Oren Ambarchi reconnecte avec l’ambient

Après Touch, Rune Grammofon, Editions Mego ou encore sa propre structure Black Truffle (deux fois !), c’est au tour de Kranky de servir d’étape à l’odyssée 2012 d’Oren Ambarchi, avec l’album Connected prévu pour le 22 octobre sur le label de Chicago.

L’occasion de revenir sur quelques "laissés pour compte" de ce parcours ouvert aux quatre vents, de l’indomptable In The Mouth - A Hand avec le trio free jazz suédois Fire !, au noisy et déstructuré Raga Ooty / The Nilgiri Plateau sorti cet été en catimini chez Bo Weavil et rendant hommage aux origines indiennes de la mère du musicien, sans oublier l’abstrait The Mortimer Trap, variation ultra-minimaliste et quelque peu ardue autour de la pièce For Bunita Marcus du pianiste contemporain Morton Feldman pour laquelle l’Australien s’est accoquiné avec le vétéran de la micro-électro d’outre-Rhin Thomas Brinkmann pour 77 minutes d’inframodulations cardiaques et lancinantes, ou encore le très "zornien" Imikuzushi aux jams sauvages et lunatiques enregistré live à Tokyo l’an dernier avec ses deux fidèles compères Jim O’Rourke et Keiji Haino.

Or, on le sait depuis l’indépassable Tima Formosa, le multi-instrumentiste de Sydney n’est jamais meilleur qu’en trio en compagnie de ce dernier, qu’il infuse avec parcimonie ses accords de guitare démiurgiques et autres drones saturés au son des vocalises mystiques du japonais et du piano inquiétant de Jim O’Rourke, ou maltraite comme sur Nazoranai ses fûts en roue libre au gré des basses sépulcrales de Stephen O’Malley aka Sunn O))). Une bonne raison de revenir sur les longues impros fantasmatiques et discordantes de ce live doomesque capté en 2011 à la Gaîté Lyrique et passé quelque peu inaperçu chez nous au milieu des Audience Of One et Sagittarian Domain (mis à l’honneur à juste titre dans notre bilan du mois d’août) qui auront eu le mérite d’ouvrir l’univers du soundscaper à des sphères plus rythmiques proches du post-punk et du krautrock, voire même à une certaine forme de pop pour la premier au point de lui valoir aujourd’hui les honneurs de Pitchfork ou The Fader.

Des expériences qui semblent d’ailleurs avoir marqué la collaboration avec son compatriote Robin Fox (entendu sur albums du côté de Room40 ou des Editions Mego) qui nous occupe ici, ou du moins son premier extrait hautement hypnotique dont les entrelacs de beats et percussions métronomiques se font néanmoins plus ambient au diapason des nappes dissonantes qui viennent insidieusement les irriguer jusqu’au déluge de bruit blanc :


Oui neuf minutes "seulement" et pourtant ce Standing Mandala sera bien le plus long des 5 morceaux constituant ce Connected, un peu court pourrait-on dire pour du Ambarchi cru 2012 mais vraisemblablement en adéquation avec les mouvements successifs du ballet contemporain du même nom mis en scène par le chorégraphe australien Gideon Obarzanek pour sa compagnie Chunky Move, visuellement au diapason des riffs imposants et poisseux qui suintent de ce second extrait :


Fan des deux musiciens, c’est lui qui aurait eu l’idée d’associer l’électronique mathématique du savant hirsute de Melbourne et les tonalités rampantes et amplifiées du guitariste, qui s’étaient déjà croisés à distance chez Taiga Records cette année le temps du live Wired Open Day 2009 - le premier ayant d’ailleurs largement contribué par le passé au succès critique de cette même compagnie avec la pièce Mortal Engine aux jeux de lumières impressionnants et le concours du grand Ben Frost.

News - 14.10.2012 par RabbitInYourHeadlights
 


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