Le streaming du jour #1708 : Tiny Feet - ’As An End To Death’
Si Silent, premier album publié en 2014 par Tiny Feet, se contentait d’un succès d’estime allant de pair avec un retentissement très confidentiel, l’artiste abandonne cette fois la campagne de crowdfunding pour faire confiance au label breton Les Disques Normal.
Une évidence tant Emilie Quinquis assume et revendique fièrement cette origine. Chantant en breton sur le EUSA de son mari Yann Tiersen, l’artiste retirée sur l’île d’Ouessant captive de nouveau l’attention de l’auditeur avec certaines pistes, le sommet Mogeriou Mor et ses faux-airs de múm en tête, s’articulant autour de cette langue.
Si Silent explorait un versant inspiré par le trip-hop de Portishead pour lequel Tiny Feet n’a jamais caché sa fascination, As An End To Death se veut moins austère. Ce sont pourtant des cordes délétères qui ouvrent le I’ve Tried To Deny initial qui s’enrichit rapidement de percussions espacées et de la voix mâtinée de réverbération de la Bretonne dont le spleen est palpable.
Le violon et l’accordéon assurés par Yann Tiersen offrent une profondeur supplémentaire à ce disque qui se veut moins oppressant que son prédécesseur. Un paradoxe tant ce disque dégage quelque chose de glacial et insulaire, oscillant en permanence entre Ouessant et les Féroé, autre source d’inspiration évidente d’un disque sur lequel Heid Andreasen et Ólavur Jakupsson assurent notamment les choeurs à l’occasion d’un Bombay Beach cristallin.
Ressuscitant la poète Anjela Duval à l’occasion d’un At The End crépusculaire, Tiny Feet s’adjoint également les services de King Creosote sur un Boyfriend évoquant Mansfield TYA ou encore sur The Desert, titre minimaliste où les différentes voix s’associent autour d’instrumentations à la fois brutes et délicates, qui répondent admirablement aux arrangements de cordes dévastateurs de Like Lovers Do.
Mélancolique à souhait tout en évitant facilité et complaisance, As An End To Death est un disque transcendant, empathique et résilient, dominé par une clarté à laquelle les cordes contribuent grandement et convoquant, à la volée, les univers de Juana Molina, Orka ou Joanna Newsom. Brillant et peut-être plus poignant encore que son prédécesseur.
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