Deux célébrations de l’ambivalence des limbes polaires et de leurs eaux au calme étrange dans le streaming d’aujourd’hui.

Passés par les rangs du label Glacial Movements avec Tele en 2012 après avoir fait les belles heures de 12k (dont le patron Taylor Deupree a aidé à modeler quelques-unes des sonorités de ce nouvel opus), les Norvégiens Rune Sagevik et Jostein Gjelsvik s’y connaissent pour laisser de l’espace aux respirations des étendues gelées comme en témoigne cette première sortie chez Dronarivm, écurie ambient moscovite que l’on ne présente plus. Associés à l’Anglais Christopher Pegg aka Sleep Orchestra, introduit au duo il y a quelques années par le regretté Juan Diego Burillo (fondateur de la radio ambient Störung née du festival du même nom, l’album lui est dédié), ils livrent avec Drowning In The Sky une vision quasi mythologique de l’isolationnisme polaire, marécages à demi gelés et purgatoires de givre résonnant de percussions mystiques et autres nappes liturgiques (accentuées sur un remix ténébreux à souhait de Christopher Bissonnette) qu’accompagnent sur le fabuleux Skdiv les échos pénétrants de la trompette de Kåre Nymark Jr.

A noter également la participation de Pleq, curateur du label, le temps d’un remix aux pulsations superbement impressionnistes :

Quant à Glacial Movements, il nous fait justement découvrir ce mois-ci l’univers du Berlinois Yair Elazar Glotman, instrumentiste et sound designer dont l’univers mêle fourmillements électroniques, nappes analogiques irréelles, field recordings craquelants et acoustique élégiaque (piano d’un autre temps et trémolos de cordes presque post-rock sur Sunken Anchor, contrebasse inquiétante sur Khaypudyr Bay...). Odes aux rives crevassées du Pôle Nord où l’eau et la glace naissent et meurent en permanence, Northern Gulfs s’inscrit pleinement dans la charte esthétique du label italien mais comme souvent avec Glacial Movements, la contemplation fascinée a tôt fait de tourner à la claustrophobie, et des rêveries scintillantes de High Tide ou Home Port aux errances presque angoissantes de Low Tide et Kara Sea la frontière est souvent aussi mince et fragile qu’une couche de glace sur l’océan arctique.