Petite séance de rattrapage pour un EP sorti début novembre dans l’indifférence générale et qui compte pourtant parmi les tout meilleurs de cette année 2010 : Shearwater Is Enron, soit 10 morceaux sans titre enregistrés par Jonathan Meiburg (notre photo) et ses collègues après la sortie de The Golden Archipelago, et nés d’une impro live donnée avec des membres de Wye Oak et Hospital Ships à Albuquerque en avril dernier sous le pseudo Enron (toute éventuelle référence étant laissée à votre libre interprétation), performance rare dont quelques sections ont été réutilisées ici.
Certes l’EP, en libre écoute sur bandcamp, peut s’avérer tout sauf évident pour les fans de la trilogie entamée avec Palo Santo en 2006 puisque seules subsistent ici de l’univers connu du groupe les méditations acoustiques à la guitare ou au piano, les hymnes feutrés au lyrisme fiévreux typique de Shearwater laissant place quant à eux à de courtes plages d’expérimentations noisy mêlant boîtes à rythmes schizophrènes, percussions tribales, drones éthérés, vagues d’électricité dissonante ou enchevêtrements maximalistes de marimbas et autres carillons psychédéliques, pour un résultat plus proche en somme du récent projet Blue Water White Death, le chant en moins.
Mais que les déçus se rassurent : le septième opus des texans dont l’enregistrement devrait débuter d’ici quelques mois promet d’ores et déjà d’explorer la facette la plus rock du groupe, lequel nous offre par ailleurs pour patienter un vieil enregistrement folk de 2004 édité à l’époque à une poignée d’exemplaires CDr seulement, l’EP Buteo Buteo dont le dépouillement guitare/basse faisait au contraire la part belle au songwriting limpide et aux tonalités vocales impressionnistes de Meiburg.