Lightning Bolt est de ces groupes pour qui l’image et le son s’avèrent être complémentaires : pour bien les écouter, il faut aussi les voir !
C’est que leur spécialité, ce n’est pas de jouer devant le public, mais dans le public, ce qui fait toute la différence. Et là, à quelques centimètres à peine, pouvoir se prendre en pleine face le bruit et la fureur des deux Brian est une expérience singulière : celui qui tient la basse (Brian Gibson) est du genre virtuose et semble tout droit sorti d’une faille temporelle qui l’aurait enlevé aux années Flower Power. Le Brian qui maltraite sa batterie en virtuose lui aussi (Brian Chippendale), aime pour sa part s’affubler d’un masque genre catcheur mexicain qu’il s’est confectionné lui-même et hurler tout ce qui lui passe par la tête. Sans oublier le troisième membre de la formation : le public en transe, transformé pour l’occasion en masse mouvante qui, vue de loin, prend des allures de ressac humain qui vient s’écraser contre le mur du son délivré par le duo. Un véritable happening !
Alors quand on se retrouve tout seul pour les écouter sur disque, il manque quelque chose. On l’aura compris, Lightning Bolt est avant tout un fantastique groupe de scène. Le corollaire étant que, bien souvent, ils s’avèrent bien moins fantastiques sur disque. Leur dernier album en date, Hypermagic Mountain, paru en 2005 offrait, certes, cinquante minutes de noise primitive, mélange finement dosé de cavalcades rythmiques effrénées, de riffs hachés menu et de vocalises incompréhensibles mais pouvait aussi se révéler par trop répétitif sur la longueur, la faute peut-être à un talent de composition encore embryonnaire.
Dès lors, lorsqu’un premier extrait, Colossus, de leur nouvel album Earthly Delights à paraître le 13 octobre chez Load Records, débarque sans crier gare au milieu de l’été, la première chose qui frappe, c’est qu’il s’agit d’un véritable morceau, construit avec une introduction, un presque couplet et un ersatz de refrain, quelque chose comme du Morphine sous amphétamines et sans cuivres ! On se dit alors que le groupe est en net progrès. Bien sûr, le nouvel extrait, Sound Guardians, que l’on peut écouter ici et qui ouvre d’ailleurs ce nouvel album est du Lightning Bolt pur jus, comme on l’aime aussi, mais si quelques autres morceaux de la trempe de Colossus se glissent dans le tracklisting de Earthly Delights, cela devrait largement suffire à éloigner toute forme de relative répétitivité !
Vivement le 13 octcobre, notre masque de catch mexicain confectionné en douce sera alors fin prêt !
Lightning Bolt, parc de La Villette, festival Villette Sonique, 2008.