Le streaming du jour #1219 : Vladislav Delay - ’Visa’
Presque transparent lors de sa participation au dernier Craig Armstrong, Vladislav Delay revient en solo dès lundi sur son propre label Ripatti - du nom de l’alias dont use le Finnois depuis quelques années pour ses sorties techno - avec un Visa pour l’inconnu, retrouvant le format de ses albums du tournant des années 2000 chez Mille Plateaux à l’orientation plus ambient tout en mettant à profit 15 années d’expérimentation électronique et jazz.
Si l’intérêt de l’ex Uusitalo pour une musique privilégiant les textures aux rythmiques n’a rien de nouveau, le voir enfin prendre la suite des longues pistes immersives et minimalistes de l’époque avec les abstractions fleuves de ce Visa tout en fréquences magnétiques de bourdons numériques vacillants et d’oscillations microglitch a quelque chose de rafraîchissant, d’autant plus à l’issue d’une paire de sorties aux beats martelés et déstructurés du côté de Raster-Noton (les célébrés Vantaa et Kuopio).
Désormais adepte d’un ambient-jazz déconstructiviste avec le Vladislav Delay Quartet (en compagnie notamment, aux machines, de l’ex Pan Sonic Mika Vainio) et d’une dubtronica impressionniste au sein du Moritz Von Oswald Trio, il faut dire que le Finlandais sait tirer le meilleur de ces diverses expériences en offrant à ses nouvelles compos une densité et une tension qui doivent autant au drone qu’aux pulsations analogiques semi-aléatoires d’un Keith Fullerton Whitman (vu en première partie de Moritz Von Oswald il y a quelques années, comme quoi tout se tient), improvisant sur une trame en flux tendu des entrelacs de nappes oniriques aux mutations insaisissables et cette fois totalement libérés des contrainte mélodiques, harmoniques ou rythmiques qui encadraient encore, même avec discrétion, les longues errances d’Ele en 99.
"Est-ce donc encore de la musique ?" questionneront les sceptiques. Eh bien oui, sans l’ombre d’un doute car si la déconstruction est de mise sur ces cinq pistes hypnotiques, jamais Visa ne cesse de s’adresser aux sens, qu’il de s’agisse de les bombarder de reliefs fugaces et contrastés sur un Visaton intrigant de plus de 23 minutes, de les piler menus sur Viaton et Viisari, de les désorienter au gré des pulsions fractionnées de Vihollinen ou de finalement les anesthésier sur Viimeinen, conclusion plus concise aux motifs ambient minimaux réitérés jusqu’au vertige.
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