Shearwater - Jet Plane And Oxbow
L’affection que l’on porte à une formation musicale ressemble finalement à une relation amoureuse en ce sens qu’elle autorise rarement les allers-retours. Autrement dit, lorsque les compositions d’un groupe que l’on apprécie particulièrement s’enferment dans un cocon trop paisible ou deviennent plus poussives, il n’est pas toujours aisé de revenir vers lui par la suite.
1. Prime
2. Quiet Americans
3. A Long Time Away
4. Backchannels
5. Filaments
6. Pale Kings
7. Only Child
8. Glass Bones
9. Wildlife in America
10. Radio Silence
11. Stray Lights At Clouds Hill
En 2012, les fans de Shearwater avaient été assez unanimement déçus par un Animal Joy sur lequel les Texans apparaissaient empruntés. Ce disque succédant à l’échec des expérimentations de Shearwater Is Enron, la triade dorée qui avait vu le groupe publier Palo Santo, Rook et The Golden Archipelago entre 2006 et 2010 paraissait de fait bien lointaine.
Les Américains auront beau dévoiler en 2013 un album de reprises intitulé Fellow Travelers qui parvenait ici et là à raviver la flamme, il était alors bien difficile de se convaincre qu’ils avaient encore quelque chose d’intéressant à programmer.
Quatre ans après la diffusion de leurs dernières compositions originales, c’est avec Jet Plane And Oxbow que Jonathan Meiburg et ses acolytes sont de retour. Dès les premières mesures, la magie, celle qui nous charmait tant durant la dernière décennie, est de retour.
Comment l’expliquer ? Le fait que le groupe ait maintenu sa confiance au producteur Danny Reisch – également batteur de Other Lives – qui était aux manettes sur les deux opus précédents ne semblait pas être le gage d’un virage artistique. Ce n’est d’ailleurs pas ce que constitue Jet Plane And Oxbow, bien que Jonathan Meiburg le décrive comme « un disque de rébellion qui veut avoir du sens et qui peut rappeler une lettre de rupture, dans la mesure où il est à la fois furieux et tendre, car écrit avec amour ».
Pourquoi ce qui irritait sur Animal Joy est de nouveau convaincant sur cet opus ? Il faut bien avouer que Shearwater a toujours les excès d’emphase, s’attelant dans un premier temps à ne jamais franchir la ligne rouge, avant de s’affranchir de cette veille salutaire.
Les traditionnels élans emphatiques, à la fois instrumentaux mais surtout vocaux, sont donc bien présents sur cet opus, mais ils semblent davantage contenus et maîtrisés. Surtout, Jet Plane And Oxbow est un disque rempli de paradoxes assumés, ce qui le rend profondément humain. Ainsi, alors qu’il a nécessité deux ans d’arrangements, cet opus apparaît comme l’un des plus immédiats de la discographie des Américains.
Paradoxe toujours, c’est en s’entourant d’un nouveau musicien que Shearwater retrouve son charme d’antan. En l’occurrence, Brian Reitzell, collaborateur de Air pour la BO de Virgin Suicides, mais également impliqué sur celle de Lost In Translation apporte tout son savoir-faire et une diversité d’instruments méconnus dont l’utilisation permet un éventail de détails et de nuances qui pondère cette emphase évoquée précédemment.
A l’exception d’un Pale Kings sur lequel Jonathan Meiburg tombe de nouveau dans ses travers, Jet Plane And Oxbow ne comporte aucune fausse note ou temps faible, et nous gratifie au contraire de sommets tels que Quiet Americans, Backchannels ou Filaments qui renouent avec les textures granuleuses et hivernales d’un Rook, chef-d’œuvre inégalé mais ici approché d’une discographie en laquelle on se surprend à croire encore.
Comme quoi, certaines histoires d’amour ne sont pas linéaires…
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Après avoir décollé à l’écoute de Winged Life, le superbe troisième album de Shearwater dont il est difficile de redescendre, quel plaisir de découvrir les nouveaux paysages folk proposés par le groupe sur son dernier opus Palo Santo.
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