Luneta Freedom Jazz Collective - Mga matang pumipikit sa langit

1. Mga matang pumipikit sa langit
2. Dambana ng muling pagkabuhay - Isang Pagtatanghal
3. Indak ng kasaysayan sa pagpikit
4. Kulay ng luha sa paglaya
5. Larong nagmula sa hukay, bulong ng mga diwang pumipigil
6. Ang itak ng kamalayan - Isang Ritual
7. Bughaw na patlang
8. Di-Makakamtang Kamatayan
9. Sa kapatagan ng liwanag
10. Himig ng Kalangitan at Gabing Hudyat ng Paglimos
11. Balikat ng Hangin
12. Kantil ng Pagkaligaw
13. Kulay ng hinaharap sa bulwagan ng nakaraan

2024 - Mahorka

Sortie le : 7 décembre 2024

Le jazz psychotropique et hanté d’un collectif philippin élevé à Ornette Coleman et Ennio Morricone

Seul label de l’univers connu dont la réussite dans l’éclectisme parvient à tutoyer - si ce n’est dépasser cette année, on en reparle d’ici la fin de la semaine - celle d’un Thrill Jockey, Mahorka aura brillé aussi bien en 2024 dans l’electronica, la drum’n’bass ou l’ambient que dans le post-rock, la dream-pop ou l’expérimentation bruitiste. Il ne manquait pour ainsi dire qu’un peu de jazz, c’est chose faite ces jours-ci avec un chef-d’oeuvre tardif qui manquera probablement à tous les tops albums du genre cette année, le 4e opus en un peu moins de 10 ans du crew philippin Luneta Freedom Jazz Collective.

Donnant suite à Slaves and Masters, leur première sortie pour l’écurie du Bulgare Ivo Petrov en 2021, Mga matang pumipikit sa langit (en gros "les yeux se referment sur le ciel" en Tagalog), le sextette dont l’univers se caractérise par un rapport primordial à la nature en retrouve plusieurs éléments singuliers : l’alternance de morceaux à la dynamique bien campée et d’autres plus destructurés sur fond de batterie en roue libre, une luxuriance à la fois presque lo-fi et assez vertigineuse dans son travail sur les textures, une atmosphère volontiers psychédélique et un saxophone évoquant par moments les explorations fiévreuses et schizophrènes d’Ornette Coleman (cf. par exemple Bughaw na patlang ou Balikat ng Hangin sur ce nouvel album).

D’emblée néanmoins, du fait des échos du passé que semble charrier ce même sax sur le morceau-titre, une impression presque hantologique à la The Caretaker se dégage du disque et ne le quittera plus (cf. Di-Makakamtang Kamatayan ou Himig ng Kalangitan at Gabing Hudyat ng Paglimos). Que ces réminiscences soient pastorales et d’influence traditionnelle (la flûte de Dambana ng muling pagkabuhay - Isang Pagtatanghal) ou se déploient sur une assise rythmique abstract plus actuelle (Indak ng kasaysayan sa pagpikit), elles viennent enrichir la dimension narrative d’un disque plus étoffé que le précédent, et qui n’hésite pas à s’échapper tantôt vers une cacophonie noise cauchemardée (Kulay ng hinaharap sa bulwagan ng nakaraan) ou vers une ambient aux choeurs fantomatiques (le morriconien Kulay ng luha sa paglaya), aux basses inquiétantes (Sa kapatagan ng liwanag, pas loin de Morricone là non plus mais plutôt du côté des BOs horrifiques pour Dario Argento) ou aux pianotages néoclassiques poussiéreux (Ang itak ng kamalayan - Isang Ritual).

À ce degré d’accaparante étrangeté, on n’est même plus dans le doomjazz, et autant vous dire qu’en dépit des quelques noms cités, aucune comparaison ne vient véritablement à l’esprit pour rendre justice à ce projet aussi méconnu que fascinant.


( RabbitInYourHeadlights )


Disques - 07.12.2024 par RabbitInYourHeadlights
 


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