Dès l’entame de ce premier album du Lyonnais Mehdi Alouane, alors que se télescopent dans un chaos cinématique à la fois charnel et cérébral un sample de Brian Eno, une guitare flamenca, des effluves de musique orientale et de violents échos samplés de ces conflits sans fin qui déchirent le Proche-Orient, on comprend que l’on a posé l’oreille sur le genre d’objet musical forgé avec les tripes, qui a beaucoup à offrir une fois apprivoisé.

Passionné de sonorités diverses et variées, incluant sans complexe metal progressif ou "musiques du monde", le compositeur d’origine algérienne a peut-être vu un peu gros pour un premier essai (épuré néanmoins de quelques titres sur sa version CD, au risque d’y perdre la belle accalmie éthérée du diptyque Lunatic Garden) mais en ambitionnant de réconcilier la technicité du rock fusion et l’emphase lyrique du Floyd de Gilmour, de Peter Gabriel et consorts avec la mélancolie plus atmosphérique du trip-hop ou des musiques de films et la profondeur texturée de l’ambient, les instrumentaux du bien-nommé Hatred For My Inner Chaos transcendent leurs emprunts parfois datés aux riffs heavy metal ou aux synthés new wave pour toucher à une dimension sensorielle proche du rêve éveillé, les collages polyrythmiques d’influences jazz, indus ou plus électroniques participant pleinement de cette immersion où bouillonnent les sentiments les plus troublés comme chez Dead Can Dance ou Porcupine Tree :

Disponible en CD depuis le 24 février au Gibert Carré de Soie à Vaulx-en-Velin, l’album sera bientôt distribué à plus grande échelle.