de guitare sèche et le piano mélancolique pour nous faire revivre avec autant d’ironie que de sincérité ces années de complaisance dans le rejet, lorsque le summum du romantisme consistait encore à se lamenter sur la rupture téléphonique d’une idylle d’été platonique en écoutant en boucle quelque vieille cassette des Smiths ou de Daniel Johnston.

Exit les harmonies dramatiques et autres arrangements torturés de l’intense Dark Hours, idem pour les boîtes à rythmes et la nonchalance abrasive des petits hymnes lo-fi de son trio Crystal Shipsss dont seul le morceau-titre convoque ici l’électricité déglinguée dans une veine vocale plus tourmentée contrastant avec des mantras façon méthode Coué, car pour le reste les miniatures de ce nouvel EP en libre téléchargement surprennent en privilégiant une acoustique de chambre aux ornements discrets si ce n’est réduits à leur strict minimum. Et si les intonations de Spider Alert au diapason d’un piano uptempo et d’une mélodie sèche comme un coup de trique rappellent immanquablement Lou Reed, le poignant Guided By Voices ne tarde guère à imposer un ton nettement plus fragile et désespéré, avant que le désarmant Northern Lights digne du Bright Eyes de la grande époque ne vienne enfoncer le clou des regrets.

Car ces amours bâties sur des sentiments en majeure partie fantasmés, certains n’arrivent jamais à les oublier totalement, et de l’americana délicate de Splintered aux récollections douloureusement nostalgiques de Hiding In The Shadows, Jacob Faurholt leur a élevé avec Geek Love Is The Best Love un sanctuaire des plus touchants.