Vampillia + VMO + McClane - Supersonic (Paris)
le 15/08/2019
Des Japonais polymorphes à l’assaut du Supersonic
Soirée sous le signe de l’extrême japonais au Supersonic ce jeudi 15 août. Encagoulé, le Français McClane ouvre le bal (des vampires) avec sa technoise crade et plutôt oldschool qu’on croirait tout droit revenue de l’underground 90s, façon cousin cheap d’Alec Empire. La salle s’est déjà bien remplie mais reste encore assez statique malgré les encouragements du musicien et sa bougeotte qui eut sans doute été communicative a une heure plus avancée, l’alcool aidant.
Il faut bien avouer qu’on n’est pas vraiment là pour ça et alors que les quatre membres masculins du Violent Magic Orchestra, les visages peinturlurés, préparent leurs instruments, l’attention monte d’un cran dans le public qui se rapproche de la scène. Ne connaissant que très peu ce projet dont j’apprendrai plus tard avec surprise qu’il enrôla Pete Swanson de feu Yellow Swans et notre Mondkopf national à l’occasion d’une tournée au Japon et sur le seul album enregistré jusqu’ici par la petite troupe (Catastrophic Anonymous, sorti en 2016 et auquel participe aussi Chip King de The Body), distribué par chez nous par les excellents Throatruiner, il me faudra attendre de voir monter sur scène la troupe de Vampillia pour réaliser que les musiciens des deux projets sont peu ou proue les mêmes, d’où leurs tournées communes déjà passées par l’Hexagone, notamment en avril 2018 à l’Olympic Café parisien.
Depuis, VMO s’est découvert une déesse/vocaliste en la personne de Xasthur (toute similitude avec un certain groupe de black metal californien étant tout sauf fortuite) qu’il introduit par vidéo interposée façon manga en noir et blanc en début de concert avant son arrivée sur scène, toute menue et seule de la bande à n’arborer aucun corpse paint. Les projections se font sur le côté droit de la scène, bonne idée qui fonctionne particulièrement bien pour moi, campé tout devant sur la gauche.
N’y allons pas par quatre chemin, ce set fut une énorme claque et une prometteuse découverte, le groupe mêlant lyrisme électronique à la World’s End Girlfriend d’il y a 10 ans, digital hardcore véhément et saillies black metal auxquelles le growl de la vocaliste enseveli sous les beats techno indus et autres guitares forcenées n’est pas tout à fait étranger. Émotion et violence trouvent ici un point de rencontre idéal qui fait parfois défaut à Vampillia, chez lesquels les deux influences se scindent en différents mouvements, et entre les slams de dingo du guitariste, ses poses d’homme chauve-souris suspendu sous la rambarde du balcon qu’il ira même jusqu’à escalader pour se laisser choir de plus belle dans le public (ouch, un brin dangereux pour les cervicales des unes et des autres, hein, les gars), et l’ascension finale de Xasthur sur les épaules des fans, le jeu de scène (ou hors scène, donc) finit d’électriser l’audience qui en aura bien profité, pogottant sauvagement sur la fin.
Accalmie du break et les mêmes reviennent, démaquillés, deux filles en plus au violon électrique et aux claviers, une en moins (Xasthur donc). On connaît la chanson, ne pas se fier à la joliesse de la (longue) introduction instrumentale d’inspiration Silver Mt. Zion vs. Joe Hisaishi (toutes proportions gardées, évidemment) : arrivé en slammant du fond de la salle, Mongoloid le vocaliste, précédemment aux machines de VMO, se hisse sur le devant de la scène tel un rottweiler prêt à en découdre et les guitares troquent vite les trémolos post-rock pour des riffs orageux, le violon son lyrisme pour des frottements stridents tandis que le barbu à toupet, secouant la tête comme un aliéné, leur emboîte le pas à gorge déployée.
Alternant tempêtes post-metal aux beuglantes tourmentées, mélancolie instrumentale, crescendos à la Mono et même deux ou trois digressions au groove presque funky, le set part un peu trop dans tous les sens tout le temps mais c’est aussi ça le charme de Vampillia, ce petit grain de folie qui empêche leur post-rock de se prendre trop au sérieux, à l’image de Mongo qui se jettera à plusieurs reprises dans le public, perdant son micro à deux occasions, se faisant porter jusqu’au bar puis se frayant tant bien que mal un chemin dans la foule pour revenir d’où il était parti, s’appuyant depuis son perchoir scénique sur les épaules ou les crânes des spectateurs des premiers rangs (j’en étais) pour mieux cracher sa frustration vocale sur un public conquis.
Assez rapidement, un invité attendu se joint à la fête : Neige d’Alcest, compère de tournée récurrent, vient discrètement s’installer derrière le clavier maousse du combo pour distiller quelques backing vocals planants ou même participer à une comptine en Japonais. Le groupe aurait très bien pu s’en passer mais le Français est content d’être là et ça se sent. Parti avant la fin sous les salutations des musiciens, il les laisse terminer sur une paire de morceaux particulièrement propices à l’agitation des premiers rangs, avec les habituels décérébrés un peu trop imbibés qui "jouent" des coudes, m’obligeant à reculer d’un cran. Même le pogottage n’est plus ce qu’il était... Un rappel plus loin, qui commence comme une chanson romantique typiquement nippone avant d’envoyer du gras un dernier coup, et c’est la fin d’une bien jolie soirée, dominée par un VMO dont on attend désormais un nouvel opus avec impatience, de nombreux nouveaux titres semblant avoir été joués ce soir à en croire les connaisseurs.
Quelques photos supplémentaires pour ceux qui avaient la chance d’être quelque part à la plage mais pas celle d’être là, du coup - on peut pas tout avoir :
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