Ulrika Spacek - Modern English Decoration
Seulement un an après un premier album salué dans nos colonnes, Ulrika Spacek est déjà de retour avec un nouveau long-format qui, tout en restant cohérent avec les territoires défrichés précédemment par le groupe, marque une évolution significative.
1. Mimi Pretend
2. Silvertonic
3. Dead Museum
4. Ziggy
5. Everything, all the time
6. Modern English Decoration
7. Full of Men
8. Saw A Habit Forming
9. Victorian Acid
10. Protestant Work Slump
Ainsi, le krautrock de The Album Paranoia est de moins en moins apparent sur Modern English Decoration. Si ce nouveau disque lorgne toujours vers un univers lo-fi, il est toutefois plus produit que son prédécesseur. Il est également plus apaisé voire minimaliste. Sur ce disque, Ulrika Spacek calme le jeu si bien qu’il en vient même à finalement justifier la comparaison avec Radiohead, base sur laquelle il avait été relayé l’an passé. Il y a en effet du Exit Music dans le chant de Modern English Decoration tandis que les guitares de Saw A Habit Forming rappellent la tonalité de Ok Computer.
Comparer la teinte de Modern English Decoration à celles d’autres artistes constituerait une injustice. Là où nous pouvions penser que The Album Paranoia, porté par quelques singles intemporels tels que I Don’t Know ou She’s A Cult serait une réussite isolée, Ulrika Spacek parvient à renouer avec cet équilibre qui chancèle en permanence mais finit toujours par retrouver son point d’appui. En ce sens, plus que les comparaisons diverses, il convient d’évoquer le « son » d’Ulrika Spacek.
Un son qui repose sur des couches de guitares électriques multiples dont les entrelacs revêtent un caractère aussi psychédélique qu’hypnotique, des percussions tranchantes et une voix en retrait, qui tournoie et suffoque parfois. Dead Museum est en ce sens un cas d’école de ce qu’est le « son » du quintet. Le mariage de guitares électriques traînantes et nonchalantes avec une batterie percutante mais étouffée a tôt fait d’évoquer Oasis tandis que les vocalises, traînantes elles aussi, de Rhys Edwards rappellent plutôt la lo-fi spleenesque de Water Music.
Plus clair que son prédécesseur, Modern English Decoration n’oublie pas les digressions électriques qui faisaient d’Ulrika Spacek des contemporains d’Ought parmi les héritiers de Sonic Youth (Full Of Men et le Protestant Work Slump final). Mais c’est également au Black Rebel Motorcycle Club et surtout aux Black Angels que l’on pense lorsque les méandres vocaux soutiennent des rythmiques tranchées et des superpositions de guitares aux rotors mélodiques. Le sommet d’ouverture Mimi Pretend, psychédélique et chamanique, est de ces titres percutants, tout comme le diptyque Ziggy/Everything, All The Time sur lesquels le son est plus lo-fi que jamais.
Ceux que l’on ne voyait pas confirmer les promesses d’un premier album aux allures de miracle permanent proposent finalement, seulement un an après, une nouvelle collection au moins aussi équilibrée et inspirée que la première. Si la deuxième partie du disque marque un virage plus clair, elle est néanmoins toujours entraînante et s’appuie sur des entrelacs de guitares électriques mélodieuses aux accents chamaniques, soient les bases qui font d’Ulrika Spacek un groupe déjà indispensable du paysage psychédélique britannique.
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