Le streaming du jour #1600 : Hauschka - ’What If’
On ne compte plus les sorties de Hauschka. En effet, depuis 2004, l’artiste nous a gratifiés d’une vingtaine de galettes toutes plus appétissantes que les autres. Et What If est assurément de celles qui sont agrémentées du plus délectable des parfums.
Commençons donc par le seul bémol qui pourrait être considéré par certains esprits, peut-être ceux qui ont le plus de mal à se projeter ou à s’investir dans une production néoclassique d’une telle ampleur. Ainsi, ces derniers auront tendance à considérer What If comme mineur au regard de la bande originale de Lion composée l’an passé par Hauschka avec Dustin O’Halloran et primée par un Golden Globe. Il est vrai que les images de Garth Davis étaient aussi essentielles et bien montées que le propos général du film, mettant ainsi superbement les compositions du duo en valeur.
Pour autant, toute comparaison entre ces deux sorties serait déloyale. A n’en pas douter, n’importe quel réalisateur de talent saurait rendre grâce aux neuf titres indispensables figurant sur ce What If, à condition que la thématique dudit film se prête aux émotions douces-amères mêlant pulsion de vie, force du désespoir et une mélancolie envisageant parfois très sérieusement l’hypothèse de l’abandon de soi et de son corps.
Sur What If, Volker Bertelmann ajoute le piano mécanique à la liste des instruments qu’il dompte, et il en ressort nécessairement quelque chose de déshumanisé sur différentes pistes telles que les convulsions de I Need Exile ou l’essentielle cavalcade Constant Growth Fails sur laquelle la volonté de fuir semble se heurter en permanence à une impasse.
La fuite comme moyen de contrôler son destin et d’éviter toute émergence psychopathologique émane de cette production plus rythmée que jamais (Nature Fights Back). Non content de s’intéresser au piano mécanique,
Hauschka considère également plus que jamais le pouvoir des éléments synthétiques, donnant ainsi une dimension ambient, parfois menaçante et toujours intrigante, à ses compositions qui se permettent alors d’évoquer le Radiohead d’Amnesiac sur un Familiar Things Disappear aussi perturbant qu’inoubliable et perçant.
S’agissant de sa démarche, l’Allemand explique lui-même que "mes travaux en solo me permettent d’être autonome, et de choisir chaque étape depuis le départ sans aucune influence extérieure. J’ai décidé, avec What If, de faire quelque chose de plus radical. Le piano lyrique a disparu" - dans cette veine, nous retiendrons néanmoins l’épure du I Can’t Express My Deep Love - "et les sons qui me fascinent, tels que les éléments électroniques, ont pris le dessus".
Davantage basé sur les rythmiques qu’un Abandoned City qui faisait jusqu’alors figure de pierre angulaire de la discographie de l’artiste, mais au moins aussi ambitieux et inspiré que celui-ci, cette deuxième sortie chez City Slang après 2.11.14 confirme en tout cas la place essentielle de Hauschka dans cette sphère néoclassique qui, avec Nils Frahm, Ólafur Arnalds ou Max Richter, se porte admirablement bien.
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