Orouni - Jump Out The Window
Après un Ep et un premier album remarqué sur Indierockmag, Orouni nous revient sous un versant plus pop et réalise, avec Jump Out The Window, son grand bond en avant.
1. Panic At The Beehive
2. A Story Of Ladder
3. A Greased & Golden Palm
4. The Only Pictures I’ve Got
5. The Perfume Conspiracy
6. The Moneylenders
7. Air Hostess On A Mission
8. Open It In May
9. The Tyrant’s Yoke
10. Stomach Attack
On l’avait découvert il y a environ deux ans avec A Matter Of Scale, petit modèle d’album de pop de chambre encensé un peu partout sur la blogosphère. Orouni, c’était alors une voix mal assurée, la plupart du temps à peine sussurée, comme par crainte d’effrayer l’auditeur et des compositions folk aux charmes irrésistibles qui s’étaient invitées discrètement sur notre platine pour ne plus la quitter. Cet album, Orouni est allé le défendre en tournant sans relâche dans les bars de la capitale devant un public de plus en plus fidèle et nombreux, toujours surpris de ne jamais assister à la même prestation, en partie grâce à des amis se relayant sur scène pour faire de chaque concert un moment unique. C’est ainsi que les membres de Kawaï, Top Montagne, Milk & Fruit Juice, Michael Wookey, Les Indes Noires ou Mina Tindle ont participé à donner corps aux chansons d’Orouni sur scène et à faire que celles-ci ne s’enferment pas dans un état figé. Récemment on a même vu Orouni se produire en première partie de Toy Fight dans une véritable formation guitare/basse/batterie/claviers, donnant par là même une toute autre dimension à son univers musical. Un changement de palier confirmé par les nouvelles chansons jouées depuis quelques mois sur scène et réunies sur Jump Out The Window, son deuxième album, le premier à sortir sur l’excellent label MonsterK7. Le songwriting d’Orouni a désormais pris une envergure impressionnante, creusant le sillon d’une influence pop de plus en plus évidente.
D’emblée la mélodie galopante de Panic At The Beehive confirme cette maturité dans l’écriture et la nouvelle assurance de son auteur, retournant les défauts de justesse inhérents à sa voix pour faire de celle-ci un véritable atout, aidé en cela par la voix féminine de Mlie sur une poignée de titres. La tonalité plus up-tempo des compositions est, elle aussi, nouvelle. A Story Of Ladder démarre ainsi sur un faux rythme pour finir dans une accélération électrique qu’on jurerait échappée d’une chanson des New Pornographers. A Greased & Golden Palm, probablement inspiré par la palme d’or cannoise de l’année dernière, place la barre très haut et prouve une fois de plus s’il était nécessaire qu’Orouni est doté d’un formidable talent de parolier. Quelques minutes plus tard, il se permet même de raviver le fantôme de Nick Drake, le temps de The Only Pictures I’ve Got, chanson aérienne et sublime de dépouillement où la voix d’Orouni, plus caressante que jamais, se faufile entre un filet de guitare et des arrangements de cordes somptueux. La reprise de The Perfume Conspiracy en duo avec Mina Tindle réussit le tour de force de surpasser la version originale présente sur A Matter Of Scale grâce à la complémentarité plus que parfaite des voix des deux protagonistes. Les guitares électriques sont à nouveau de sortie sur The Moneylenders et Open It In May où Orouni n’en finit pas de jouer les acrobates en enfilant les ruptures mélodiques avec une fluidité déconcertante. De mémoire récente, il faut se résoudre à franchir l’Atlantique, du côté des Shins ou Of Montreal pour trouver trace d’une telle aisance mélodique. Air Hostess On A Mission sous perfusion tropicalienne parvient à prolonger de façon miraculeuse les températures estivales tandis que The Tyrant’s Yoke renferme une profusion d’idées mélodiques à faire pâlir plus d’un songwriter aguerri.
Quand résonnent les derniers accords de The Stomach Attack, on se dit que notre disque de l’année pourrait bien être, à notre grande surprise, un album autoproduit absolument épatant, symbole d’une scène pop parisienne en pleine effervescence. Un courant d’air frais inattendu souffle sur cette rentrée musicale : Orouni vient d’ouvrir les fenêtres.
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