En juin 2015, Moonya publiait un premier court-format intitulé Heaven. En seulement trois titres, elle ouvrait déjà une fenêtre vers un univers aussi délicat qu’aérien.

Deux ans plus tard, c’est de nouveau la forme d’un EP que prend la seconde réalisation de la Française. Celui-ci se compose cette fois de cinq titres qui sont autant de fragments d’une pureté qui est toujours proche de la rupture. De manière implicite, une forme de tentation - celle d’échapper aux modèles prédéfinis - émane d’Eye.

A l’instar d’un You & I aux beats synthétiques, la dream-pop de l’artiste peut revêtir un caractère lumineux qui ne se départit jamais totalement d’un certain aspect mélancolique. De cette manière, les boucles froides de No Tears font évoluer le titre aux confins de la coldwave tandis que les circonvolutions tribales d’un Blind éthéré lorgnent du côté du trip-hop. Le chant envoûtant s’échappe comme un flux plein de maîtrise évitant tout excès.

Aussi à l’aise derrière ses machines que guitare en main, la multi-instrumentiste dévoile un univers ambigu à classer entre les Cocteau Twins (Inside) et Blonde Redhead qui pourrait s’apparenter à une plume qui s’abandonne au vent. Comme cette dernière, l’atmosphère qui se dégage de cet EP est fragile et gracieuse, convalescente d’un corps déraciné. Pour autant, son parcours n’en reste pas moins incertain et toujours imprévisible.