John Zorn - Filmworks XXIV - The Nobel Prizewinner
Des deux pièces contemporaines kafkaïennes Dictée / Liber Novus, intéressantes mais pas toujours des plus digestes, au free noise poussif d’ Ipsissimus qui voit l’équipe de The Crucible s’autoparodier dans une paradoxale bonne humeur, il ne fait pas bon apprécier la facette la plus expérimentale et bruitiste de John Zorn en cette année 2010 pourtant particulièrement productive pour le new-yorkais.
1. The Nobel Prize Winner
2. Writer’s Block (Ilse’s Theme)
3. The Depraved City
4. Annabel
5. Our In-House Dostoevsky
6. The Search
7. Dénouement
8. Door To Door
9. Suicidal Tendency
10. Fyodor And Annabel
11. Plagiarism
12. Moral And Immoral (Take 1)
13. Ghost Of A Guilty Conscience
14. Joachim West
15. Moral And Immoral (Take 2)
Lequel heureusement, à l’exception notable du fulgurant Late Works avec Fred Frith à la guitare électrique dont le free jazz minimaliste et dissonant dominé par le saxo torturé du maître ménage également de belles accalmies aux songes angoissés, a choisi de se concentrer sur sa passion nouvelle pour un jazz limpide aux mélodies papillonnantes ou parfois plus mélancoliques, révélée par Alhambra Love Songs l’an dernier et dont ce nouvel opus de la série Filmworks est le parfait exemple. The Nobel Prizewinner, BO de commande pour une étrange comédie noire hollandaise sur la précarité des artistes maudits, fait ainsi la part belle au piano du désormais omniprésent Rob Burger, pilier de l’Alhambra Trio déjà à l’oeuvre cette année sur le diptyque constitué du parfait In Search Of The Miraculous et de sa redite plus easy listening, The Goddess - Music For The Ancient Of Days.
L’excellent Kenny Wollesen à la batterie et au vibraphone ainsi que le fidèle Trevor Dunn d’une discrétion exemplaire à la basse mais plus que jamais au fait des subtilités de son instrument complètent cette formation réduite, gage d’un résultat forcément plus light et coulant qu’ In Search Of The Miraculous. Moins ambitieux aussi, mais plutôt par un souci constant de simplicité, le trio délaissant les progressions spirituelles de cet authentique chef-d’oeuvre de jazz moderne au profit de morceaux en flux tendu dont les mélodies virevoltantes et les lignes de basse syncopées se teintent parfois d’influences latines voire un brin rétro.
Mais bien vite, ce sont les plages plus mélancoliques qui viennent à s’imposer, où Rob Burger parfois seul au piano (du titre éponyme donnant le ton en ouverture au poignant Our In-House Dostoevsky) laisse éclater son penchant pour les atmosphères de spleen cinématographique et même par moments pour un jazz plus soucieux si ce n’est angoissé. En témoignent le troublant The Search, puis cet inquiétant Suicidal Tendency carrément dissonant qui vient déjouer en milieu d’album les fausses impressions de facilité qui auraient pu s’installer entre-temps chez l’auditeur victime d’une première écoute distraite.
Car The Nobel Prizewinner, qu’on ne s’y méprenne pas au regard de son statut de commande ou de ses quelques variations obligatoires autour des thèmes centraux de l’oeuvre, est un album majeur dont l’hommage à Vince Guaraldi, influence prépondérante depuis Alhambra Love Songs, se double cette fois de superbes méditations à la Satie (cf. l’envoûtant Plagiarism, sommet mélodique de l’album). Une parfaite épure en somme dont la chaleureuse impression de facilité, si elle est bien l’apanage des plus grands, consacre définitivement John Zorn comme un virtuose de la composition jazz.
Souvent chroniqué dans nos pages au tournant de la décennie 2010 alors qu’il commençait à espacer les sorties radicales ou culturellement marquées (noise, metal expérimental, musique klezmer, etc.) au profit d’un jazz plus posé voire mélodique quoique souvent tout aussi aventureux, on avait quelque peu délaissé le compositeur américain ces dernières (...)
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