The Raveonettes - Lust, Lust, Lust
Depuis les États-Unis qu’ils ont préférés à leur Danemark natal, le duo le plus sexy de la planète revient avec une suite du Pretty in Black de 2005. Voix blanches, guitares saturés et lunettes noires. Toujours à deux. Les Raveonettes sont de retour !
1. Aly, Walk With Me
2. Hallucinations
3. Lust
4. Dead Sound
5. Black Satin
6. Blush
7. Expelled From Love
8. You Want The Candy
9. Blitzed
10. Sad Transmission
11. With My Eyes Closed
12. The Beat Dies
Lust, Lust, Lust donc. On est tout de suite en droit de se poser la question. Le duo noisy peut-il se renouveler ? Car même si le précédent opus était impressionnant de maitrise, la formule commençait à s’essouffler. Toujours les mêmes influences à mi chemin entre le Velvet et My Bloody Valentine. Des pop songs 60’s noyées dans un déluge de guitares saturées. Le tout toujours contrôlé. On a un peu peur. Peur que la formule soit arrivée au bout. Peur de l’ennui. De la lassitude. Les danois ont toujours été plus ou moins boudés par le public. Et pour cause. Il faut rentrer dans cet univers décalé, trouble, sombre. Un univers très référencé également. On se prépare. On plonge dans ce disque.
Les premières notes de Aly Walk with Me nous rassurent. Cette ballade hypnotique qui ouvre l’album offre un concentré de génie. Un rythme lent, oppressant et lascif qui nous plonge dans l’ambiance. La voix à la fois inquiétante et angélique de la très jolie Sharin Foo en fait une chanson presque irréelle. L’univers du despote et leader Sune Rose Wagner est retranscrit à merveille. Des influences digérées. Le duo aurait pu se contenter d’en faire la somme et de les recracher telles quelles comme le font la plupart des groupes actuels. Cela aurait été correct et personne n’aurait crié au plagiat. Tout l’album est baigné dans ce savoureux mélange entre pop et noise. Ces 12 titres aussi sexy qu’addictifs sont un vrai régal. Lust, Lust, Lust pourrait être la parfaite bande-son d’un film noir. Sombre et homogène. Incroyablement classe. Une esthétique à tout épreuve. Dans ces conditions, difficile de faire des titres qui se détachent du reste. Difficile de faire des titres à fredonner sous la douche. On retiendra pourtant le franchement pop You Want the Candy, logique premier simple, tellement addictif. L’ensemble sonne incroyablement rétro. La production volontairement bâclée. Un vrai groupe indie les Raveonettes. Ne s’étant jamais extrait de cette sphère. Un groupe incompris aussi. Un univers et une musique qui peuvent sembler inaccessibles. Il serait pourtant presque criminel de ne pas sombrer au charme du somptueux Expelled From Love. Un titre rêveur. Une ballade calme. Des voix froides. Le tout dans une ambiance glaciale et inquiétante. On se croirait marchant par une froide nuit dans une immense forêt. Baigné dans un épais brouillard.
L’album entier repose sur ce contraste entre ballades enchanteresses et larcens de guitares qui nous fait siffler les oreilles. La charmante voix de Sharing Foo en fil conducteur. C’est ce saisissant contraste qui rend cet album si passionnant. Si particulier aussi. Les mélodies sont parfaites. On voyage entre les jouissives explosions soniques de Blitzed et les nappes vaporeuses de With my Eyes Closed. Disque noctambule par excellence, Lust, Lust, Lust est un album qui se savoure la nuit. Le plus tard possible. Entre rêves et réalité. Terre et ciel. Les titres défilent. Le duo peut être fier de lui. Sans changer de registre il arrive pourtant à se renouveler. Le disque n’est jamais ennuyeux ni répétitif. Sexy et mystérieux. Peut-être moins sombre que son prédécesseur, Lust, Lust, Lust n’en reste pas moins un disque trouble. Phil Spector et son fameux Wall of Sound n’est jamais loin. Le duo a d’ailleurs invité l’ex-femme du producteur cinglé sur son précédent opus. Charmeur et pas aussi prétentieux que ses auteurs. Sans être impressionnant musicalement ni prodigieux au niveau du songwritting, ce disque est pourtant l’album parfait. Il ne possède aucun défaut. Pas un seul titre dispensable. C’est juste une formidable épopée au charme ravageur. Quand enfin le disque tire sa référence comme il avait commencé, par une dernière lancinante ballade, The Best Dies, on est obligé d’applaudir. Les Raveonettes viennent de signer, et de très loin, leur meilleur album. L’effet de surprise en moins. La classe en plus.
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