Dans la seconde moitié des années 90, Fatboy Slim, Lo Fidelity Allstars et autres Propellerheads popularisaient le Big Beat, fusion explosive de breakbeats hip-hop et d’électro bulldozer qui allait plonger la funk et le jazz dans un grand bain d’acid house et propulser le bon vieux groove d’antan à l’ère du sampling et du techno-rock des Chemical Brothers, Prodigy et consorts avec pour seule ambition celle de nous envoyer joyeusement valser contre les murs sans se prendre le moins du monde au sérieux.
Réhabilitant au passage quelques figures tutélaires telles que Funkadelic ou John Barry dont le John Barry Seven, combo rock’n’roll de la fin des années 50 allait valoir au genre son emprunt le plus emblématique, ce son bien souvent méprisé par les ayatollahs de l’électronica ou même de la techno allait néanmoins séduire les fêtards et même quelques publicitaires avant de s’éteindre le plus naturellement du monde... du moins en apparence. Car la sincérité, l’érudition et le formidable potentiel dansant du Big Beat en ont bel et bien marqué quelques-uns, et c’est sans aucun anachronisme mais avec un goût certain pour les télescopages rétro-futuristes en tous genres que les Lyonnais d’AlgoRythmiK s’en réclament aujourd’hui, à l’approche de la sortie de leur premier opus Morphism le 12 septembre chez Chaphi Records.
L’occasion de se repencher sur le premier EP du trio, Show Breaks, sorti sans grand fracas en janvier 2010 et dont les quatre titres qui constituent en gros le milieu de l’album à venir faisaient déjà preuve d’une belle virtuosité, culminant notamment sur la confrontation d’un didgeridoo sous acide et des flows scratchés des trois Beastie Boys sur un AboriJazz qui aurait très bien pu être le fruit d’une rencontre fortuite entre les frères chimiques et Mr. Scruff :
Quant à Morphism, Djohn, RoK et Larry Coon nous en dévoilent les rouages par l’intermédiaire de ce teaser d’une douzaine de minutes sur lequel s’entrechoquent en vrac des chants africains, du swing, James Brown ou encore le rappeur londonien MC Duke sous hélium avec son fameux I’m Riffin’ de 1989 :
Parmi les nouveaux titres, on notera un featuring des MCs Wapi Wap et Ben Sharpa (le fougueux sud-africain du label Jarring Effects déjà invité sur disque par R ;Zatz ou High Tone) sur le sémillant Circus par ailleurs en écoute et en libre téléchargement ci-dessous :
Circus World (Feat. Ben Sharpa & Wapi Wap) Free DL by AlgoRythmiK
... de même que l’ouverture d’album Jump For Swing qui porte bien son nom avec son sample de Louis Armstrong sur fond de contrebasse ronde et de breakbeats groovy à souhait :
... ou encore la version rallongée d’un Andrew’s Break croisant habilement jazz New-Orleans de l’âge d’or, beats lourds, guitare wah-wah et gimmicks saturés hérités du dubstep avec en prime les harmonies vocales des Andrews Sisters :
Et en attendant les passages du groupe au Festipop de Frontignan près de Montpellier (le 9 septembre) ou au prochain Riddim Collision lyonnais (à l’occasion de la soirée Bar-Bars du 14 octobre) où il promet assurément de mettre le feu, on se quitte sur l’inédit Muppet Chaud, bonus virevoltant en forme de remix aux scratches ludiques du générique de l’émission plus ou moins éponyme :