Ed Harcourt - The Beautiful Lie
Après un Strangers en demi-teinte, l’ami Ed semble renaître à l’ambition orchestrale de ses deux premiers albums, pour notre plus grand plaisir !
1. Whirlwind In D Minor
2. Visit From The Dead Dog
3. You Only Call Me When You’re Drunk
4. Last Cigarette
5. Shadowboxing
6. Late Night Partner
7. Revolution In The Heart
8. Until Tomorrow Then
9. Scatterbraine
10. Rain On The Pretty Ones
11. Pristine Claw
12. I Am The Drug
13. Braille
14. Good Friends Are Hard To Find
Les amoureux de la musique d’Ed Harcourt gardaient en travers de la gorge son dernier album, Strangers, rempli de titres anodins à la production un brin mesquine qui rompaient avec la flamboyance désespérée affichée sur les excellents Here Be Monsters et From Every Sphere. Mais porté par le single crève-coeur This Note’s For You, c’est pourtant cet album qui a largement contribué à la reconnaissance publique du chanteur. C’est en choisissant de revenir au panache d’antan qu’il s’est attelé à l’élaboration de son quatrième album, The Beautiful Lie, qui représente l’oeuvre la plus aboutie de l’ensemble de sa discographie, entre romantisme fiévreux et pop alambiquée !
L’ouverture, Whirlwind In D Minor, avec son rythme de guitare R&B entêtant, sa voix de tête puis son refrain dévastateur balaye déjà une partie des doutes qu’avaient fait naître les écoutes répétées et inquiètes de Visit From The Dead Dog, un single bien fade en comparaison des bijoux qui composent le disque.
Des vocaux à la fois précieux et touchants de Ed en passant par la production ample et généreuse dont bénéficie l’album, on retrouve ce ton baroque qui en avait fait une alternative anglaise plus que crédible à Rufus Wainwright.
On redécouvre la folie enivrante du bonhomme, mise en veilleuse le temps de Strangers, dans ces chansons à tiroir que sont Whirlwind In D Minor ou You Only Call Me When You’re Drunk qui rappellent l’énergie vitale qui se dégageait de Watching The Sun Come Up ( From Every Sphere ) au même titre que Revolution In The Heart et sa chorale d’opérette au beau milieu du morceau !
Dans un registre plus tendre, Ed Harcourt a perfectionné son art de la ballade pour atteindre une forme de plénitude sur Until Tomorrow Then, Late Night Partner ou Rain On The Pretty Ones dans lesquels sa voix au sommet (écoutez ses intonations sur Until Tomorrow Then !) est magnifiquement mise en valeur par des arrangements majestueux (cordes, cuivres, choeurs, piano) ! Surtout, le jeune auteur britannique a conservé le souci de concision apparu sur Strangers et qui faisait encore, par moment, défaut sur ses premiers albums où certains des morceaux mélancoliques avaient la fâcheuse tendance à parfois s’étaler au-delà des six minutes...
Au vu des quatorze titres qui composent l’album, on pouvait craindre une qualité inégale sur la durée mais en variant les genres, Ed Harcourt parvient à nous tenir en haleine du début à la fin. Il nous surprend même en optant, le temps de The Last Cigarette ou de la comptine The Pristine Claw, pour le dénuement d’une guitare acoustique et d’un violon solitaire. Et que dire de Braille, superbe duo de voix éthérées et planantes (la référence à Hope Sandoval, chanteuse de Mazzy Star, est pertinente) juste soutenue par une guitare slide ! Scatterbraine évoque une fête foraine fantomatique, I Am The Drug, mené sur un rythme saccadé, possède des réminiscences de Ghost Writer ( From Every Sphere ) tout en y ajoutant une pincée de rumba déglinguée ! On pourrait ressortir la sempiternelle référence à Tom Waits mais ce serait omettre de signaler la dimension mélodique toute personnelle qu’apporte le compositeur anglais à ses titres !
Toutes les richesses contenues dans ce maitre-étalon de la discographie d’Ed Harcourt laissent présager, au même titre que le très prometteur nouvel album de Divine Comedy, d’un avenir radieux pour la pop orchestrale de nos amis britanniques ! On en redemande !
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