André 3000 - New Blue Sun
1. I swear, I Really Wanted to Make a "Rap" Album but This Is Literally the Way the Wind Blew Me This Time
2. The Slang Word P(*)ssy Rolls Off the Tongue with Far Better Ease Than the Proper Word Vagina . Do You Agree ?
3. That Night in Hawaii When I Turned into a Panther and Started Making These Low Register Purring Tones That I Couldn’t Control ... Sh¥t Was Wild
4. BuyPoloDisorder’s Daughter Wears a 3000® Button Down Embroidered
5. Ninety Three ’Til Infinity and Beyoncé
6. Ghandi, Dalai Lama, Your Lord & Savior J.C. / Bundy, Jeffrey Dahmer, and John Wayne Gacy
7. Ants to You, Gods to Who ?
8. Dreams Once Buried Beneath the Dungeon Floor Slowly Sprout into Undying Gardens
Sortie le : 17 novembre 2023
Vous l’aurez probablement remarqué si vous vivez sur la même planète que nous : la sensation médiatique du moment c’est la sortie du premier album solo d’André 3000, moitié des excellents OutKast dont le dernier opus remonte à 2006 et le dernier concert à 2014, un disque de 87 minutes sur lequel il ne rappe pas mais joue de la flûte et même un peu de pedal steel guitar et de contrebasse.
Passons sur les contradictions du bonhomme, devenu acteur à ses heures (on l’a notamment vu dans le très bon "High Life" de Claire Denis) qui prétend vouloir sortir "discrètement", pourtant à grands coups d’interviews promo chez GQ ou NPR, un album de flûte "expérimental" et minimaliste influencé par le jazz spirituel des 70s, mais le sort chez Epic (donc Sony) qui le met à disposition comme il se doit sur toutes les plateformes commerciales et pas sur Bandcamp par exemple, en plus de proposer des vinyles hors de prix à près de 80 balles tout de même. Passons également sur les moqueries voire le mépris des amateurs exclusifs de hip-hop qui n’ont sans doute pas su apprécier quelques précédents pourtant fameux, des expérimentations dronesques ou techno expé de Hprizm (Antipop Consortium) aux incursions free jazz de Moor Mother avec Irreversible Entanglements en passant par le High Water d’El-P entre électronique et jazz fusion sur lequel on entendait notamment... de la flûte.
Alors certes, l’accent mis sur l’instrument par le natif d’Atlanta prête à sourire, autant que les chroniques parlant déjà de "l’album instrumental de l’année" une heure après la sortie du disque sur des publications réputées pour ne chroniquer du jazz ou de l’ambient qu’une fois tous les 36 du mois. Il fallait néanmoins prêter une oreille sérieuse à l’objet avant de tomber dans ces extrêmes que New Blue Sun, clairement, ne mérite à aucun niveau. Ne faisons pas durer le suspense plus longtemps : malgré la présence de Matthewdavid (Brainfeeder) aux discrètes programmations électroniques et de Deantoni Parks à la batterie (sporadique, forcément, l’album s’avérant surtout très ambient), l’écoute paraîtra probablement dispensable aux amateurs éclairés de musiques atmosphériques qui nous lisent. D’emblée, on est dans un univers plutôt New Age dans l’esprit, basé sur des impros minimales de flûtes, synthés, claviers et percussions (pour ces dernières, c’est le très bon Carlos Niño qui régale) trop easy listening pour véritablement capter l’attention sur 87 minutes (Ants to You, Gods to Who ?), qui parlera surtout aux aficionados des playlists de musique pour faire son yoga le matin (I swear...). Les synthés sont souvent assez kitsch (BuyPoloDisorder’s Daughter Wears a 3000® Button Down Embroidered), les compos à tendance hédoniste (The Slang Word...), certes immersives, relativement organiques et joliment évolutives mais pas suffisamment aventureuses ou contrastées pour faire leur effet (et puis c’est long, il faut bien l’avouer).
Toutefois, il n’est pas exempt de jolis moments, en particulier quand la magicienne Mia Doi Todd donne de la voix, apportant une certaine profondeur spirituelle au très chouette Ghandi, Dalai Lama, Your Lord & Savior J.C. / Bundy, Jeffrey Dahmer, And John Wayne Gacy, méditation sur le bien et le mal que l’on retiendra aisément comme le sommet du disque (avec son très long trip final qui assume jusqu’au bout sa douceur épurée). Pour le reste, on conseillera plutôt aux curieux d’un jazz impressionniste aux errances psyché/mystiques de se pencher sur un autre disque hors-format sorti ce mois-ci, chez Brainfeeder justement, celui du Californien Miguel Atwood-Ferguson, multi-instrumentiste et musicien de studio ayant lui-même contribué à pas mal d’enregistrements hip-hop ou apparentés : 3 heures et demie de musique aux incursions électroniques pas toujours inspirées (n’est pas Squarepusher qui veut) et qu’on ne verra pas non plus dans un bilan des meilleurs albums instru 2023 chez nous mais qui serait autrement plus digne d’une telle surmédiatisation.
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