Le streaming du jour #1707 : Nadja - ’Stripped’
Inutile de présenter une nouvelle fois Nadja, groupe de chevet d’une partie conséquente de la rédaction capable de chefs-d’oeuvre tels que le récent Sv et son post-metal aux allures de cyclone sonique ou encore Pyramids With Nadja, plus mélodique malgré ses aspirations dronesques.
Le duo formé par Aidan Baker et Leah Buckareff ne s’arrête jamais de travailler, qu’il s’agisse de tourner dans les moindres recoins d’Europe et d’Amérique du Nord ou évidemment de composer tout en multipliant les collaborations, que ce soit avec Vampillia, Uochi Toki ou encore Black Boned Angels. Et l’on ne parle pas de l’oeuvre poursuivie par Aidan Baker en solo, lequel publiait un morceau inédit pour le premier volet de notre compilation IRMxTP intitulé The Dream Man’s Shuffle et dont il parlait dans nos colonnes.
Bref, en seulement quinze ans d’existence, Nadja est déjà un mythe. Et si le duo s’est déjà montré inspiré sur l’album de reprises When I See The Sun Always Shines On Tv, revisitant des titres de mastodontes tels que My Bloody Valentine, The Cure ou Elliott Smith, il lui fallait aller encore plus loin.
Le nouveau défi des Canadiens consiste à reprendre son propre répertoire sous un apparat acoustique. Six titres composent donc un Stripped appelé lui aussi à faire date dans la pléthorique discographie du duo.
Le disque s’ouvre avec Clinodactyl, rescapé de Bodycage et amputé d’une moitié de sa structure pour tout de même s’étendre sur douze minutes, faisant partie des titres les plus reconnaissables. C’est dire si l’ensemble de l’album apporte une plus-value et représente un travail de fond conséquent puisqu’il ne reste plus rien des drones et de la moelle noisy du titre. Pourtant, le squelette mélodique demeure, et il devait être suffisamment solide sur Clinodactyl pour continuer à scintiller même lorsqu’il est mis à nu.
Paru pour la première fois sur Numbness : A Singles Collection [PWYC], Alien In My Own Skin ressuscite les atmosphères chères à Trent Reznor sur ses travaux adjacents à l’époque de The Fragile. Les guitares sont radicales mais les accords utilisés à l’économie, si bien que la voix susurrée apporte une respiration bienvenue à un contenu délibérément - et délicieusement - oppressant.
Breakpoint, dont les drones et drum machine concluaient brillamment (et bruyamment) Truth Becomes Death en 2005, reste probablement le titre le plus bruitiste de Stripped bien que le doom metal qu’il préfigure soit bien plus aseptisé que dans son écrin initial. Stays Demons n’a, pour sa part, plus rien de commun avec le déluge sonique de Touched et se rapproche même des titres les plus calmes de Slint tant les subtiles variations d’accords comportent une dimension mélodique gracieuse et jubilatoire. L’un des inattendus sommets de cette sortie.
I Make From Your Eyes The Sun, rareté issue d’un split avec A Storm of Light intitulé Primitive North, lorgne d’abord dans le même univers avant que l’accordéon de Leah Buckareff ne lui confère une improbable dimension cosmique le rapprochant des évanescentes envolées de Jérôme Chassagnard. Enfin, Flowers of Flesh, second extrait d’un Touched réédité récemment qui ne pouvait pas espérer meilleure publicité, œuvre lui aussi dans un registre doomgaze auquel flûte et accordéon apportent une candeur rêveuse en fin de titre, si bien qu’il ne faudrait pas beaucoup se forcer pour entendre d’hypothétiques cris d’oisillons en mal d’affection.
Bien malin qui aurait pu prédire que le prochain disque de Nadja se terminerait avec une telle légèreté. Cela dit, il est acquis depuis bien longtemps que rien n’est impossible avec le duo torontois qui, plus qu’un disque de reprises quelconques, accouche bel et bien d’un nouvel album à part entière tant chacun de ces six titres revêt une dimension radicalement différente de sa mouture originale.
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