Représentant japonais, respecté par ses pairs, d’un drone/ambient mélancolique, contemplatif et délicatement abrasif, entre field recordings et abstractions embrumées, qui le vit notamment passer par des labels tels que Serein, Basses Fréquences, Baskaru ou tout récemment Room40 (cf. l’excellent Too Ne l’an dernier), on avait laissé de côté Yui Onodera depuis bien trop longtemps, probablement par trop-plein de propositions dans cette veine des musiques atmosphériques et texturées que dominent des composteurs tels que Lawrence English (patron de Room40 justement), Moss Covered Technology ou Rafael Anton Irisarri.

13 ans après le remarquable Generic City avec Celer (l’un des derniers albums enregistrés en duo par les Californiens alors basés à Tokyo, avant le décès prématuré de la regrettée Danielle Baquet-Long - le projet ayant pris fin l’an passé), on retrouve le musicien toujours aussi évocateur, avec une visite musicale dans le district de Nasu, mais beaucoup plus dense, opaque et organique, dans la mouvance des artistes sus-nommés. Après le fluvial Too Ne, les atmosphères tout aussi humides et crépitantes (Mizuniwa signifie "jardin aquatique") se font ici plus forestières et empreintes de mystère, des sonorités percussives aux allures d’idiophones se mêlant aux épaisses et majestueuses nappes de synthétiseurs analogiques et autres guitares à effets pour toucher à une mystique moins extatique, plus obscure voire caverneuse que celle de l’opus précédent, d’où tentent de s’extirper comme sur Mizuniwa 2 des harmonies enfouies sous une chape de bruit statique.

Un très belle réussite du genre, évoquant à la fois l’impermanence et la résilience de la nature.