Keiji Haino - Black Blues

1. Black Petal (violent)
2. Black Eyes (violent)
3. Town In Black Frog (violent)
4. Don’t Want To Know (violent)
5. Drifting (violent)
6. See That My Grave Is Kept Clean (violent)
7. Black Petal (soft)
8. Black Eyes (soft)
9. Town In Black Frog (soft)
10. Don’t Want To Know (soft)
11. Drifting (soft)
12. See That My Grave Is Kept Clean (soft)

2024 - Room40

Sortie le : 2 août 2024

Keiji Haino en mode monomaniaque

Allez pour une fois chroniquons un disque à l’intention des plus masos que nous (il doit forcément y en avoir, en cherchant bien). Keiji Haino, on l’adore, attention... mais surtout dans le cadre de ses collaborations, que ce soit avec Jim O’Rourke & Oren Ambarchi, Sumac, Peter Brötzmann, Pan Sonic, Merzbow & Balázs Pándi, Zeitkratzer et tant d’autres, des gens en général tout aussi radicaux que lui, sinon plus. En solo par contre, c’est souvent... hum, plus compliqué, et ce double album d’il y a 20 ans réédité par le label australien Room40 ne déroge pas à la règle.

Personne pour le canaliser, le septuagénaire japonais est dans son trip et n’en démord pas. Deux fois six titres à l’origine publiés en deux volets par la défunte écurie française Les Disques Du Soleil Et De L’Acier ; la première série est sous-titrée "violent" et si le terme n’est pas forcément approprié, on a affaire à la facette la plus électrique et la plus écorchée du bonhomme, la plus jusqu’auboutiste aussi. C’est bien simple, on dirait que les 6 morceaux n’en font qu’un seul, interminable (il y en a d’ailleurs déjà pour près de 55 minutes). Pour vous donner une idée du mieux qu’on peut, on croirait entendre Bill Orcutt resté bloqué sur 3 accords pour mettre en son l’agonie d’un samouraï après un seppuku raté, les tripes entremêlées dans du fil barbelé. En gros ça beugle un espèce de blues torturé, décharné, aux variations plus que minimales sur fond de riffs dissonants et patraques. Mouais.

On en vient à s’interroger sur l’implication de Room40, label coutumier d’une ambient expérimentale des plus inspirées, et puis on se dit qu’il y a tout de même quelques liens avec la folk déglinguée d’un Mike Cooper, finalement, la richesse et la virtuosité en moins. Heureusement, la seconde face dite "soft" (soit en réalité les mêmes morceaux mais méconnaissables pour un non-japonophone), bien qu’encore plus longue d’un quart d’heure, ravivera un peu notre intérêt. Pour filer la métaphore nippone, le samouraï a vu la mort en face et l’accueille désormais avec apaisement. Guitare débranchée ou doucement réverbérée parfois très loin dans le background, chant béat et/où susurrée et espace laissé au silence, on se rapproche davantage de l’esprit analgésique d’une certaine forme d’ambient, à défaut du son. Cette seconde moitié de disque est par ailleurs (un peu) moins répétitive et gagne donc (légèrement) en consistance.

Pour résumer, on n’est pas fan, mais notre respect pour cet immense label et pour un artiste qui l’est tout autant n’en est pas le moins du monde amoindri. Il y aura bien parmi nos lecteurs un ou deux psychopathes adeptes des écoutes improbables voire douloureuses pour se régaler de l’exercice et rien que pour ça, il fallait bien qu’on vous en touche un mot. À vous les studios.


( RabbitInYourHeadlights )


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