Nouveau venu sur la scène musicale américaine dans la catégorie des songwriters écorchés vifs, Will Thompson est un compositeur attachant et modeste. A l’image de la pochette de son premier album éponyme, il est resté ce petit garçon à la tête de premier de la classe pas prétentieux pour un sou qui se lancera plus tard dans des études universitaires d’anglais et de théâtre. Il effectuera par la suite une courte carrière d’acteur professionnel stoppée brutalement par le décès de sa mère, atteinte d’un cancer. Un drame qui lui fera prendre un deuil de 15 mois. Pendant cette période nécessaire, il trouve secours et assistance dans sa passion de toujours, la musique. A côté de petits boulots, Will Thompson se met à composer et s’inspire de ses maîtres en la matière que sont Bruce Springsteen, Bob Dylan ou John Lennon.

Le résultat est ce premier album où il raconte son histoire le temps de 35 minutes, sans misérabilisme ni voyeurisme mais de façon touchante et intime, narrant les actes manqués de sa vie notamment amoureuse, ceux pour lesquels il aurait aimé une fin plus heureuse. Ecrit et interprété avec pour seuls compagnons un piano, une guitare acoustique ou électrique voire un harmonica, Will Thompson n’est pas sans rappeler dans son approche le Nebraska de Bruce Springsteen. Les mélodies sont présentes, et même sobrement habillées elles font preuve de variété et ne lassent jamais. On pourrait craindre les redites mais comme Elliott Smith ou Eels, à côté desquels on pourrait aisément le ranger, Will Thompson a su écrire et mettre en musique magnifiquement, d’un bout à l’autre de l’album, des morceaux accrocheurs autant qu’attachants, gages d’un talent de songwriter irréfutable.

Assurément, le New-Yorkais ne laissera pas insensible celles et ceux qui sont touchés par la souffrance et les malheurs des autres. Si Bruce Springsteen parle dans ses chansons des déchus de la société américaine, Will Thompson, lui, parle de ce qu’il connait le mieux : échec, dépression, anxieté, obsession compulsive, agoraphobie, insomnie, son mal-être quotidien est abordé ici de manière subtile et au second degré pour éviter de faire fuir l’auditeur.
Ce qui n’est pas sans rappeler l’histoire et la personnalité d’un certain Mark Oliver Everett, avec lequel il partage cette même tonalité douce-amère et un humour pudique pour cacher sa détresse. Ainsi, dès les premières notes du piano mélancolique mais chaleureux de So Far Away, ou plus loin à l’écoute de You Are Here ou The Attack, on pense immanquablement aux débuts du leader de Eels, aussi bien en solo avec A Man Called E ou Broken Toy Shop qu’en groupe avec Beautiful Freak . Et si des merveilles telles que Spunky, Manchester Girl ou You’ll Be The Scarecrow nous reviennent aussitôt en mémoire, c’est loin d’être un hasard...

La raison en est simple : un nouveau songwriter américain est né. Il s’appelle Will Thompson, il est talentueux et son premier album est plus que séduisant. On pourrait déjà appréhender son successeur (si toutefois il se présente un jour) tant la barre a été haut placée et tant la formule pourrait facilement s’essouffler. Mais pour l’instant, contentons-nous donc de savourer le présent et cette réussite aussi belle qu’inattendue.

Pour découvrir Will Thompson, rendez-vous sur myspace où quatre chansons de l’album sont en écoute.