Les entrelacs synthétiques qui ouvrent le Spülmaschine introductif ne permettent pas de déterminer la direction vers laquelle va s’orienter Percolator durant les trois quarts d’heure sur lesquels s’étend Sestra.

Progressivement, s’installe néanmoins une rythmique tranchante qui épouse une réverbération générant un ensemble onirique qui se rompt très rapidement dès lors que les digressions électroniques reprennent le dessus.

Curieuse entame de disque, mais Squishy Future remet l’église au milieu du village. Formé en 2009 autour d’Eleanor Myler, qui assure les parties de batterie et dont le chant étouffé irradie justement ce second titre, et du guitariste Ian Chestnutt, bientôt rejoints par John Murphy à la basse et aux synthétiseurs, Percolator s’était déjà fait la main avec quelques sorties isolées, de Flicker en 2009 à Law & Order l’année dernière, en passant par Yellow Fire et Little Demon.

A ces occasions, ils avaient déjà mis à rude épreuve une identité artistique oscillant entre shoegaze, krautrock et électro psychédélique. Autant d’ingrédients qui se confondent ou interviennent de manière successive sur Sestra. Les constructions sont solides, l’onirisme au rendez-vous, les influences de Cocteau Twins, My Bloody Valentine et Chromatics se mêlent tout en admettant des digressions électriques bienvenues, le Binkle final en étant le plus parfait exemple.

La vague de revival du shoegaze est lancée depuis de nombreux mois et il est essentiel de faire le tri parmi les groupes qui cherchent à surfer sur celle-ci, mais les Irlandais, en se situant au barycentre de courants divers allant du krautrock à la dream-pop, manifestent suffisamment de gage d’intérêt au regard de leur singularité artistique et d’une indéniable habileté technique.