Rappeur iconoclaste, pianiste sensible, performer de l’extrême (crédité du plus long concert au Livre Guinness des Records avec plus de 27 heures de show à Paris en 2009) et plus récemment chantre d’un revival disco-pop entre candeur et dérision, le canadien Gonzales avait su tirer le meilleur de toutes ces expériences pour livrer l’an dernier avec Ivory Tower le meilleur album de sa carrière, accessoirement bande originale de son film du même nom primé à Locarno et mettant en scène ses amis Peaches, Feist et Tiga dans une sombre histoire de rivalité entre deux frères joueurs d’échecs.
L’occasion de remettre les choses à plat et d’aller voir ailleurs, une fois de plus, avec un autre concept expérimenté notamment par son compatriote Buck65 en compagnie du Symphony Nova Scotia en 2008 : rapper sur de la musique orchestrale. Mais là où l’auteur de Man Overboard se cassait les dents sur son ambition, maîtrisant mal la grandiloquence des arrangements, celui de The Entertainist, optant pour un spoken word nettement plus impudique, assume jusqu’au bout son goût pour le pompier dans une véritable métaphore musicale de ses propres tentations mégalomanes, alternant semble-t-il les titres ouvertement too much voire carrément kitsch avec d’autres plus intimistes et graciles à en juger par le medley ci-dessous :
"You’re about to be ear-fucked" nous prévient-il non sans ironie sur l’extrait du prometteur Different Kind Of Prostitute, rendez-vous lundi pour savoir si cet Unspeakable Chilly Gonzales défie toute description ou se traduit tout simplement par "innommable".