Le streaming du jour #1845 : Sumie - ’Lost In Light’
En 2013, Sumie délivrait un premier album homonyme qui revendiquait un croisement d’influences entre sonorités scandinaves et musique folk japonaise. Et l’idée qu’un successeur puisse voir le jour est longtemps restée incertaine.
Sandra Sumie Nagano décrit en effet les choses de la manière suivante : "Mon premier album était très personnel et j’étais fière de le partager même si, bien que j’avais presque 40 ans à l’époque, je n’étais pas vraiment préparée à cela. Pour une personne calme comme moi, les conséquences ont été diverses, positives mais également négatives. Dans ces conditions, la réalisation d’un deuxième album était tout sauf évidente".
En plus de revêtir une force poétique certaine, le titre de l’album touche la vérité du bout des doigts. Lost In Light, telle semble être la phase par laquelle est passée l’artiste. Si ses compositions sont graciles et lumineuses, les guitares pincées épousant un piano, des arrangements de cordes frottées, une trompette et même quelques claviers, elles sont néanmoins animées d’une énergie proche du désespoir.
L’influence de Radiohead semble habiter quelques titres, à commencer par Night Rain dont certaines harmonies vocales rappellent Exit Music tandis que les vents ancrés dans le sol pourraient être un clin d’oeil à ceux du jazzy Life In A Glasshouse. Quelques intonations de Divine Wind évoquent par ailleurs Like Spinning Plates.
Pourtant, en plus de celle du Suédois Daniel Klevheden dont elle a traduit un poème en anglais pour inspirer les paroles de Divine Wind, ce sont les influences de David Bowie, Leonard Cohen et Ennio Morricone que revendique la fille d’un Japonais et d’une Suédoise.
Que l’on ne s’y méprenne pas, c’est néanmoins Melanie De Biasio, sa cadette de quelques années, qu’évoque le plus ouvertement Sumie sur Lost In Light. La comparaison est prégnante notamment sur un Frö ("Graines", en version française) où les arpèges doucereux et discrets d’une guitare en bois sont bientôt rejoints par quelques accords de piano puis un pont à base de violon pour soutenir admirablement une voix plus poignante que jamais, à la fois libre et partiellement cadenassée par l’indicible.
L’artiste qui a collaboré avec Library Tapes sur Cover Hearts et composé son premier LP avec Nils Frahm et Dustin O’Halloran n’oublie pas son attrait pour le néoclassique et propose un disque évoluant entre jazz minimaliste et pop à cordes hivernale hantée par une voix rappelant celle de Liz Fraser. Brillant et parfait pour accompagner les soirées glaciales de l’hiver.
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